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Entretien avec M. El Mahfoud Asmhri (Chercheur Historien à l'IRCAM) : «La place de l'Amazighe dans notre identité est prépondérante»
Publié dans Albayane le 27 - 02 - 2011

Cet exposé est à la fois un hommage à M. Michael Peyron et un témoignage de reconnaissance pour les travaux qu'il a réalisés sur la littérature amazighe du Maroc Central, particulièrement la poésie. Ces deux ouvrages Isaffen Ghbanin (rivières profondes) et Poésies berbères de l'époque héroïque, en plus de ces articles sur la résistance des Imazighen de l'Atlas Central, restent des références solides en matière de recherches sur les communautés amazighes de cette région du Maroc. Grâce à M. Peyron, un pan essentiel de notre mémoire nationale – et de la mémoire des Imazighen du Maroc central particulièrement- est sauvegardé, analysé et étudié. Les travaux de M. Peyron sont des banques de données à interroger, des sources d'informations qui permettent d'accéder à l'histoire non officielle et aux modes de vie et d'existence de communautés amazighes ignorées et marginalisées par le discours officiel et l'ordre légitime.
Le premier ouvrage - Isaffen Ghbanin- est le fruit d'une collecte assidue de la production poétique amazighe qui a duré plusieurs années durant lesquelles M. Peyron a parcouru montagnes et vallées à la quête d'informateurs, de témoins et de poètes. Un travail fait avec abnégation et endurance. Le deuxième livre - Poésies berbères de l'époque héroïque- nous replonge dans l'histoire du Maroc central au début du XX ème siècle. M. Peyron a déterré un trésor collecté par A. Roux.
Ce livre de la poésie de l'époque de la résistance nous permet d'accéder à une information multiple et diversifiée. Je vous proposerais quelques directions qui me semblent importantes, à travers la lecture et la classification que j'ai effectuées dans ces deux ouvrages. Je vous propose trois axes :
La poésie comme document historique :
Bien que les manuels d'histoire ne donne pas une place importante à la résistance face à la colonisation au début du XXème siècle, la tradition orale, et particulièrement la poésie collectée par A. Roux et établie par M. Peyron, nous offre la possibilité de revenir sur cette époque héroïque de notre histoire nationale. Les vers poétiques sélectionnés traitent de la résistance du Maroc Central face à l'avancée des troupes françaises. Cette poésie reste un témoignage édifiant car elle nous informe sur la progression de la machine de guerre coloniale et sur la résistance suicidaire livrée par les tribus amazighes de l'Atlas central. Les lieux cités dans cette poésie servent de repères à la progression de l'armée coloniale. Elle témoigne de l'attachement des combattant à leur croyance et à leur volonté de lutter jusqu'à la mort. Nous avons adoptés un classement progressif. La prise des villes a entraîné la résistance vers la montagne. Et à chaque défaite, le poète s'exprime et nous permet d'appréhender l'évolution des soldats français.
Après la prise des villes côtières atlantiques, le colonisateur avance comme en témoigne ce vers qui nous renseigne sur la prise des grandes villes du Maroc central :
A nall i FAS, ad as allegh i MEKNAS, a y AGURAY
A SFRU, a TABADUT han irumin zlan agh
Pleurons Fès, Meknès, Agouray
Sefrou, Tabadout, les chrétiens nous ont ruinés.
La plaine du Saiss est ainsi « soumise » et la machine de guerre française s'attaque à la montagne. Comme en témoignent ces vers :
BERCI iserreh awal, iggufey is isdaâ KHNIFRA
is al itteddu g ayt ttaât
La prise de KHNIFRA par Berger se confirme,
Tant les résistants ne sont pas de vrais guerriers.
La même désolation est traduite dans ce vers qui réfère à la soumission de LEHRI, petite bourgade située à une dizaine de kilomètres de KHNIFRA.
Uran t tzemmurin ass a gan t amm unna
Yemmuten, a LEHRI tsiwel digun tawuct
Tu et, à présent, sans force et comme mort
Ô Lehri, la chouette fait entendre son cri lugubre.
