Les munshides syriens Cheikh Habbouch, Mustapha Hilal, Ahmad Azrak et Safwan Adid ont donné vendredi soir à Fès un concert de Samaa qui a enchanté le nombreux public de Bab Al Makina. Ces «grandes voix d'Alep», qui se sont succédées sur scène, près de deux heures durant, ont charmé les spectateurs par cette prestation de chants et de musiques spirituels, venus tout droit de cette cité syrienne, un des berceaux du soufisme. Ibtihalat (improvisations vocales), Qacidates (chansons), Anashids et autres Mouwachahat ont été interprétés avec une grande maitrise et une profonde spiritualité qui ont amené les initiés vers l'extase et emporté l'auditoire. Cette avant dernière journée du Festival des musiques sacrées de Fès, ouvert le 4 juin, a également été marquée par le concert donné au Musée Batha par le Dhafer Youssef Quartet, venu de Tunisie. Dhafer Youssef, compositeur, chanteur et virtuose de l'Oud, a donné un concert où il rend hommage à Abou Nawass, (757 - 815) considéré comme l'un des poètes les plus brillants de langue arabe et qui s'est illustré à la cour bagdadie du sultan Haroun Arrachid. L'originalité du travail de Dhafer c'est qu'il a introduit dans son répertoire «musique Jazz et sonorités électro, (...) sans pour autant sacrifier l'essence de la tradition soufie» écrit la critique notant que l'artiste a « su conserver dans son interprétation ce sentiment de mélancolie ou subsiste la langueur due à l'absence de l'être aimé et ou est effleurée la notion de vacuité, chère au mysticisme oriental». Le festival dans la ville a ouvert la scène de Bab Boujloud au chanteur Hatim Ammour au moment ou a Ait Skato le groupe gadiri Ribab Fusion a chauffé le public avec son répertoire, mêlant sonorités traditionnelles et tonalités modernes, avant de céder la place à Abdelaziz Stati et son volcanique violon pour une chaude soirée de musique chaabi, bien de chez nous. Les adeptes de musique plus calme devaient prendre la direction de Fès lbali (ancien) et précisément Dar Tazi ou les adeptes de la Tarika Skallia ont animé une mystique veillée soufie.