L'Institut Culturel Roumain de Paris remettra le “Prix international de littérature francophone Benjamin Fondane” à l'écrivain marocain Abdellatif Laâbi, le 24 mars au Palais de Béhague à Paris, indique un communiqué de l'Institut. Créé en 2006 par l'Institut Culturel Roumain de Paris, en coopération avec l'Association “le Printemps des poètes” et la “Société d'études B. Fondane”, en mémoire du poète et philosophe d'origine roumaine Benjamin Fondane, le prix distingue chaque année un écrivain francophone dont la langue maternelle n'est pas le français. Benjamin Fondane (1898-1944), dont l'œuvre essentielle, influencée par la pensée existentielle, fut écrite en français, est mort à Auschwitz. Le prix est accordé pour poésie, prose poétique ou essai. Abdellatif Laâbi est un traducteur, écrivain et poète marocain. Il a fondé en 1966 la revue Souffles qui jouera un rôle considérable dans le renouvellement culturel au Maghreb. Son combat lui vaut d'être emprisonné de 1972 à 1980. Il s'est exilé en France en 1985. Il reçoit le Prix Goncourt de la Poésie le 1er décembre 2009. Né en 1942 à Fès, il a quatorze ans à l'indépendance, en 1956. Il écrit déjà. Son premier choc fut la découverte de l'œuvre de Dostoïevski. Il fait ses études à l'université, à Rabat, à la section de lettres françaises. En 1963, il participe à la création du Théâtre universitaire marocain. Il enseigne alors le français dans un lycée de Rabat1. En 1966, débute la revue Souffles où collaborent plusieurs intellectuels marocains de gauche et notamment Tahar Ben Jelloun, Mohammed Khaïr-Eddine ou Mostafa Nissaboury. Dès le deuxième numéro, les horizons s'élargissent : questionnement sur la culture, quelle que soit sa forme d'expression, puis, peu à peu, sur les problèmes sociaux et économiques. Cette revue, qui comptera vingt-deux numéros en français et huit en arabe sous le nom d'Anfas, a eu une grande influence sur la formation de l'intelligentsia marocaine de gauche. En 1973, il est condamné à dix ans de prison pour son engagement politique. On l'enferme à Kénitra, où il devient le prisonnier numéro 186111. Au bout de huit ans et demi, en 1980, grâce à une campagne internationale en sa faveur, lui et pour quelques-uns de ses compagnons de détention sont libérés. Cinq ans plus tard, il quitte le Maroc pour la France et développe une œuvre qui touche tous les genres littéraires (roman, théâtre, essai, livres pour enfants). Le 30 novembre 2007, il a reçu les insignes de Docteur honoris causa de l'Université Rennes 2 Haute Bretagne. Ecrivain de langue française, son écriture recèle une grande humanité toujours soucieuse du combat à mener pour plus de justice et plus de liberté. « La poésie n'est pas prête à rendre les armes. »2. Passeur de poésie, il œuvre sans relâche dans ses rencontres comme dans son travail d'écrivain pour un véritable dialogue, un réel partage, afin qu'existe la paix entre les différentes cultures3. Son œuvre est traduite en de nombreuses langues. Parmi ses œuvres, publiées en majeure partie aux Editions de la Différence figurent notamment “L'œil et la nuit (2003)”, “Le chemin des ordalies (2003)”, “Chroniques de la citadelle d'exil (2005)”, “Les rides du lion (2007)”, “Le livre imprévu (2010)” , “Le soleil se meurt (1992)”, “L'étreinte du monde (1993)”, “Le spleen de Casablanca (1996) et “Les fruits du corps (2003)”. Les cinq premiers lauréats du Prix Benjamin Fondane furent le Tchèque Petr Kral (2006), le Tunisien Abdeiwahab Meddeb (2007), le Tchadien Nimrod (2008), la Vietnamienne Linda Lê (2009) et le Haïtien Jean Métellus (2010).