La progression des troupes coloniales se fait par étapes. Après Lehri et Khnifra, le colonisateur escalades la montagne. Parti de Khnifra, il prend Alemsid, puis Aghbala et ses environ. Et après la bataille de Tazizawt, il réussi a accéder au col devant lui offrir un passage vers le sud Est. Il s'agit du col de Bab n Wayyad, frontière naturelle séparant la confédération des Ayt Sokhmane d'Aghbal et la confédération des Ayt Yafelman. Ces vers sont l'illustration de cette avancée :
Immut Buâzza, may ttabaâm a yimnayen
S ixf ULEMSID ibbi wuzzal tassa nnes
Bouâzza est mort, cavaliers, inutil de
Charger vers Almsid, le fer a percé ses entrailles.
Ar ittru WEGHBALA allig isru IKWSAL
ar ittru BUWATTAS, a TIZI n TURIRT
Aghbal pleur et fait pleurer Ikousal
Et Bouwatta, ô Tizi n Tewrirt
A TUNFIYT ttughen Saligan wessaght afella
nnem ad d iâdel I sselk ad d iddu ghurrem
O Tounfiyt, les sénagalais s'actuvent,
Pour te relier au Chrétien par téléphone
Inna m BAB n WAYYAD a tizi n taqqat
Han arumy ibedda d a nebdu g imyamazn
Bab n Wayyad te dit, ô col
Le colon est là et les combats s'annoncent.
Les attaques françaises se déroulent aussi sur la frontière maroco-algérienne. C'est ce que ce vers nous révèle sur la prise du village de Boubnib au Sud Est :
Ha BUDNIB ijjmeâd ddunit
lla ttemmenzaghn inselmen d irumin afella nnun
Boudnib, centre d'interet du monde
Théâtre d'affrontement entre chrétiens et mlusulmans.
Ainsi, la poésie, dans l'ouvrage établi par M. Peyron, reste une source d'informations inestimables sur la résistance à la colonisation durant les premières décennies du XXème siècle. L'authenticité des faits exprimés et véhiculés par cette poésie de résistance est confirmée par les rapports et écrits des militaires français. Le poète cite à la fois le nom des villes, villages et bourgades soumises et le nom des officiers coloniaux qui ont participé aux différentes batailles. La mémoire collective garde toujours vivace cette poésie. Une poésie qui assume plusieurs fonctions : témoigner pour les générations futures et exprimer la déroute d'une population qui a subi leu feu de l'artillerie et de l'aviation françaises.
L'avion comme arme de guerre dans la poésie amazighe :
L'avénement du colonialisme au Maroc au début du siècle passé a entrainé la confrontation des cavaliers amazighe de la résistance avec des armes nouvelles et un arsenal de guerres jusque là inconnu. Parmi ces armes destructrice et ravageuse: l'avion. Cet objet volant, témoin de la supériorité “technlogique” du colonisateur a fait des ravages au sein de la population autochtone. Les vers oétique qui y référent sont inombrables. Nous en donnons quelques exemples, tiré de l'ouvrgae établi par M. Peyron:
L'aède, dans cette distique, nous parle de son ipuissance et de celle des siens devant cet objet insolite qui crache le feu, sème la mort et la désolation. Reste Dieu comme dernier secours pour une population désemparée:
Kkant tteyyarat nnig i, kkant afella nnegh
A Rbbi, mayd qaddagh nekkin
Du haut du ciel les avions nous survolent
Passent au dessus de nos têttes
Seigneur, je reste impuissant.
Et pour parler d'une guerre totale utilisant tous les moyens terrestres et aériens, le poète nous dit, pour souligner la particularité des bombardements et leur intensité:
Ar ikkat g wakal allig iâneq iney
Afella nnemm a tteyyara afad ixlu llumt.
Sans cesse s'acharnent sur la terre, passent au dessu
de vous, O avions, votre feu dévaste le monde.
