Le débrayage décidé par certaines centrales syndicales au niveau de la fonction publique, est un événement qui s'inscrit pleinement dans la gestion du dialogue social. Le gouvernement Abbas El Fassi avait, depuis le départ, tenu à annoncer la couleur. C'est un gouvernement de coalition qui regroupe, en son sein, différentes sensibilités politiques, mais qui se rencontrent dans leur volonté commune de réserver une large place à la question sociale. C'est assurément la raison pour laquelle le gouvernement a tenu à ce que le dialogue social soit inscrit dans le cadre d'une approche institutionnelle. Une décision qui s'est traduite par l'institutionnalisation du dialogue tripartite (gouvernement, centrales syndicales et patronat) à raison de deux sessions par an (la première au printemps et la seconde en automne). Les centrales syndicales assument ici pleinement leur rôle dans la défense des conditions de vie des classes laborieuses. Elles se positionnent logiquement dans la posture de celui qui tente de lever le plus haut la barre des revendications. Elles scrutent de manière assidue l'évolution de la conjoncture socioéconomique afin de sauvegarder l'essentiel pour leurs adhérants à savoir des conditions de vie et de travail décentes. Le gouvernement, qui a la charge de veiller au maintien des grands équilibres socioéconomiques du pays, est obligé de rappeler à chaque fois les fondamentaux de la gestion des finances publiques ainsi que ceux de la nécessaire correspondance entre capacité de création de richesse et satisfaction des besoins de la population. Les contours de la gestion du dialogue social se trouvent ainsi définis à l'intérieur des positionnements des parties au dialogue. Les uns et les autres essaient de maximiser les résultats du dialogue sous l'effet des différentes contraintes, à partir du sentiment assumé de la responsabilité partagée. Le dialogue actuel semble patiner, ne pouvant déboucher clairement sur des compromis acceptables par tous. Souvent, ce type de blocage est dû à des pannes dans les modes de communication des parties au dialogue. Et l'on se retrouve à développer des monologues superposés. Par ailleurs, l'économie marocaine a montré une capacité de résilience avérée face aux contrecoups de la crise économique mondiale. Une situation qui a été rendue possible grâce à une approche réaliste de gouvernance de ce type de contraintes. L'effet contraignant sur le rapport salarial de cette situation est évident. C'est ce qui pousse les syndicats à vouloir élargir les marges de manœuvres en terme de rattrapage de l'impact de la crise sur la composante des revenus des salariés. L'appel à la grève peut être interprété de différentes manières. Dans le cas d'espèce, il ne peut s'agir, en fait, que d'un rappel à l'ordre de la part des centrales syndicales pour un retour salutaire à la table des négociations.