La nation arabe est en mouvement en ce printemps de 2011. Peut-être, cette forte et globale impulsion de la société civile dans le monde arabe restera à jamais gravée sur la mémoire collective comme étant un point d'inflexion pour le devenir des peuples de la région arabe, restée à l'écart des grands changements qu'ont connus les différentes régions du monde. L'inertie des intellectuels, l'arrogance des régimes absolutistes et dictatoriaux et les dures conditions de vie des grandes masses populaires auraient eu leur part de responsabilité. Cependant, l'avènement des nouvelles technologies a offert l'opportunité à la jeunesse arabe de revendiquer sa parcelle de revendication pour pouvoir se démarquer du marasme auquel est soumis le monde arabe. Cette nouvelle donne politique constitue la pierre de touche du 10 ème forum arabe de l'information, qui se tient à Dubaï (Emirats Arabes Unis), mardi et mercredi. Le choix de la thématique est opportun puisque cette rencontre va se concentrer sur l'analyse du rôle des « médias arabes et les tempêtes de changement ». Il s'agit d'un titre à connotation politique que les organisateurs ont voulu convertir en un slogan du forum. Pour cela, plus de 350 participants (rédacteurs en chef, analystes et commentateurs, académiciens, sociologues, chercheurs) ont eu l'occasion de repasser les grands changements que subit quotidiennement le monde de la communication, le rôle des réseaux sociaux dans la mobilisation des masses et la diffusion de messages de contestation. Le forum a eu le mérite d'introduire la recherche comme élément essentiel dans la compréhension des changements que vivent les sociétés arabes puisque 15% des participants exercent dans l'étude de l'opinion publique et des relations publiques. Au total, six séances et trois ateliers de travaux vont permettre aux intervenants, chercheurs, académiciens et étudiants d'étudier les incidences des réseaux sociaux, désormais dénommées « révoltes électroniques » dans le monde arabe, le contenu de l'information avec ses deux dimensions proche et dynamique, la « nouvelle fenêtre par laquelle entrent les tempêtes du changement», la «fin de l'étape du confidentiel» (ou notes d'information), «l'image de l'arabe après les révolutions populaires», «les arabes entre les défis du changement politique et les transformations du monde de la communication». Comme cas pratiques, sont soumis à débat «les médias égyptiens après le 25 janvier» et ceux de la Jordanie. Le forum a la gageure de démontrer si les médias arabes sont-ils mieux préparés pour suivre le rythme des changements que vit la nation arabe dans sa globalité, et si les organes officiels de presse sont-ils en mesure de recouvrer leur crédibilité auprès de l'opinion publique. En somme, le forum intervient en un moment où toutes les catégories sociales dans le monde arabe aspirent à rompre avec les usages du passé, la langue de bois qui prédomine aux médias officiels et les semi-vérités lorsqu'il s'agit de traiter de décisions cruciales prises par les gouvernements. Au niveau de la contestation de la rue, les jeunes aspirent de leur côté à s'exprimer en dehors des traditionnels médias de masse à travers leur propre tribune via les nouvelles technologies. Il s'agit en fin de compte d'une révolution contre la perception orthodoxe du leadership de la communication qui passe désormais des mains des politiques aux animateurs anonymes des réseaux sociaux. La jeunesse arabe a su comment exploiter cette «petite fenêtre» pour faire entendre sa voix, exprimer sa grogne et déranger les gouvernements par ses critiques mais aussi par la revendication d'une société juste, démocratique et saine.