Pour décrire le sentiment d'angoisse devant cet objet volant et vrombissant, le poète s'exprime par une image: celle d'une machine à moudre. L'avion ici est perçu comme un prédateur qui tourne autour de sa proie, allant et venat dans un bruit assourdissant avant de faire feu. L'aède nous dit:
Adday da tezzad amm urwa ghifi
Ar ittader wagensu new i lherma
Lorsqu'en l'air tourne l'avion avec un bruit
de piétinement de bêtes, de fièvre mon coeur se meurt.
Ces vers constutuent des échantillons d'une poésie amazighe qui fait place aux nouvelles armes utilisés par le colonisateur. L'avion, arme inatquable et redoutable, est perçu sous différents angle: source de la tourmente et incarnation d'un danger pemanent et imprévisible, arme ultime qui achève la résistance après uen lutte acharnée et suicidaire, symbole de la superiorité du colonisateur.
Le statut du Ttalb dans la poésie amazighe:
Les écritures, “tirra”, sont associées dans la poésie amazighe au destin des hommes. Chaque être ne fait que subir et vivre “ce qui est écrit”, ce qui est décidé. Et c'est le talb, “fkkih”, qui est le détenteur du pouvoir d'écrire et de lire, accéder à un univers reservé aux initiés. Le talb est un guerisseur, celui qui comprend le sens des écritures, qui les déchiffre et peut, également, influer et changer le destin d'un être. Les vers qui suivent, tiré de l'ouvrage étébli par M. Peyron, nous donnent un aperçu sur quelques postures attribués au ttalb dans la poésie amazighe.
Dans ce vers, le Ttalb est ce guerissuer impuissant face au “mauvais oeil”. Ses recettes ne peuvent rien contre le pouvoir maléfique de l'oeil:
Ur illi ddwa n unna tewwet titt
Mghar izri kull zi ttelba
Point de remède au mauvais oeil
Le pouvir des tolba est inéfficace.
Ici, le ttalb est proche du sorcier qui exhorte les forces invisibles, les domine et réussi, par le biais d'un rituel silencieux, à déterrer un trésor enfoui dans les profondeurs de la terre. Le silence, opposé au “radotage”, nous renseigne sur un rituel que seul le professionnel qu'est le ttalb, peut mener à terme:
Ur da ytteri lkenz awal iâddan
Hat ifesti as t ttawin ttelba
Point de radodage pour la quête du trésor
Les tolba le deterre par un rituel du silence
Dans ce vers, le talb est magicien. Ses écrits ont un pouvoir surnaturel: amener l'amant à se plier aux exigences de l'amante. Le talb est celui qui, par son pouvoir sur les écritures, et donc les destins, peut obliger l'amoureux à revenir chez son amante
Meqqat da tessifit imazan,
Meqqar da ttarud gher ttelba
Ata wer cem i gigh g lxader
Tu as beau me contacter par émissaire
Tu as beau consulter les tolbas
Mon ceour ne t'aime pas.
Dans ce dernier exemple, le ttalb est toujours magicien, sorcier. C'est lui qui est la cause de la séparation de deux amoureux. Il est source de malheur et détenteur d'un pouvoir surnaturel et maléfique:
A ttalb nna s igan i wmeddakwel ca han rbbi
Ad ac ibby afus nna s as tarud allig i yâeffa
O talb qui m'a séparé de mon amant
Dieu coupera ta main qui a scéllé notre séparation.
Ainsi, l'image que nous donne la poésie amazighe du ttalb est essentuiellement “négative”. Elle en fait un individu obscure, muni d'un pouvoir cabalistique qui agit sur le destin des êtres. Cette image figée est à lier au statut du ttalb au sein de la société amazighe, de tradition orale. Le talb est ce lettré qui manipule les écritures. Son statut est proche du sorcier ou du magicien des sociétés africaines
Les animaux dans la poésie amazighe:
Dans toutes les cultures et les civilisations, la littérature orale regorge de reférences aux animaux. La faune permet au créateur d'opérer un détour pour mieux parler des hommes, ses semblables. Dans la poésie amazighe, l'animal fonctionne comme icone, incarnation d'une valeur, d'un ordre, d'une conduite qui est inhérente à sa nature. L'animal invoqué par l'aède, permet la transmission d'un message de sagesse, une leçon de morale à méditer par le recepteur. Nous livrons à nos lecteurs quelques vers puisés de la poésie amazighe, tirée de l'ouvrage établi par M. Peyron. où chaque animal revêt une signification particulière.
