Jusqu'où peut-on aller pour réformer le Code de la presse actuel ? Apparemment, les dès sont déjà jetés et le débat fait encore une fois surface après hibernation. Le contexte politique et les changements que connaît le monde arabe y sont sans doute pour quelque chose. Mais, l'essentiel pour les acteurs du champ médiatique est d'aller de l'avant et entamer des changements en profondeur, notamment en ce qui concerne les articles relatifs aux peines privatives de liberté pour des délits d'opinion. En attendant, les propos du ministre de la Communication, Khalid Naciri, laissent prévoir une véritable volonté auprès de l'Etat pour s'attaquer à ce chantier. Naciri admet qu'il y a eu ces dernières années «une pratique qui s'est caractérisée par des avancées et des reculs de part et d'autre », tout en soulignant que « le gouvernement a été obligé de se défendre face à une dérive déontologique et politique dont toute la presse reconnaît l'existence ». Inscrivant son action dans une approche pragmatique, orientée vers l'avenir, le ministre a insisté sur la nécessité d'instaurer un climat positif pour mener à bien les discussions. « Je ne veux pas que nous reprenions la discussion dans un contexte crispé dans lequel on s'adresse des accusations ou des remontrances, les uns contre les autres. », martèle-t-il. Et la finalité pour Khalid Naciri, «est de parvenir à une nouvelle construction dans laquelle tout le monde peut se reconnaître». Ainsi, il lance un appel aux syndicalistes, professionnels, défenseurs des droits de l'Homme et aux différentes institutions concernées à y prendre part à ce chantier afin d'émettre leurs propositions. Pour Khalid Naciri, «le passé est passé. Tout le monde sait de quoi il est constitué, tout le monde sait quelles en sont les raisons», souligne-t-il. Abondant dans la même logique, le ministre de la communication n'y va pas par quatre chemins, il met l'accent sur l'esprit positif de tous les acteurs, condition sine qua non pour la construction d'un nouveau partenariat. Il n'en demeure pas moins que le Code de la presse en vigueur fait l'objet de diverses controverses, en particulier les peines privatives de liberté. Là aussi, le ministre affiche la disposition de son département d'aborder toutes les questions relatives à ce sujet. Mais, ce qui importe pour lui pour l'heure, c'est d'inscrire tous les efforts dans le référentiel de la réforme enclenchée par le discours royal du 9 mars. En d'autres termes, instaurer les jalons «d'une approche démocratique conforme aux grands standards internationaux, tout en préservant un exercice sain de la profession», affirme le ministre, membre du BP du PPS. Même son de cloche chez le président du SNPM. Younès Moujahid qui appelle à ce que le prochain Code de la presse, soit conforme aux principes des droits universels. En fait, le texte régissant la profession de la presse doit être rédigé d'une manière claire, élargissant les droits de liberté de la presse, et sans susciter d'autres interprétations quelconques, indique Moujahid. De son côté, le président de la FMEJ, Khalil Hachimi, manifeste un brin d'optimisme. «Nous sommes en train de vivre une dynamique nouvelle sur le fond d'un large débat national sur les futures réformes devant façonner la prochaine Constitution du pays». Pour le patron de la FMEJ, la raison recommande aujourd'hui, à faire preuve «de plus d'ambitions en vue de doter le pays d'institutions médiatiques à la hauteur de la nouvelle Constitution». Il estime que malgré les bonnes intentions et le nouveau contexte dans lequel ce débat est appelé à évoluer, après le discours royal du 9 mars, il n'y a qu'un seul handicap devant ce volontarisme déferlant, celui de «faire vite». Lire en page 2