Voix céleste, jeu mythique de Oud, mélodies transcendantes puisées de l'Orient, c'est ce à quoi le public du Jazzablanca a eu droit lundi 1er avril. Avec son talent singulier et sa présence hors normes, Dhafer Youssef a hypnotisé son audience en interprétant avec un quartet d'exception son répertoire envoûtant. Enivrante était la performance de Dhafer Youssef et son quartet universel qui a emporté le public dans un univers parallèle où seule la musique a le pouvoir de réunir convictions et visions différentes. Sur une scène implantée à l'hippodrome de Casablanca ont été interprétées avec une perfection inouïe les «ondes orientales», «Kafartou», «Khamsa» ou encore «Tarannoum» des morceaux à la fois jazzys, électriques et soufis. Ce grand artiste d'origine tunisienne a choisi de défendre dans son dernier album, en Rhapsody, les fameux textes du poète profane Abu Nawas qui a vécu au VIIIe siècle. Il n'avait pas de mal à afficher son homosexualité, son côté bon vivant et son attachement aux petits plaisirs de la vie. L'œuvre d'Abu Nawas le passionne et il décide donc de la mettre en œuvre de la plus belle des façons en s'entourant du pianiste Tigran Hamasyan, de Chris Jennings à la contrebasse et de Mark Guiliana à la batterie. Le trio l'ayant accompagné lors de sa performance au Jazzablanca était différent mais pas moins talentueux. Son Oud sous le bras, Dhafer accompagne son jeu d'une voix à puissance polyrythmique rare jonglant entre les rives mystiques du soufisme et les contrées intemporelles du jazz. Sa voix serait, incontestablement, l'une des plus intéressantes et singulières sur la scène artistique contemporaine. C'est à l'âge de dix ans qu'il entame sa carrière d'artiste en chantant à l'occasion de mariages dans son village natal Toulba en Tunisie. Il s'installe ensuite en Autriche, en France, aux Etats-Unis puis en Norvège où il s'est fait le plus connaître. Il y crée notamment son propre groupe avec lequel il enregistre 2 premiers albums en 1993 et en 1996.