Le harcèlement moral ne se résume pas aux agressions verbales de votre chef ou de vos collègues, la plupart des abus sont plus subtils. Il est important de distinguer dans ce sens entre ce qui est considéré comme du harcèlement moral au travail et ce qui ne l'est pas. Le harcèlement moral au travail se définit par une conduite abusive qui porte atteinte, par sa répétition et sa systématisation, à la dignité, ou à l'intégrité physique ou psychique d'une personne. Une conduite qui va dès lors mettre en péril l'emploi de cette personne ou dégrader le climat de travail. Il est important de différencier le harcèlement moral du stress, ou de l'agression ponctuelle, ou bien encore de mauvaises conditions de travail générales à l'entreprise. Ce harcèlement peut prendre forme de plusieurs scénarios. Les délais intenables et les accumulations de dossiers sont des cas fréquents de harcèlement moral au travail. Fixer les objectifs en cours d'année plutôt qu'en début est un grand classique. On s'assure de cette façon que le salarié n'ait aucune chance de les atteindre. Une autre technique consiste à fournir des objectifs flous pour multiplier les risques que le salarié fasse quelque chose de travers. En cas de harcèlement moral, les attaques sont le plus souvent individualisées. Elles visent une personne en particulier, et toujours la même. Ces attaques se répètent sans cesse et ne concernent généralement pas la qualité du travail de la personne harcelée, mais son intimité : c'est l'être qui est pris à partie, pas son savoir-faire. Enfin, «le propre du harcèlement moral, c'est qu'il n'y a pas deux interlocuteurs divisés par un conflit, il y a un dominant et un dominé, et surtout aucune raison objective à ce soudain déferlement de mépris, voire de haine», précise un employeur. Ce qu'il faut faire pour distinguer ce qui est harcèlement moral de ce qui ne l'est pas c'est comparer la situation avec un moment où tout se passait bien et analyser ce qui a changé. Si vous êtes le seul de la boîte à ne jamais avoir d'augmentation, de promotion ou de nouvelles responsabilités sans raisons valables, c'est un signal d'alerte. D'autres signaux peuvent être révélateurs également comme par exemple si vous disparaissez des envois d'e-mails collectifs, l'équipe dont vous êtes responsable reçoit ses instructions directement d'une autre source, vous disparaissez de l'organigramme de l'entreprise… Toutefois, la tâche la plus difficile serait de fournir des preuves tangibles que l'on a subi un harcèlement moral. Généralement, ces abus se font de manière verbale, chose qui complique le «comment prouver cela?». Ce qui est bon à savoir dans ce sens, c'est qu'un dossier médical attestant d'une dégradation de votre santé à cause de cet abus moral et les attestations des collègues sont des preuves royales. Ici encore, comment prouver que si notre santé est en mal, c'est essentiellement dû au harcèlement dont on est victime au travail? Pour ce qui est des collègues, encore faut-il les convaincre. Ils ne sont pas forcément complices et parfois, n'ont aucun intérêt à intervenir. Recourir à d'autres preuves encore plus sûres est recommandé. «Conservez les e-mails, courriers et même SMS incriminants. Vous pouvez même aller jusqu'à enregistrer le harceleur à son insu», note les spécialistes avant d'ajouter que cette dernière pratique est valable au pénal, pas devant les Prud'hommes.