La Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale vient de décider de n'acheter les princeps, qu'en cas d'absence de génériques correspondants. La décision prise par le gestionnaire de l'Assurance maladie obligatoire pour le secteur public drainera un manque à gagner colossal pour l'industrie pharmaceutique dont le chiffre d'affaires provient de la fabrication des princeps. La décision de la CNOPS est justifiée par un argumentaire solide et a pour objectif de pérenniser cet organisme qui fait face à des remboursements rendus plus lourds par le poids du médicament dans les dossiers traités (60 à 70%), alors que ce rapport est de 20% dans des pays comparables. Le Directeur général de la CNOPS milite également pour une baisse des marges bénéficiaires des grossistes et des pharmaciens, qui sont respectivement de 10 et 30%. Abdelaziz Adnane estime que les multinationales et les pharmaciens doivent revoir leurs copies et changer de stratégie afin que le citoyen soit le moins possible pénalisé par la politique des prix des médicaments. Une revendication qui relève des prérogatives du Ministère de la Santé. Yasmina Baddou avait jugé excessifs les prix des médicaments au Maroc. Des négociations sont en cours pour redresser le déséquilibre qui risque de porter un coup de massue aux caisses de prévoyance sociale, notamment la CNOPS qui est acculée à rationaliser ses charges. Car, pour sa pharmacie, elle achète, annuellement pour 450 millions de dirhams, dont 70% de princeps. La réduction draconienne des dépenses pour ces derniers médicaments aura une incidence significative sur le chiffre d'affaires des multinationales du médicament. Et pour faire face à ce manque à gagner, les laboratoires pharmaceutiques pourront s'investir dans le générique, qui, si l'on prend en compte la logique du grand nombre, peut se révéler une niche porteuse. D'ailleurs, le Maroc qui produit 80% de ses médicaments a besoin de l'apport des grandes sociétés, regroupées au sein de l'AMIP, pour atteindre l'autosuffisance médicamenteuse. Ce développement permettra non seulement de garder le fort potentiel humain employé dans le secteur mais aussi de le faire évoluer. C'est un excellent challenge pour les opérateurs du médicament.