L'avidité et la recherche du profit peut conduire à la mort comme c'est le cas dans ce vers où le poisson, en quitant son univers, s'expose à une manace mortelle:
Ttemâ ayd ihezzan aselm ad iffegh aman
Uma netta wer ittuyamaz iga butâewwamt
C'est la gourmandise qui de l'eau fit sortir le poisson
Lui, bon nageur, nes se serait jamais laissé prendre
Ici l'oiseau incarne le messager, c'est un moyen de communication rapide et discret, un remède efficace qui peut alléger les souffrances d'un amant:
A yagdid n âari derd ad awn inigh
sslam g ifr awi t i wehbib ar taxamt
Alouette des monts, déscends que je te dise
Mon bonjour apporte-le d'un coup d'aile à la tente de ma promise.
Dans le vers qui suit, le sanglier réfère à un rival qui guette sa proie et agir au moment opportun, brisant une attente lente:
Cuf ay hdigh ddra allig iwejd ad iwrigh
Xes yuk n yid ayd hwigh izelleât ubulxir
Patiemment j'ai surveillé le maïs qui blondissait
Une nuit d'inattention et le sanglier saccagea tout.
Le manque d'expérience provoque le ridicule. Chaque chose a ses règles et tout problème supose des solutions adaptées:
Idda lwez gher aman nna g ittrewwah ku yass
A yahyud nna demmeên ad as n alin s âari
Chaque jour vers l'eau fraîche le canard s'en va
Idiot qui espère un endez-vous en forêt.
Dans ce vers, seul le défi peut permettre d'arriver à bout d'un problème. Précisemment l'amant n'a qu'un choix: se faire imposer devant son amante récalcitrante:
Nekkin d aâisawi cem ag gan tifighra
Ullah ttekkesgh amm ssem adday cem namz
Vipère, je sui un Aîssaoui
Te prendrai et enlèverai ton venin.
La nature fait bien les choses et personne n'a à se plaindre de ce qu'il est. Il n'est qu'une créature, et toute créature reste imparfaite:
Hemd i rbbi ac ibdan isennan nna d ighsan
Irar ac a yinsi talughi gher tadawt nnec.
ces exemples illustrent les diverses significations et usages des animaux dans la poésie amazighe. Les problèmes d'existences sont traité de manière symbolique à travers le recours au monde animalier. Touefois, les “valeurs” ou sens incarnés par la faune relèvent de l'universel souvent et témoignent de la dimension humaine et transculturelle de cett poésie.
En guise de conclusion:
Ce ne sont là que quelques exemples qui nous semblent constituer un témoignage sur la richesse des informations contenues dans les ouvrages de M. Peyron. D'autres pistes peuvent être explorées. Ces livres donnent une vision authentique de la lutte des Imazighen contre la colonisation et offre aux lecteurs la possibilité d'apprécier un genre littéraire dont la fonction mnémotéchnique est indiscutables. C'est par la poésie qu'Imazighen ont écrit et gravé des pages mémorables de leur histoire contemporaine.MERCI
Propos recueillis par Moha Moukhlis
Vers l'épopée de SAGHRO
L'armée française entra dans le Ghéris, le 15 septembre 1930 sans coup férir, car tous les résistants ou au moins une grande partie parmi eux se replièrent vers la chaîne de Saghro, résolus plus que jamais à poursuivre la guerre.
Ainsi les chefs des grandes tentes décidèrent-ils de poursuivre le combat. Ils dégagèrent Igoulmimn et se dirigèrent avec leur famille à Alnif ; fief des Aït Atta leurs rivaux de naguère.
