Le Maroc, à l'instar du reste de la communauté internationale, célèbre, ce lundi 17 juin, la Journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse, l'occasion de rappeler l'urgence d'une gestion durable des terres, ressource la plus précieuse de l'humanité. En effet, l'impact de ces phénomènes est tel que, chaque seconde, l'équivalent de quatre terrains de football de terres saines se dégradent à travers le monde, soit l'équivalent de 100 millions d'hectares par an. La désertification, la dégradation des sols et la sécheresse relèvent donc des défis environnementaux les plus alarmants de notre époque, avec près de 40% de la surface terrestre mondiale déjà considérée comme dégradée. L'ampleur de ces phénomènes contribue considérablement à l'effondrement de la biodiversité, d'où la nécessité d'une gestion durable des terres et du développement des ressources forestières. Placée sous le thème "Unis pour les terres : Notre héritage, notre avenir", la Journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse est axée cette année sur l'avenir de la gestion des terres et vise à mobiliser toutes les composantes de la société pour en assurer une gestion durable. La célébration de cette Journée est également l'occasion de mettre en lumière l'importance d'impliquer les générations actuelles et futures pour arrêter et inverser les tendances alarmantes et atteindre les engagements mondiaux visant à restaurer 1 milliard d'hectares de terres dégradées d'ici à 2030. A cet effet, le Secrétaire exécutif de la Convention des Nations-Unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD), Ibrahim Thiaw, a fait savoir que "jusqu'à 40 % des terres de la planète sont déjà dégradées, affectant presque la moitié de l'humanité. Pourtant, des solutions existent". Il s'agit notamment de la restauration des terres qui permet aux populations de sortir de la pauvreté et de renforcer la résistance aux changements climatiques, a-t-il relevé, notant qu'"il est temps de s'unir pour les terres et de brandir un carton rouge à la perte et à la dégradation des terres dans le monde". Au Maroc, la désertification, accentuée par le changement climatique, pèse lourdement sur la biodiversité locale. Conscient des risques de ce phénomène et de ses répercussions environnementales et socio-économiques, le Royaume a été parmi les premiers signataires de la Convention des Nations-Unies sur la lutte contre la désertification, ratifiée en 1996, et a adopté en 2001 un Plan d'action national de lutte contre la désertification. Approché par la MAP à ce sujet, l'expert en changement climatique et décarbonation, Yassine Zegzouti a expliqué que le Maroc, à l'instar des autres pays du Maghreb, est situé dans un contexte semi-aride à aride, ce qui en fait un pays avec des précipitations faibles entraînant une sécheresse persistante qui s'installe durablement. L'impact de cette situation a été particulièrement visible à plusieurs niveaux, en commençant par celui des réserves des barrages qui n'atteignaient que 31,79% au 3 avril 2024, affectant directement l'approvisionnement en eau des grands périmètres irrigués, a-t-il relevé. Et de noter que la gestion de cette sécheresse est complexe, notamment en raison des externalités, comme les changements climatiques et les turbulences géopolitiques, qui amplifient le phénomène climatique et ses impacts. Malgré ces défis, a-t-il poursuivi, le Maroc a réussi à surmonter cette situation alarmante qui met en péril la sécurité alimentaire de plusieurs pays de la région. Dans ce sens, l'expert a relevé qu'en dépit d'une sécheresse persistante ces six dernières années, le Maroc a réussi, grâce à la conduite éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, à assurer sa sécurité alimentaire, rappelant que le Souverain a toujours placé la sécurité alimentaire au cœur des priorités stratégiques du Royaume. Pour ce qui est des solutions à adopter, M. Zegzouti a souligné que le Maroc, en tant qu'acteur actif de la communauté internationale, s'est engagé de longue date dans des mesures d'atténuation et d'adaptation pour limiter les effets du changement climatique, notamment en ce qui concerne la désertification. De même, le Maroc s'est engagé à mettre en œuvre les 17 objectifs de développement durable (ODD) des Nations-Unies, notamment ceux relatifs à la gestion des sécheresses. Pour lui, ces stratégies et objectifs nécessitent d'être déclinés au niveau local et régional et doivent être intégrés dans les plans d'action communaux ainsi que dans les plans de développement des régions. Et d'ajouter que cette intégration donnera lieu à plusieurs stratégies et projets appelant à des mesures favorables à la lutte contre la sécheresse, comme la rationalisation et l'optimisation de la consommation d'eau. Une déclinaison à l'échelle locale permettra également de sensibiliser les agriculteurs aux bonnes pratiques agricoles qui peuvent réduire la consommation d'eau, en leur montrant des techniques de recyclage et de réutilisation de l'eau, ainsi que les types de cultures qui nécessitent moins d'eau et celles qui peuvent résister à la sécheresse, a-t-il fait observer. Officiellement proclamée par l'Assemblée générale des Nations-Unies en 1994, la célébration de la Journée mondiale de lutte contre la désertification et la sécheresse vise à sensibiliser le public aux problèmes liés à la désertification, à la dégradation des terres et à la sécheresse, à mettre en avant des solutions mises en œuvre par l'Homme pour prévenir la désertification et inverser la tendance à l'intensification de la sécheresse, et à renforcer la mise en œuvre de la Convention des Nations-Unies sur la lutte contre la désertification. source : map