A quelques heures de la fin de la visite officielle qu'il a effectuée dans le Royaume à l'invitation du Secrétariat général du PPS, Oliviero Di Liberto, Secrétaire général du Parti des Communistes Italiens a accordé à Al Bayane et à Bayane Al Yaoum, un entretien dans lequel il a fait le bilan de ses discussions au Maroc et dit sa perception des opportunités qui s'offrent aux relations bilatérales tant au niveau national qu' à celui des deux partis. Lors de cet entretien, Oliviero Di Liberto, qui est également porte-parole de la Gauche italienne, a déclaré parler en fin connaisseur du monde arabe, en affirmant avoir été impressionné par les avancées en matière de développement social et des droits de l'Homme, réalisées par le Maroc durant la dernière décennie. « J'en conçois une impression positive », a-t-il souligné après avoir déclaré qu'il a été particulièrement frappé par la participation de femmes au gouvernement et au Parlement. Même l'Italie, ne fait pas mieux, a-t-il laissé entendre. S'agissant des relations entre son parti et le PPS, le SG du PdCI a qualifié les liens communs de si forts et de si porteurs, que les deux formations politiques ont l'ambition d'un cadre institutionnel permettant la pérennisation des liens entre gauches de la rive nord et celles de la rive sud de la mer Méditerranée. Qualifiant ce projet commun de « pont sur la Méditerranée » en vue de promouvoir les échanges sur un avenir partagé, il a estimé que la construction de l'Europe Unie et celle du Grand Maghreb n'y suffisent pas. Il a laissé entendre que la réunification de la gauche italienne peut être considérée comme un élément facilitateur dans cette voie. Répondant à une question sur la diplomatie parallèle, Oliviero Di Liberto l'a qualifiée de fondamentale, car « la politique étrangère n'est pas affaire aux seuls diplomates de carrière ». Il s'est engagé à prêcher d'exemple en s'engageant à lever l'ignorance, que la classe politique italienne a des réalités marocaines qu'il a constatées durant son séjour. Le porte-parole de la gauche italienne fédérée, s'est dit en outre particulièrement sensible à la condition des immigrés dans son pays. Récusant la corrélation entre criminalité et émigration et l'amalgame raciste auquel elle conduit, il a déclaré qu'en tant que sarde, il sait parfaitement que la mafia est italienne et que seule une minorité d'immigrés est à mettre à l'index. Il a d'ailleurs invité à une conscientisation de l'émigration qui prendrait appui sur des réalités aussi positives que le fait que les enfants d'immigrés sont italiens, qu'ils fréquentent les écoles italiennes et que seule leur religion les distingue des autochtones. Pour lui, cet effort devrait tendre à l'émergence d'une conscience de classe s'agissant des travailleurs étrangers car, a-t-il souligné, ils vivent une double contradiction : celle du travail face au capital et celle du sud vis-à-vis du nord. Au total, a-t-il estimé, l'avenir de l'Italie lui semble être celui d'une nation plurielle où les différentes ethnies, les différentes religions et les différentes cultures vivraient en bonne intelligence. S'étendant longuement sur la question du Sahara marocain, Oliviero Di Liberto a estimé que pour comprendre les faits, pour aller au-delà de la superficielle perception qu'on serait tenté de s'en faire -de prime abord- d'un peuple en lutte pour son indépendance, il faut se placer dans le contexte historique de l'impérialisme. Il a ainsi précisé que l'érection d'Etats-nations dans les anciennes colonies a grandement lésé les intérêts des colonialistes, qui n'ont de cesse de revenir à la situation post-ante en tentant de démembrer les pays nouvellement indépendants. C'est ce qui s'est passé en Irak, c'est ce qu'on tente de faire subir au Maroc. L'objectif est de diviser pour régner. Ou alors, s'est-il interrogé, comment expliquer que seule soit contestée la partie marocaine d'un Sahara partagé entre quatre pays ? Pourquoi les Touaregs, peuple connu pour réclamer sa spécificité, ne suscite t-il pas autant de sympathie ? A ces questions, il a fourni cette réponse : l'Etat-nation est pluriel. Il est fait de plusieurs ethnies, apports culturels, voire religions … Et, à cet égard, a conclu le SG du PdCI et porte-parole de la fédération de la gauche italienne : la souveraineté du Maroc sur son Sahara mérite d'être défendue avec autant de conviction et de force que le projet d'autonomie proposé par le Royaume comme solution au conflit.