Les protestations gagnent différents secteurs d'activité en Algérie avec une montée en force des revendications matérielles et socioprofessionnelles.Médecins-résidents, médecins internes, gardes communaux, étudiants, greffiers, journalistes, agents de la société de distribution de l'électricité et du gaz “Sonelgaz”, victimes du terrorisme et chômeurs multiplient les mouvements de contestation pour faire aboutir leurs revendications. En grève illimitée depuis plus d'un mois, les médecins-résidents poursuivent ce mardi leur mouvement tout en réitérant leur mobilisation jusqu'à la satisfaction de leurs revendications en particulier la suppression du service civil. Reçus mardi au ministère algérien de la Santé pour des négociations avec la tutelle, les délégués des médecins-résidents s'attachent toujours à leur plate-forme de revendications. “Nous serons à l'écoute durant ces réunions et nous tenterons de défendre notre plateforme, mais la grève illimitée continue tant que nos revendications ne seront pas satisfaites”, affirme le docteur Benhabib, un des porte-parole du collectif des médecins résidents cité par des médias locaux. La grogne s'est étendue également aux médecins internes qui rejoignent le mouvement de contestation qui paralyse le secteur de la Santé en Algérie en observant à partir de ce mardi une grève de deux jours et envisage de durcir leur action au cas où leurs doléances ne seront pas prises en charge. De leur côté, les gardes communaux algériens poursuivent leur sit-in de protestation à la place des Martyrs au centre de la capitale Alger, en dépit de la menace de leur révocation par le ministère de l'Intérieur. Ce corps paramilitaire ayant appuyé les forces de sécurité algériennes dans la lutte contre le terrorisme, réclame l'augmentation des salaires avec effet rétroactif à partir de 2008, l'octroi d'une retraite anticipée avec des indemnités matérielles et morales, en cas de dissolution de leur corps, des primes de rendement et une prime de risque avec effet rétroactif à partir de 2008 ainsi qu'une réassurance 24h/24h, à partir de la date de leur installation. Les gardes communaux exigent également des avantages en matière de logement et de soins, à l'instar des autres corps de sécurité, ainsi que l'intégration de leur collègue licenciés (plus de 20.000 agents). Les étudiants, quant à eux, campent sur leur position en décidant de maintenir la grève illimitée déclenchée en février dernier pour protester contre les réformes et la situation socio-pédagogique à l'Université. Ce mouvement concerne les étudiants de plus de 20 universités et grandes écoles adhérents à la coordination nationale autonome des étudiants, qui a maintenu sa décision “de passer à une autre étape et de marcher le 12 de ce mois en cas de non prise en charge effective des revendications des étudiants”. “Nous nous sommes mis d'accord sur le fait que les résultats de la conférence nationale du 27 mars dernier ne répondent aucunement aux aspirations des étudiants. La tutelle s'est contentée de promettre l'égalité entre les deux systèmes classique et LMD (Licence, Master, Doctorat), mais elle a ignoré complètement le reste de nos revendications socio-pédagogiques. Ce qui est inacceptable”, avait affirmé un membre de la coordination nationale autonome des étudiants. Même mécontentement chez les journalistes algériens des secteurs public et privé qui ont multiplié ces derniers jours leurs actions pour protester contre leurs “conditions intenables” et réclamer une amélioration de leur situation socioprofessionnelle. Pour faire entendre leurs voix, les journalistes ont décidé d'observer une “ grève d'écriture” suivie d'un rassemblement à Alger, le 3 mai prochain, qui coïncide avec la Journée internationale pour la liberté de la presse. Lundi, les journalistes de la radio ont observé un sit-in dans l'enceinte de cet établissement étatique pour protester contre leurs situations matérielle et professionnelle. Des sources médiatiques parlent ce mardi de limogeage du directeur de l'information suite à ce sit-in qualifié “d'illégale” par la direction générale. Une rédactrice-en chef a été également relevée de ses fonctions, il lui a été reproché d'avoir assisté au sit-in des journalistes, selon les journaux locaux. “Il règne une ambiance faite de pressions et d'intimidations au sein des rédactions”, confie un journaliste de la radio d'Etat au journal +El Watan+. Pour leur part, les victimes du terrorisme observent depuis deux jours un sit-in devant le Palais du gouvernement. “Nous resterons ici jour et nuit. On ne va pas quitter les lieux jusqu'à ce que notre revendication, qui est le statut particulier, soit prise en charge”, soutiennent les protestataires cités mardi par des journaux locaux. La contestation gagne également les agents de la société de distribution de l'électricité et du Gaz “Sonelgaz” qui ont décidé de mener des actions à travers l'ensemble du pays. Le mouvement a été entamé hier par un débrayage dans seize wilayas.