La question de la révision du taux de change actuellement en vigueur est très sensible et il faudrait l'aborder avec le maximum de précautions car chaque correction mal ou peu mesurée risque d'avoir des conséquences très importantes, voire même des effets pervers sur l'économie marocaine. Les propos de Mohamed Grine, économiste et membre du bureau politique du PPS sont on ne peut plus claires. De son avis, s'il faut apporter des ajustements sur le taux de change, il faut le faire de manière prudente et progressive afin d'essayer de mesurer tous les impacts possibles sur l'économie nationale. En effet, le Centre Marocain de Conjoncture, le régime actuel « Fixed/Basket peg » instauré pour assurer une relative stabilité du dirham par rapport à l'euro et au dollar a bien montré ses limites. Dans son dernier bulletin de conjoncture, le centre rappelle que si le régime en vigueur a bien participé au maintien de la stabilité macro économique et à la maitrise du taux d'inflation, son caractère pénalisant est aujourd'hui largement vérifié. D'ailleurs, son effet négatif sur les secteurs exportateurs vis-à-vis notamment des partenaires européens et des pays du pourtour méditerranéen est patent. Pour les analystes du CMC, la mise en place d'une flexibilité modulable du dirham en remplacement du régime de change actuel est fortement recommandée. Pour la Banque Mondiale tout comme pour le FMI, l'adoption d'un système de change souple et flexible offre, rapporte la lettre de conjoncture, «de plus grandes possibilités d'adaptation et des coûts d'ajustement plus réduits, pour les pays qui y souscrivent, quand il est confronté à des chocs ou à des crises, comparativement à l'application d'un taux de change rigide». Ce dernier s'annonce incompatible avec les impératifs de la compétitivité dite mondialisée et, partant, avec une meilleure ouverture de l'économie nationale. Aussi, l'entrée en vigueur d'un nouveau régime de change plus souple permettrait de réaliser le triple objectif de libéralisation du compte capital, du flottement du dirham et du ciblage de l'inflation. Le CMC estime dans ce sens que le pays demeure fortement soumis aux pressions «implicites» de l'environnement international dans la mesure où la fixation de la valeur de sa monnaie serait assujettie à la loi du marché. Cela étant, la fin du démantèlement tarifaire avec l'Union Européenne et l'engagement dans les divers accords de libre échange impliqueraient, à moyen terme, l'adoption d'un système de change flexible dont le degré de dépendance vis-à-vis du marché reste à déterminer. La prudence est ainsi de mise car ce degré de dépendance vis-à-vis de marché doit être examiné avec beaucoup de précaution. Pour cause, conclut le CMC, soumettre la valeur de la monnaie au jeu de l'offre et de la demande issu d'un régime de change flottant requiert d'abord une économie solide ayant une masse critique suffisante et une bonne capacité d'intégration avec les flux commerciaux internationaux.