Le FC Barcelone a gagné le premier round du «super classico» en battant sur un score de deux buts à zéro le Real Madrid aux demi –finales de la Champion´s League. Le match, disputé mercredi soir au Santiago Bernabeu de Madrid, n'a pas failli aux expectatives du public qui l'avait suivi en direct et des centaines de millions de téléspectateurs de par le monde. Il a divisé la société espagnole, les commentateurs sportifs et joueurs des deux clubs sur la manière avec laquelle il s'est terminé. En outre, il sera retenu dans les annales du football comme une leçon de stratégie et de tactique pour le fait que les deux grands clubs avaient évolué selon deux conceptions de jeu différentes. Comme tout match décisif, les deux équipes avaient dès le début pris la précaution de limiter les mouvements de l'adversaire, jouer avec une défense avancée et penser au match retour. Le Real Madrid, aux commandes de José Mourinho, était euphorique. La presse l'avait plébiscité favori pour avoir remporté la Coupe du roi aux dépens du Barça, il y a une semaine. Il disposait du meilleur ensemble et d'une pléiade d'attaquants de réserve qui chauffe le banc de touche. Le Barça s'est présenté sans sa défense idéale, sans Iniesta, son éminence grise au milieu du terrain, et en basse forme physique. Dans ces circonstances, le match devait se décider au plan tactique avec des pronostics favorables aux «blancs». Comment le Real Madrid a perdu le match et comment le Barça l'avait remporté? Mourinho, conscient de la supériorité technique des catalans, a réédité la même stratégie qui lui avait apporté de bons résultats lors des deux précédents classico (match retour de la Liga et Coupe). Il a opté pour le réaménagement de son ensemble en plaçant Pepé (défenseur central) comme pivot et ange gardien de Messi. Pepé a eu pour mission de disputer toutes les balles au milieu du terrain, avorter les triangulations entre Xavi, Messi et Busquet, et, servir à Cristiano Ronaldo les balles récupérées. Pepé s'est converti, en l'espace de trois matchs, en une pièce maîtresse dans la stratégie de Mourinho. Le Real Madrid a surpris, mercredi, par son alineation, sa tactique et le comportement de certains de ses joueurs. Au plan tactique, Mourinho a recouru à une stratégie tirée de son manuel qui est basée sur la défense à quatre et une ligne d'attaque sans pointe où les avants-centres devaient exceller dans la contre-attaque. Au fil des minutes, en première mi-temps, tout paraissait indiquer que le Real Madrid comptait, sans courir de risque, capitaliser au maximum toute erreur que pourrait commettre la défense du Barça et le tir des coups de pied arrêtés à quelques mètres des bois gardés par Victor Valdés. Cette tactique avait donné ses fruits lors des deux derniers chocs (33 ème journée de la Liga et finale de la Coupe). Josep Guardiola, le coach catalan, qui avait appris la leçon, décida d'avancer la défense en accentuant les incursions par le milieu du milieu, à la fois, pour obliger le Real Madrid à concentrer plus de joueurs dans la défense et créer davantage d'espaces devant les deux ailiers, Villa et Alves. Faute de passeur de balles, Ronaldo était isolé dans le camp adverse. A la fin de la première mi-temps, la moyenne de possession de balle était de 79% en faveur du Barça. En deuxième mi-temps, le même scénario s'est maintenu mais Mourinho a renforcé davantage la pression sur le milieu du terrain adverse. Un nul en match aller serait un résultat peu rentable pour affronter, le 3 mai prochain, le Barça au Nou Camp. Dans un excès d'agressivité, Pepé, le joueur clé du Real Madrid, a été expulsé et la partie a pris un nouveau tournant. Sur un débordement dans la surface de réparation, Afellay sert une passe mortelle à Messi qui bâtît Iker Casillas (76 ème minute). A la 87 ème minute, le même joueur a trompé la vigilante de quatre défenseurs avant d'inscrire son deuxième but. Le Real Madrid est contraint de revoir tous ses calculs et son manuel de stratégie. Il jouera sans Pepé ni Ramos au Nou Camp, le 3 mai. D'ailleurs Mourinho l'a reconnu, lors d'une conférence de presse, que son équipe n'a plus de chance de jouer la finale.