Le discours adressé par SM le Roi à la Nation, en ce mercredi 9 mars 2011 dans la soirée, fera date. Il s'agit d'un tournant historique. Les qualificatifs ne suffisent pas pour exprimer l'étendue et l'ampleur des transformations structurelles que le souverain a annoncées dans ce message dense à son peuple. La donne royale est donc venue relancer de nombreuses dynamiques de réflexion, de dialogue et de large concertation dont les Marocaines et Marocains ont toujours déployé à chaque fois que la construction d'un grand dessein se profile à l'horizon pour l'avenir de la nation. Les développements consacrés au projet de régionalisation ainsi que la série de réformes de fond iront impacter positivement tout le dispositif de gouvernance politique du pays. L'agenda de ces réformes est désormais annoncé et sa mise en œuvre est également fixée. Aujourd'hui, le Maroc peut s'enorgueillir d'avoir atteint un stade de maturité tel que le futur peut être envisagé en toute quiétude loin des soubresauts de contingences de tous genres. Il est vrai que la classe politique marocaine, à différents niveaux et différents moments, était demanderesse de mise en place de réformes de fond qui aillent dans le sens d'un équilibre des pouvoirs. Elle a toujours revendiqué que la gouvernance politique, fonctionnant sur les principes de la loi et rien que la loi, puissent régner en maître absolu dans la gestion des affaires publiques. La vague de réformes tant attendues par l'ensemble de la société touchera des pans entiers du dispositif institutionnel du pays. Ces réformes constitueront le socle sur lequel seront adossés les grands chantiers économiques et de développement qui avancent harmonieusement. Le plus qu'apportera cette nouvelle donne est d'harmoniser entre les deux piliers du modèle marocain (développement économique et Etat de droit). Il était en effet devenu difficile de concilier entre la dynamique forte de développement et celle du fonctionnement des institutions en l'absence des fondamentaux de la gouvernance politique que requiert un Etat de droit moderne. La classe politique, et à sa tête les partis démocratiques, avaient constamment revendiqué la visibilité nécessaire en vue d'assumer le rôle qui lui revient dans le cadre d'un partage équilibré des pouvoirs. Le paysage institutionnel, après la mise en place de tous les mécanismes de gestion et de régulation, devra fonctionner de manière à permettre à ce que toutes ses composantes puissent interagir à l'intérieur des marges d'action fixées par la loi. Sur un autre registre, le contenu des réformes annoncées devra être porté, dans ses détails, aux différentes catégories de citoyens. Il est impératif que tous les espaces de débat soient investis par l'ensemble des acteurs et surtout ceux que l'on qualifiait jusqu'il y a quelques jours de majorité silencieuse, puissent prendre part, et de manière active, à cet élan national de mobilisation autour du grand projet de société en construction. L'exception du modèle marocain vient de confirmer son caractère singulier, tout en maintenant un équilibre fécond entre continuité, rupture et changement. Une équation que la nation marocaine a construite durant plus de douze siècles. C'est là tout le sens des idées fortes exprimées par le discours du souverain qui met en perspective les composantes du nouveau contrat social pour le Maroc de demain.