Le parcours de Nawal El Moutawakel, ancienne championne olympique et membre du bureau exécutif du Comité international olympique (CIO), a été cité en model réussi de la bonne reconversion de l'athlète africain au terme de sa carrière, samedi à Marrakech, à l'occasion des travaux de la 5è édition de la Convention internationale du sport en Afrique (CISA-2011). Animant une conférence sur “La reconversion de l'athlète africain: opportunités et défis”, aux côtés d'autres athlètes africains ayant réussi leur deuxième vie -après celle de sportif-, Mme El Moutawakel est revenue sur son parcours de première femme musulmane, arabe et africaine à devenir championne olympique, en 1984 à Los Angeles (400 m haies), ainsi que sur sa carrière politique et au sein des instances sportives internationales. Assurant que son chemin n'était pas dégagé et qu'elle avait à affronter plusieurs obstacles, Mme El Moutawakel, également ancienne ministre de la Jeunesse et des Sports et membre du Conseil de la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF), a mis l'accent sur la persévérance, l'assiduité, la passion et la discipline comme ingrédients incontournables de la réussite. Sa carrière au sein des instances sportives internationales, souligne-elle, était animée par sa volonté de rester, mais d'une manière différente, dans le domaine du sport afin de mettre son savoir-faire et sa crédibilité sportive au service de son pays et de son continent. Evoquant la fuite des talents africains vers d'autres cieux (pays riches), l'ancienne gloire de l'athlétisme national, qui avait au début de sa carrière obtenu une bourse d'études aux Etats-Unis, estime que les difficultés rencontrées, notamment le manque de moyens, “ne doivent pas constituer une raison pour tourner le dos à son pays”. Un avis partagé par des experts participant à la CISA-2011 qui, dans leur tentative de répondre à la question “De la base à l'élite: existe-t-il des opportunités pour l'expression des talents en Afrique ?”, ont insisté sur la promotion des valeurs de patriotisme et de sacrifice pour inciter les athlètes à rester dans leur pays ou au moins mettre leur expériences et moyens au service de leur patrie d'origine. Afin de développer le sport en Afrique et le rendre capable de retenir les jeunes talents, il faut partir d'une approche adaptée à la réalité dans le continent, qui présente, de ce point de vue, plusieurs atouts, à savoir des infrastructures, des structures d'animation (écoles et clubs de sport, centres de formation) et un important potentiel humain, ont-il souligné. Dans ce cadre, ils sont mis en garde contre les comparaisons avec d'autres modèles (Europe, Asie, Amérique) qui sont de nature à créer des facteurs de blocage. Pour eux, la priorité est à accorder au développement de l'élément humain qui demeure la base de toute mise à niveau du sport et ce, en assurant notamment une formation devant permettre une intégration socioprofessionnelle des sportifs après la fin de leur carrière. Dans ce sens, les participants ont suivi des exposés sur l'expérience marocaine dans le développement du sport d'élite, à travers la commission nationale de préparation des sportifs de haut niveau et les efforts du CIO pour développer le sport africain à la base et inciter les athlètes de haut niveau à rester dans leurs pays.