Les prisonniers de la Salafiya Jihadiya, incarcérés dans le cadre de la campagne de lutte contre le terrorisme au Maroc, ont tenu, vendredi dernier, un sit-in au Centre pénitencier de Salé. Selon des sources concordantes, la situation a vite dégénéré. Les détenus ont réussi au vu et au su de tous à squatter les remparts et la terrasse de la prison menaçant de s'immoler avec des bouteilles d'essence. On dirait les scènes de la célèbre série américaine « prison break ». A Salé, le vendredi après-midi juste après la prière d'Al Asr, une dizaine de détenus de la Salafiya Jihadiya ont pu escalader les murs de la prison de Salé. Alors qu'une trentaine ont occupé la terrasse brandissant la menace de suicide collectif avec des produits brûlants ou par pendaison. En même temps, presque 400 emprisonnés se sont manifestés dans la cour et les couloirs du pénitencier. Tenues au courant, les familles des détenus se sont également rassemblées devant le portail de la prison les vendredi et samedi pour soutenir les prisonniers, protester contre les conditions de détention et appeler à leur libération dans les plus brefs délais. Cet état de lieux a duré jusqu'au samedi. Les protestataires ont refusé tout dialogue avec Mohamed Lididi, le secrétaire général du ministère de la Justice et Hafid Benhachem, délégué général de l'administration pénitentiaire et de la réinsertion ainsi que le procureur général du Roi et le chef de la sûreté de la ville, présents sur place. Lesquels ont essayé de rassurer les détenus et les convaincre de revenir sur leurs décisions. Ces derniers ont réclamé la présence en personne du ministre de la Justice et des représentants de la société civile pour la signature d'un PV contenant leurs réclamations, en l'occurrence la non poursuite des protestataires, leur libération immédiate ainsi que la régularisation de leur situation sociale et économique. Ce n'est que le soir du samedi que les forces de l'ordre spéciales et les forces auxiliaires ont réussi, juste avant la prière du Maghrib, à dénouer la situation et libérer sans dégâts les espaces squattés par les détenus islamistes. Les forces de l'ordre ont également dispersé leurs familles rassemblées devant le pénitencier. L'affaire, qui nous rappelle celle de la fuite des détenus de Kénitra, remet à nouveau sur la table le débat sur la situation sécuritaire dont l'introduction des produits dangereux dans les espaces pénitenciers. Les conditions adéquates de détention quasi absentes dans certaines prisons sont également pointées du doigt.