La situation compromise qui s'est déclenchée au lendemain de l'annonce du rapport BCG sur les médicaments entre la Fédération nationale des syndicats des pharmaciens et le département de tutelle commence à se rétablir. L'appel à la grève est suspendu et les pourparlers entre les deux parties se poursuivent. Finalement, le débrayage de trois jours n'aura pas lieu du moins durant les trente jours à venir. La ministre de la santé a-t-elle réussi à calmer les esprits ? Probablement, puisque les officines ont choisi d'ajourner leur mouvement de protestation en attendant la réponse définitive de Yasmina Badou concernant leur cahier revendicatif. Pour le moment, aucune décision définitive n'est engagée de part et d'autre. Les négociations entre les deux parties viennent à peine de commencer, indique une source auprès des syndicats des pharmaciens, requérant l'anonymat. Pour défendre leur cause, les pharmaciens ont déjà confectionné un rapport sur la situation du secteur. Les premières conclusions qui se dégagent annoncent l'effritement des marges bénéficiaires et du chiffre d'affaires face à une concurrence de plus en plus vive. Le rapport BCG sur les médicaments, tel que présenté, fausse le jeu et ne correspond nullement à la réalité économique et socioculturelle de notre pays, explique notre source avant d'ajouter que les pharmaciens ne sont pas contre la baisse des prix ni la vulgarisation des produits génériques. Seule condition, dit-elle, il faut évaluer l'impact sur toute la chaine de l'amant à l'aval. Sinon, on aura une pharmacie pour les pauvres et une autre pharmacie VIP pour les riches et les clients aisés. Pour éviter cela, plusieurs pistes sont à examiner, à commencer par la baisse des droits de douane sur les matières premières et la suppression de la TVA sur le médicament, notamment ceux destinés aux maladies chroniques. L'intervention de la caisse de compensation est une autre alternative pour faire face à la cherté des médicaments au Maroc. A signaler que d'autres réunions auront lieu cette semaine entre les représentants de la fédération nationale des syndicats des pharmaciens et les responsables du ministère de la santé. A rappeler, par ailleurs, que l'objectif du gouvernement à travers la promotion des médicaments génériques est d'atteindre un taux de pénétration du marché de 50% contre 29% actuellement. Pour se faire, les marges bénéficiaires des pharmaciens doivent baisser. Fixées à 30% pour l'ensemble des produits, la marge serait de 5% pour tout médicament qui coûte plus de 500 dirhams. Les marges sur la vente du générique varieront de 30%, 45% à 50% respectivement pour les produits vendus à 150 dirhams, entre 70 et 150 dirhams et à moins de 70%.