La lutte contre la corruption ne peut plus se payer de mots, ont unanimement convenu les participants au dialogue multipartite organisé sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI à Rabat. Réunis à l'initiative du ministère de la Modernisation des secteurs publics, assisté de l'OCDE, du PNUD et de l'Office des Nations-Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), des représentants de divers pays et continents se sont penchés sur la suite à donner à leurs engagements en matière de lutte contre la corruption. Leader de la région Mena dans le domaine - aux dires même des responsables onusiens présents -, le Maroc a tenu avec cette nouvelle conférence à affirmer sa volonté d'éradiquer ce que la réalité des faits a «placé aux premiers rangs des ennemis déclarés de la démocratie, de l'efficacité économique et de la gouvernance». En fait, il ne s'agit rien de moins pour ce nouveau conclave, que de passer des engagements à l'action. Objectif dont rend compte non seulement l'intitulé de la réunion qui parle de passage à l'acte pour assurer la transparence, la participation et la prééminence du droit, mais également en ce qui concerne le Maroc, la présence à la séance inaugurale du Premier ministre et de plusieurs membres du gouvernement. Dans son allocution d'ouverture, Abbas El Fassi a dit cette importance en plaçant la lutte contre la corruption dans le cadre général de la moralisation publique dont il a rappelé des étapes en dressant un tableau succint de l'institutionnalisation de la vie publique et des progrès accomplis vers l'Etat de droit. CES, instance de lutte contre la corruption, Conseil de la concurrence, CNDH, institution du Médiateur… pour le Premier ministre, ces réalisations qui disent l'engagement du Maroc à moderniser et à moraliser la gestion des affaires publiques constituent un processus continu qui nécessite des efforts permanents. Ce qui l'a amené à annoncer un projet de réforme de la passation des marchés publics et à souligner l'objectif de transparence de l'informatisation des procédures administratives. Le ministre de la modernisation des secteurs publics a dit cette même volonté en relevant que la réalité est loin de suggérer les principes qui ont été convenus. Il faut donc passer à la concrétisation des engagements au plus tôt. Il a ainsi dit l'engagement du Maroc à le faire parce que telle est la volonté de son Roi, de son peuple et de son gouvernement. Il a déclaré que cette action qui concerne toute la société se fera avec la participation de toutes les composantes de cette même société, car a-t-il ajouté, les effets de la corruption sont tout autant néfastes sur la vie publique que sur l'économie ou la vie sociale. Saad Alami a annoncé par ailleurs que le dialogue de Rabat a pour but de dresser une feuille de route pour la 4ème conférence des pays de la convention de l'ONU pour la lutte contre la corruption qui doit se tenir à Marrakech en octobre prochain avec la participation de 156 pays signataires. Les représentants de l'OCDE, du PNUD et de l'ONUDC ont également dit l'urgence à traduire dans les faits les engagements pris. Il y a un avant et un après 2011, ont –ils déclaré et il faut d'autant plus agir rapidement que la lutte contre la corruption a quitté les aréopages des experts pour se transformer en revendication des masses. Revendication rationnelle, sinon légitime puisque dans le seul domaine de la santé, la corruption coûte 5% des dépenses mondiales tandis qu'elle enchérit la construction des infrastructures d'eau de 20 à 30%. Ce qui donne pour ces deux seuls secteurs : 260 milliards de dollars pour la santé et au minimum 9 milliards pour l'eau.