Depuis l'érection de Tinghir en province, il y a une dizaine de mois, les populations ont nourri des espoirs salvateurs à leurs situations sociales critiques. La mise en place progressive des nouvelles institutions publiques, indépendantes de celles de Ouarzazate dont elles relevaient auparavant, laissait entrevoir des améliorations notoires en termes de satisfaction des doléances légitimes des citoyens, de l'encouragement des investissements pour résorber les taux de chômage, d'édification des infrastructures nécessaires dans les domaines de l'enseignement, de la santé, du transport, de la culture, des loisirs... . Cependant, au fil du temps, la réactivité des responsables institutionnels se fait cruellement attendre, au point de susciter des sentiments de désespoir et de désappointement, de plus en plus grandissants. Vient s'ajouter à cette ambiance plutôt morose, les mesures drastiques imposées aux habitants au niveau de l'implication des lois de l'urbanisme, sans tenir compte des spécificités des patelins marquées par des édifices en produits locaux, s'inspirant des formes de construction ancestrales. C'était là la goutte qui avait fait déborder le vase, devant les réactions d'indignation et de colère des banlieusards et la léthargie et l'indifférence des responsables. Tout en priorisant le respect des critères esthétiques et sécuritaires des règlements urbanistiques, les services concernés devraient pareillement prendre en considération ces aspects de patrimoine antique et de statut social des plaignants, afin d'éviter tout débordement et animosité préjudiciables. Ce qui avait été craint, fut arrivé malheureusement, car la fédération de coordination de plus de 80 associations de développement local a décidé enfin de faire face à cette insouciance inouïe des décideurs, en organisant, dimanche 26 décembre, une marche pacifique autorisée dans les artères de la ville, à laquelle ont participé environ 20 000 manifestants. Tout se passait dans le calme et l'ordre, quand, subitement à proximité du siège de la préfecture, à son terme, le mouvement prenait des tournures dégénérantes, au moment où on se mettait à jeter des projectiles sur les véhicules du gouverneur, du secrétaire général, du préfet de la police…Ces agissements irréfléchis, allant à l'encontre de l'esprit initial de la marche, firent réagir les services de l'ordre et provoquèrent, de ce fait, plus d'une quinzaine de blessés de part et d'autre. Des arrestations parmi les émeutiers s'en suivirent, après que les marcheurs euent été dispersés au lacrymogène. Une dégénération déplorable, mais ne peut occulter en aucun cas, la légitimité des requêtes de la manifestation qui revendiquait la remise en cause des décisions draconiennes en matière d'urbanisme, de façon à trouver des solutions équitables et concertées de cette problématique de l'aménagement de l'espace et de la gestion des domiciles, en harmonie constante entre l'authenticité patrimoniale et l'exigence moderne. D'autre part, il s'avère également légitime et juste de tirer des leçons de ce mouvement civilisationnel, en dépit des dérapages qui l'ont émaillé en cours de chemin par des intrus écervelés, en prônant l'écoute et l'inclusion envers les populations afin d'assouvir leurs besoins insistants en termes de vie décente et prospère. La négligence de ces demandes ne fait qu'attiser encore de plus belle les tensions et les conflits sociaux.