Ils leur proposèrent leur alliance pour faire face ensemble à l'envahisseur français. Les Aït Atta, au nom de l'Islam, de l'amazighité et du martyre, l'acceptèrent.
L'entente et la concorde remplacèrent la haine et la rancœur. L'étendard de la liberté primait sur toutes les contingences.
Ainsi les grandes familles agnatiques entières conduites par leurs chefs respectifs, en l'occurrence Hmad Hda, Moha Ouidani, Brahim ou Moha N'Aït Khettouch, Zaïd ou Daali, Moha ou Berri, Ha ou Addi et d'autres encore s'installèrent-elles à Alnif . Elles furent prises en charge par les grandes familles des Aït Atta, en l'occurrence Abdellah ou Lahcen n'aït Hmad Wiâzza ; Mohand ou Haddou n'Izouawitn et d'autres grandes tentes. La symbiose ne tarda pas à s'instaurer entre les rivaux d'hier et les alliés d'aujourd'hui et la bonne intelligence conjonctionnelle s'était établie définitivement d'une manière irrévocable entre les deux communautés berbères du sud-est de Tigueldite.. Cette situation d'expectative et de préparation à la guerre dura jusqu'en 1932. Avec la progression des troupes françaises de la prétendue «pacification» sous la férule propre et figurée du capitaine Henri de Bournazel, appelé l'homme rouge, les Aït Atta d'Alnif et leurs coalisés Aït Marghad se rallièrent aux moujahidines de Assou ou Baslam du Saghro qui les intégra d'emblée dans son armée comme mentors et proches conseillers stratégiques et combattants, il va sans dire, de premières lignes. Les aït marghad devinrent ses meilleurs Lieutenants. Ils se firent distinguer par leur bravoure à toute épreuve, par leur courage au-dessus de tout éloge, s'imposant par leur allant, leur énergie et une haute valeur morale et surtout par leur mépris du danger.
Les aït marghad s'étaient résolument engagés à lutter contre le colonialisme à l'instar de leurs pères dans la bataille de Boudenib en 1908.
En effet malgré les promesses insistantes, plusieurs fois réitérées, faites par les français nos condottieri déclinèrent catégoriquement les offres de paix d'une façon franche, péremptoire et chevaleresque.
Ils préférèrent continuer la guerre dans les rangs de l'armée de Assou ou Baslam, âme de la résistance du Saghro.
La foi était plus forte que toute autre considération d'ici bas. Rien d'autre n'était à même de les faire changer d'avis ou d'ébranler leurs convictions.
Ha ou Addi, avant d'être tué en martyr méprisant le danger, avait tenu en échec les tentatives d'incursions ennemies dans la cuvette d'Imsaden ; il avait combattu héroïquement jusqu'à ce qu'il ait épuisé toutes ses munitions.
C'est en voulant récupérer l'arme d'un légionnaire qu'il fut tué par une rafale de mitrailleuse tirée presque à bout portant par un officier de la légion. Il semblerait qu'après sa mort son visage était resté jovial et enjoué ; voire quasiment angélique. Même la mort eut été belle quand il se fut agi de défendre une bonne cause. Les Aït Marghad ne furent pas moins vaillants que les Aït Atta, tous étaient de vaillants combattants de la foi.
Ils montrèrent une fois de plus qu'ils étaient des baroudeurs éprouvés et des guerriers comme il n'y en avait plus à cette époque. Leurs faits d'armes étaient connus de tous les moujahidines du Saghro. Lorsqu' éclata la bataille du Bougafer en février 1933 les Aït Marghad et notamment ceux cités ci-dessus étaient les premiers sur les lignes de feu.
Certains furent tués et furent parmi les premiers martyrs de cette guerre du Saghro dont l'une des grandes vertus fut d'avoir dissipé à jamais l'inimitié qui existait entre les Aït Atta et les Aït Marghad et brisé tous les tabous qui enfiellaient les relations entre les deux grandes confédérations des Imazighen.
Moha Ou Ali Khettouch


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