Une fois adoptée, avec une large majorité, la nouvelle Constitution commence déjà à produire ses premiers effets. Le premier d'entre eux, qui était prévisible au courant même de la campagne référendaire, est le fait de précipiter le calendrier électoral des prochaines législatives. Le terme normal de l'actuelle configuration législative était fixé au mois de juin 2012. Maintenant que la nouvelle Constitution prévoit de grands chamboulements au niveau du paysage institutionnel avec une nouvelle logique de répartition des pouvoirs, en plus de la création de nouvelles structures à caractère constitutionnel, il s'avère quasiment impossible de garder les structures actuelles et attendre le terme de juin 2012. Cela tombe bien entendu sous le sens. Le dernier conseil de gouvernement avait d'ailleurs discuté du sujet et le Porte-parole du gouvernement, Khalid Naciri, a tenu à rappeler que pour l'heure il n'y avait pas de date précise pour l'organisation de législatives anticipées. Il a affirmé que cette décision sera tranchée dans le cadre de larges concertations entre les différentes formations politiques. Dans les arcanes du milieu politique, des échos se font entendre mettant en place diverses hypothèses. Il y a ceux qui critiquent cette tendance à « la précipitation », surtout que le temps imparti ne pourra pas suffire à présenter un personnel politique rénové ni répondre aux exigences de couverture du maximum de circonscriptions électorales. D'autres rappellent que le texte de la nouvelle Constitution prévoit un nombre important de lois organiques et de textes réglementaires qui demandent du temps pour leur élaboration et leur validation une fois mis dans le circuit. Autres difficultés qui se dressent en face de l'option de tout faire au maximum avant le « 1er vendredi du mois d'octobre », date d'ouverture par le Souverain de l'année législative comme le prévoit la Constitution, le temps matériel qui semble trop juste pour l'animation et l'organisation d'une campagne électorale foncièrement différente des précédente. Cependant, le PPS a déjà pris une option sur l'avenir en renouvelant son appel à la mobilisation sous le slogan « les portes du PPS sont ouvertes » durant cette période estivale, juste avant la rentrée politique. Il s'agit bien évidement d'une initiative qui souhaite capitaliser sur le sentiment de mobilisation des citoyens qui a vu le jour à l'occasion du référendum populaire pour la nouvelle Constitution. C'est un appel lancé particulièrement à l'adresse de la jeunesse qui a su montrer qu'elle ne se désintéresse pas de la chose politique et qu'elle souhaitait contribuer à l'animation de la vie politique du pays. Les autres formations politiques n'ont jusqu'à présent donné aucun signe concernant leur position par rapport à cette question de calendrier électoral. Ils devront, certainement, se prononcer en fonction des concertations en cours comme l'a précisé le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement. Si l'on retient l'hypothèse de l'organisation d'élections législatives avant début Octobre prochain, cela donne effectivement très peu de marge de manœuvre en termes de renouvellement des élites politiques qui devront siéger au sein du prochain Parlement doté de nouvelles prérogatives. Cette option aura également des conséquences certaines sur la future majorité qui devra constituer le prochain gouvernement. Mais l'hypothèse la plus improbable est que l'on puisse aller vers un ajournement de cet agenda qui s'impose par la force des choses. Les impératifs de construction d'une configuration institutionnelle, en phase avec les dispositions de la nouvelle Constitution, confortent largement ce choix.