La polémique qui a secoué mardi la Chambre des représentants lors de l'ouverture de la session extraordinaire du Parlement a atteint la deuxième Chambre. «Pourquoi le gouvernement a-t-il décidé de convoquer une session extraordinaire alors que les textes de loi inscrits à l'ordre du jour de cette session ne revêtent aucun caractère d'urgence qui justifierait cette convocation?», s'interroge à l'instar de l'opposition à la première Chambre Mohamed Daidaa, coordinateur de l'opposition au niveau de la Chambre des conseillers. M. Daidaa ne manque pas de soulever une situation qu'il qualifie de paradoxale : «Alors que le gouvernement a appelé à la tenue d'une session extraordinaire au niveau des deux Chambres, les conseillers sont pratiquement au chômage technique, étant donné qu'ils n'ont toujours pas reçu les textes adoptés mardi à la première Chambre». Selon lui, le seul événement extraordinaire qui justifie l'ouverture d'une telle session à 10 jours avant la session du printemps c'est l'audition prévue aujourd'hui du discours du président français, François Hollande, qui a entamé mercredi une visite officielle de deux jours au Maroc. «Il s'agit là d'un discours politique symbolique qui met en valeur le haut niveau des relations entre les institutions de nos deux pays», commente M. Daidaa. Notons que l'opposition a aussi exprimé son étonnement quant à la tenue d'une session extraordinaire quelques jours seulement avant l'ouverture de la session ordinaire, et ce pour examiner, à côté des textes ne revêtant aucun caractère d'urgence, des projets de loi qui exigeront une période plus longue pouvant éventuellement dépasser une session. Elle reproche ainsi au gouvernement de s'être «arrogé l'exclusivité d'annoncer la tenue d'une séance extraordinaire» lorsqu'il a pris le décret en vertu duquel cette session est réunie. Pour sa part, la majorité souligne que le chef de l'Exécutif, en prenant le décret relatif à la tenue de cette session extraordinaire, n'avait nullement l'intention d'imposer un agenda particulier au Parlement ou lui contester le droit exclusif de légiférer, mais avait agi dans la logique de la collaboration recommandée entre les pouvoirs, conformément à l'article 1er de la Constitution qui insiste notamment sur la séparation, l'équilibre et la collaboration des pouvoirs.