ALM : Qu'est-ce que vous a inspirée le thème de votre dernier court-métrage «Zohar»? Asma El Mouttaki : Je me suis inspirée de quelque chose de réel, qui m'est arrivé il y a quelques années. Mon frère et moi, avons rencontré, en Martinique, un juif d'origine marocaine. Il en a profité pour nous demandait de lui traduire une berceuse en dialecte marocain. Il était ainsi content de comprendre, enfin, et plus de trente ans après, le sens des paroles de cette berceuse que sa grand-mère lui chantait quand il était petit. De son côté, il nous a aidé à intégrer l'école d'ingénierie à Paris. Alors qu'il était très difficile à l'époque, particulièrement après les attentats du 11 septembre 2001, pour les jeunes arabo-musulmans de poursuivre leurs études supérieures en France. Est-ce que «Zohar» a participé dans d'autres festivals, outre que celui de Tanger ? « Zohar » est sorti il y a trois mois. Ce film a eu le prix du public lors du dernier festival du court-métrage marocain à Rabat. Il a été sélectionné en compétition officielle au cours du Festival national de Tanger. Je suis fière de l'accueil que le public lui a réservé lors de sa projection, et ce dans le cadre du Festival national du film de Tanger. Est-ce que vous allez vous orienter vers les thèmes d'identité et d'émigration ? Après mes études d'ingénierie en France, J'ai vécu quatre ans au Liban, et ce pour pouvoir poursuivre mes études cinématographiques. En plus, je voyage beaucoup. Ce qui me permet de rencontrer beaucoup de Marocains. D'aucuns me racontent leurs histoires et me proposent de les transmettre sur le grand écran. Je pense que ce genre d'histoires se ressemble en quelque sorte et tend généralement vers l'identité et le retour aux origines. Comment avez-vous découvert votre passion pour le cinéma ? J'ai hérité mon amour pour le cinéma de mon père, qui est un grand cinéphile. Il adore regarder les films western. Nous disposons d'un mini-projecteur de cinéma à la maison. Je me rappelle d'en avoir été, pendant mon enfance, très éblouie. J'étais très attachée à ce mini-projecteur, qui me faisait déjà vivre dans l'univers magique du cinéma. C'est pourquoi j'ai décidé des années après de poursuivre des études cinématographiques. Ne trouvez-vous pas bizarre d'abandonner vos études d'ingénierie pour vous lancez dans celles du cinéma ? J'ai menti à mes parents pour aller faire mes études du cinéma au Liban. Je leur ai dit que j'allais m'inscrire en master là-bas. Ils n'ont pu découvrir mon secret qu'en ma deuxième année d'études. Mon père m'a prévenu que si je ratais une seule matière, je devrais rentrer au Maroc. Il n'a depuis jamais vu aucun de mes films. Mais mon dernier court-métrage «Zohar» a pu lui changer d'avis. Il m'a dit qu'il était fier de moi et qu'il me soutenait dans ma carrière d'artiste. Et qu'il regrette le fait de ne m'avoir pas encouragé de faire le cinéma depuis le début. Je suis ravie d'avoir pu impressionner mon père, le grand diplomate et le premier homme de ma vie.