L'éclatement de ce qu'il convient désormais d'appeler «l'affaire de la mairie de Salé» rappelle celle de Slimani et Laâfora à Casablanca en 2003. La gabegie communale est le dénominateur commun des deux affaires. La seule différence est que dans l'affaire de Salé, la plainte a été déposée par l'ancien maire, Driss Sentissi ; alors que dans le cas de Casablanca, c'était un investisseur suisse, Jean Victor Lovat qui avait saisi la justice. L'affaire de Salé connaitra certainement de nouveaux rebondissements et provoquera également la reconfiguration des bureaux de la mairie de Salé, les communes de Tabrikte et Bettana. La sentence du juge d'instruction Chentouf est tombée tel un couperet. Des citoyens comme bon nombre d'observateurs ne cachent pas leur satisfaction quant à cette décision de rappeler à l'ordre tout responsable qui dilapide les deniers publics. Toutefois, font-ils remarquer, l'indépendance de la justice devra être envisagée dans son sens le plus large et les fichiers des autres mairies devraient être consultés et fouillés, notamment à la Commune urbaine de Casablanca. Apparemment, les vents de l'assainissement commencent à souffler sur la gestion des affaires locales. La couleur est ainsi annoncée à Salé. Quinze personnes sont écrouées et trois autres sous contrôle judiciaire. Il s'agit du premier vice-président de la mairie de Salé, président de la Commune de Tabrikte et membre du Secrétariat général du PJD, Jamaâ Mouâtassim, du président de la commune de Bettana, Rachid El Abdi du PAM, Mohamed Aouad, membre de la mairie de Salé du PI. Dans le lot des inculpés, figurent aussi des ingénieurs de la Commune, des promoteurs, des fonctionnaires et d'anciens élus. L'actuel maire de Salé, Noureddine Lazrak, serait également sur la sellette. Selon des sources concordantes, il serait convoqué après l'achèvement de la procédure de la levée de l'immunité parlementaire. Juste après la mise sous écrou à la prison locale de Salé des présumés accusés dans cette affaire, le PJD est monté au créneau pour dénoncer ce qu'il a qualifié de «règlements de compte et de manœuvres visant la coalition aux commandes de la mairie de Salé». Le Parti de Abdelilah Benkirane pointe du doigt clairement le Parti authenticité et modernité (PAM), lors d'une conférence de presse tenue jeudi à Rabat, en innocentant sur toute la ligne le membre de son secrétariat général inculpé. La réaction du ministre de la justice, Mohamed Naciri ne s'est pas faite attendre. Un communiqué du ministère rendu public jeudi laisse entendre que l'accusé reste innocent jusqu'à ce que sa culpabilité soit établie, tout en soulignant que les réactions du PJD «constituent un moyen d'altérer l'indépendance de la justice et de porter atteinte à son prestige». Et de rejeter «toute intervention ou tentative d'influencer le cours de la justice». Le message du Garde-des-seaux est clair. Dans un Etat de droit, seule la justice tranchera. Rappelons que les présumés accusés sont poursuivis, chacun en ce qui le concerne, pour «corruption, abus de pouvoir, détournement et dilapidation de deniers publics, abus de confiance, falsification de documents officiels et administratifs, création de groupes d'habitats en violation des normes en vigueur et participation».