Même s'il n'est pas encore sorti au Maroc, sa notoriété le précède. C'est «Les Chevaux de Dieu», dernier film du réalisateur Nabil Ayouch, chaleureusement applaudi dans les grands festivals internationaux, qui arrive sur les grands écrans des salles obscures à partir du 6 février prochain. Fidèle à ses préoccupations sociales et politiques, Nabil Ayouch s'est inspiré du roman «Les étoiles de Sidi Moumen» de l'écrivain et artiste Mahi Binebine qui relate les événements du 16 mai 2003 à Casablanca. Il met en scène le parcours de quelques gamins issus des bidonvilles de Sidi Moumen pour tenter de comprendre comment des jeunes ont pu basculer dans le fanatisme religieux. Certains critiques du cinéma considèrent que le drame et l'idée sont bien structurés et la réalisation et la technique sont assez forts. «Cependant, la difficulté réside dans le traitement réservé par le réalisateur à une idée déjà connue. Et je dirais que le réalisateur a bien réussi ce traitement, chose qui s'est manifestée à travers le scénario jalonné par tant d'explications qui sont certes intégrées pour expliciter les faits au public étranger», avait indiqué à ALM Omar Belkhemmar, critique de cinéma marocain. «Les Chevaux de Dieu» est un travail de longue haleine. Avant de commencer à tourner, Nabil Ayouch s'est longuement renseigné. Il y a une part d'observation sur le terrain, il a aussi parlé avec des gens qui ont connu les kamikazes ou qui ont été témoins de ces événements. Le réalisateur fait jouer des acteurs originaires du bidonville de Sidi Moumen non professionnels. Le film relate l'histoire de Yassine et son grand frère Hamid, condamné à la prison pour avoir défié une personnalité locale, convaincu d'avoir trouvé la voie, il entraîne dans son sillage son jeune frère et ses amis d'enfance. «Mon envie était de raconter dans ce film la complexité des raisons qui font qu'à un moment, un gamin de 10 ans, au fur et à mesure que son histoire se déroule, peut en arriver à devenir kamikaze et à se faire sauter au milieu de victimes innocentes. Il n'y a pas qu'une raison», avait expliqué le cinéaste marocain à la chaîne RTBF. Après «Mektoub», son premier long métrage réalisé en 1997, «Ali Zaoua, prince de la rue», «Whatever Lola Wants», le documentaire «My Land», s'ajoute «Les chevaux de Dieu» au répertoire des films réussis de ce réalisateur qui avait raflé plusieurs prix, dont le Prix François Chalet à Cannes, ainsi que le Griffoni Film Festival à Naples.