Le dirham s'est déprécié de 14,75, de 7,89 et de 4,12% face respectivement au yen japonais, au dollar et à la livre sterling au cours de l'année 2010. Le dirham s'est inscrit à fin décembre 2010, en moyenne, en hausse de 1,75% vis-à-vis de l'euro. C'est ce qui ressort de la revue mensuelle de la conjoncture économique, monétaire et financière publiée par Bank Al-Maghrib au titre de janvier 2011. Ainsi, en glissement annuel, la revue souligne que la monnaie nationale s'est inscrite, en moyenne, en hausse vis-à-vis de l'euro et s'est dépréciée de 14,75, de 7,89 et de 4,12% face respectivement au yen japonais, au dollar et à la livre sterling. En effet, le dirham a enregistré en décembre 2010 une appréciation mensuelle de 0,6% en moyenne par rapport à l'euro. Aussi, cette appréciation sur le marché des changes national à l'égard de l'euro est contrastée par une dépréciation de 2,73% à l'égard du dollar, de 1,75% face au yen japonais et de 0,26% contre la livre sterling. Par ailleurs, à fin novembre 2010, le volume moyen des opérations d'achat et de vente des devises contre dirhams, au niveau du compartiment interbancaire, s'est accru de 89,3% par rapport à celui observé au titre de la même période de l'année précédente, s'élevant à 10,4 milliards de dirhams. Pour sa part, le volume moyen des ventes de devises par Bank Al-Maghrib aux banques a marqué, selon la revue, une baisse de 41,5%, revenant à 2 milliards de dirhams. Quant aux opérations d'arbitrage, réalisées par les banques avec leurs correspondants étrangers, elles se sont inscrites en hausse de 147,8%, s'établissant en moyenne à 113,4 milliards de dirhams. En ce qui concerne les marchés de change internationaux, la revue mensuelle de Bank Al-Maghrib a souligné qu'ils se sont principalement caractérisés par la poursuite de la dépréciation de l'euro vis-à-vis du dollar, en relation essentiellement avec la détérioration de la situation des finances publiques des pays périphériques de la zone euro. Ainsi, en moyenne mensuelle, l'euro s'est déprécié de 3,9% en décembre 2010, pour s'établir à 1,32 dollar pour un euro. D'une fin de mois à l'autre, l'euro a marqué une baisse de 3,1%. La monnaie unique s'est également dépréciée de 1,4% face au yen japonais et s'est, par contre, légèrement appréciée de 0,1% par rapport à la livre sterling, rapporte la revue. Pour les autres taux bilatéraux, en décembre 2010, l'euro s'est déprécié de 3,3% vis-à-vis du yuan, et le dollar s'est déprécié respectivement de 0,1 et de 0,2% par rapport au yen japonais et au yuan chinois. Ainsi, sur l'ensemble de l'année 2010, l'euro s'est déprécié de 9,4% par rapport au dollar et de 12,5% par rapport au yuan, tandis que le dollar s'est déprécié de 2,7% par rapport au yuan chinois, en liaison essentiellement avec les réaménagements introduits par les autorités chinoises en matière de change. Ce que pense le Centre marocain de conjoncture Le Centre marocain de conjoncture (CMC), dans sa dernière lettre de conjoncture, s'est penché sur le système de change marocain. Selon le CMC, le Maroc est désormais confronté aux limites de son régime de change actuel (Fixed/Basket peg) dont la vocation première est d'assurer une relative stabilité du dirham par rapport aux devises de ses principaux partenaires. «De plus, l'objectif qui était recherché, à travers la mise en place de ce système, visait à encourager l'investissement étranger par l'accommodation d'un environnement d'une stabilité séduisante. L'adoption de ce «panier de monnaies» a particulièrement contribué à la stabilité macroéconomique et à la génération d'un faible taux d'inflation. Actuellement, si le résultat enregistré peut être considéré comme satisfaisant, il n'en demeure pas moins que ce satisfecit ne doit pas occulter le revers de la médaille où le système adopté pénalise fortement la compétitivité du potentiel exportateur du Maroc, notamment vis-à-vis des pays d'Europe de l'Est et des pays concurrents du pourtour méditerranéen», indique le CMC. C'est pour cela que la nouvelle stratégie, en cours de prospection par les autorités monétaires, consiste à trouver le moyen de mettre en place une flexibilité modulable du dirham, en remplacement du système du taux de change fixe désormais jugé comme anti-productif; dans le sens où il est incompatible avec l'ouverture de l'économie nationale sur les impératifs de la compétitivité mondialisée, selon le CMC. «Une telle politique de change est fortement conseillée sinon soutenue par les deux grands bailleurs de fonds internationaux : la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI). La Banque Mondiale considère que l'application d'un taux de change souple offre de plus grandes possibilités d'adaptation et des coûts d'ajustement plus réduits, pour les pays qui y souscrivent, quand il est confronté à des chocs ou à des crises, comparativement à l'application d'un taux de change rigide», ajoute le CMC. Ces dispositions offriraient alors les moyens de réaliser le triple objectif de libéralisation du compte capital, du flottement du dirham et du ciblage de l'inflation. Le parachèvement du démantèlement tarifaire avec l'Union européenne et l'engagement dans les divers accords de libre-échange exigent du Maroc l'adoption, à moyen terme, d'une politique de change orientée vers un régime de flexibilité, dont le degré de dépendance vis-à-vis du marché reste à déterminer, conclut le CMC.