Le rideau s'est levé hier sur le festival Cinéma-Migrations d'Agadir, une 8ème édition qui se veut, selon les organisateurs, un hommage au cinéma africain et un espace de débats et de réflexion sur les défis que pose le phénomène de l'immigration pour le continent. Symbole de cette volonté de mettre en valeur le dynamisme interculturel du 7ème Art africain, le festival est présidé cette année par l'acteur franco-camerounais, Eriq Ebouaney, l'une des figures d'origines africaines les plus en vue du cinéma mondial, avec de brillantes prestations dans nombre de productions américaines et françaises. Le “Denzel Washington d'Afrique”, qui a incarné les premiers rôles dans “Lumumba” de Raoul Peck ou “Disgrâce” de Steve Jacobs, aux côtés de John Malkovich, deux films auxquels le public d'Agadir aura l'occasion d'assister, décrit le festival d'Agadir comme “un lieu incontournable et indispensable d'échanges entre la diaspora du cinéma et les cinéastes africains”. Cette année, près d'une centaine de participants, cinéastes, acteurs, producteurs, critiques et universitaires, marocains et étrangers, ont fait le déplacement pour animer les quatre jours de ce rendez-vous artistique, placé sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI. Depuis sa première édition en 2003, le festival a réussi, grâce à la persévérance de l'Association “Initiative Culturelle”, à l'origine de l'évènement, à se positionner comme une date incontournable sur le calendrier des cinéphiles au niveau régional et national. Les mordus du 7ème Art d'Agadir, mais aussi les touristes étrangers, nombreux en cette période hivernale, ont un large éventail de choix entre œuvres cinématographiques nationales et internationales, ayant toutes pour trame la thématique de la migration. L'occasion est aussi idoine pour découvrir les dernières productions des cinéastes marocains issus de l'immigration. A l'affiche, une série de longs métrages comme “Hors-la loi” de Rachid Bouchareb, “Amreeka” de la Palestinienne Cherien Dabis, “Disgrace” de l'Australien Steve Jacobs, “Lumumba” de Raoul Peck, “Larbi” de Driss Mrini, “Ahmed Gassiaux” de Ismaël Saidi, “Beur blanc rouge” de l'Algérien Mahmoud Zemmouri , “la grande villa” de Latif Lahlou, “Les oubliés de l'Histoire” de Hassan Benjelloun, “Neuilly sa mère “ de Gabriel Julien-Laferrière, et “Les gars du bled” de Mohamed Ismail. Dans la catégorie des courts métrages, le festivaliers auront l'opportunité de suivre des œuvres comme “Artiste “ de Lahoucine Chkiri, “Au nom de mon père “ de Abdelillah Zirat, “Abandon de poste” de Mohamed Bouhari, “Le cimetière rose” et “Dis-moi Maman” de Rachida Chbani, “Place Moscou” de Mohamed Bouhari, “ Hada Aoudi wa ana moulah” de Abdelatif Fdil, et “Le dernier instant” de Bouchra Moutahakir. Comme à l'accoutumée, et en dépit du manque de salles de cinéma, le festival tente de rayonner au-delà de la seule ville d'Agadir au grand bonheur d'un public des plus diversifié. Des projections sont prévues cette année dans un centre pénitencier d'Inezgane à Ait-Melloul et à Dar Talib à Biougra dans la province de Chtouka Ait-Baha. A l'Université Ibn Zohr, les étudiants sont au rendez-vous avec deux rencontres-débats avec des réalisateurs: la première avec le cinéaste Mohamed Karrat suivra la projection de son film “Trouble”, en présence des acteurs Rachid El Ouali et Hanane Brahimi. La seconde sera animée par l'artiste maroco-belge, Rachida Chbani, après la projection de deux de ses courts métrages: “Le cimetière rose” et “ Dis-moi Maman”. Parallèlement aux longs et courts-métrages et documentaires, le festival sera l'occasion d'un débat sur la thématique de l'immigration auquel sont conviés responsables politiques, experts, intellectuels et acteurs associatifs nationaux et étrangers. Parmi les axes qui sont débattus cette année figurent, “les populations migrantes noires et les afro-descendants”, “les gueules +noires+ racontent le charbon: les mineurs du Souss entre mémoire et oubli” et la migration marocaine au féminin. Au chapitre des hommages et coup de cœur, deux figures marquantes du théâtre et du cinéma maghrébins seront à l'honneur. Il s'agit de l'acteur marocain Abdelkader Moutaâ et de l'acteur et réalisateur algérien, Mahmoud Zemmouri. En marge du festival, un projet visant l'émergence de jeunes cinéastes du sud de la Méditerranée sera présenté aux cinéphiles de la région. Parmi les partenaires de cette action, qui sera lancée officiellement en mai prochain dans le cadre du Festival de Cannes, figurent l'Association “1000 visages”, Canal France International, le Centre Cinématographique Marocain (CCM), et Ouarzazate Film Commission. Baptisé “Atelier Cinéma Transméditerranéen”, le projet consiste, selon ses initiateurs, à accompagner les jeunes cinéastes méditerranéens, dans le développement d'un projet de premier long métrage, porteur des valeurs interculturels.