Le chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, a tendu la main lundi à tous les centristes et “modérés”, y compris en tentant de diviser les rangs de son ex-allié Gianfranco Fini, à la veille d'un vote décisif de motions de confiance au Parlement. “Il faut reconstruire l'alliance de toutes les forces modérées”, a indiqué M. Berlusconi, en offrant “un pacte de législature” à ses ex-alliés de Futur et Liberté (FLI) pour l'Italie, menés par Gianfranco Fini, et aux centristes de l'UDC. Il a proposé de les associer au programme des deux dernières années de son mandat d'ici à 2013 en promettant de “renforcer l'équipe gouvernementale”. “ Folie politique” M. Fini, président de la Chambre des députés, a quitté pendant l'été le Peuple de la liberté (PDL), parti fondé avec Berlusconi un an plus tôt, qu'il jugeait trop assujetti au magnat et trop indulgent vis-à-vis des soupçons de corruption. Il a retiré ses fidèles du gouvernement le 15 novembre. L'UDC de Pierferdinando Casini a, lui, pris ses distances avec Berlusconi depuis 2006 et a fait campagne en 2008 séparément de la coalition entre PDL et Ligue du nord, arrivée victorieuse aux législatives. “Ouvrir une crise gouvernementale sans solution prévisible serait une folie politique”, a averti M. Berlusconi, en mettant aussi en garde les parlementaires qui penseraient “trahir le mandat reçu des électeurs”. Dans un contexte de tensions sur les marchés de la dette et sur l'euro, “l'Italie a besoin de tout sauf d'une crise politique avec saut dans l'inconnu” politique, a avancé M. Berlusconi. Même si, selon lui, grâce à l'action du gouvernement et sa politique de “discipline budgétaire”, l'Italie “ne fait plus partie des problèmes de la zone euro”. Malgré l'optimisme du magnat des télévisions, l'Italie a fait les frais il y a deux semaines de craintes de contagion de la crise de la dette qui a dévasté la Grèce et l'Irlande, et ses taux obligataires ont bondi à un niveau record. “Nous avons besoin de continuité, d'une parfaite efficacité, de capacité de décision, de tout sauf d'une crise avec saut dans l'inconnu, a d'emblée indiqué le président du Conseil. “Berlusconi tombera mardi” Souriant et sûr de lui, le Cavaliere a adopté un ton plutôt modéré pour son discours devant les sénateurs. Les deux assemblées voteront presque simultanément mardi midi : le Sénat se prononcera sur une motion de soutien au gouvernement, la chambre des députés sur deux motions de censure. Au Sénat, le PDL et la Ligue du nord disposent d'une majorité plutôt solide même sans les 10 sénateurs de FLI. A la Chambre, M. Fini et 35 députés qui l'ont suivi dans sa rébellion se sont engagés à mettre en minorité M. Berlusconi. “Réformistes et modérés ne peuvent pas répondre à l'appel de Berlusconi car ce bipolarisme a détruit et cassé le pays”, a répliqué Francesco Rutelli, chef d'un de ces mouvements (API) et ex-maire de Rome, en réponse à la main tendue de Berlusconi. Dimanche, M. Fini avait fermé la porte à toute négociation de dernière minute, en se disant certain que “Berlusconi tombera mardi” et en annonçant que “le lendemain, FLI sera dans l'opposition”. Les pronostics du scrutin de mardi sont très incertains, l'adoption des motions se jouant à quelques voix à la Chambre. M. Fini ainsi que le Parti démocrate, première force d'opposition de gauche, et son allié Italie des valeurs, ont dénoncé des tentatives de débauchage déloyal de leurs députés par le PDL de Berlusconi. S'il est mis en minorité, Berlusconi devra démissionner et ce sera alors au président, Giorgio Napolitano, soit de tenter de former un nouveau gouvernement, soit de dissoudre le Parlement pour des législatives anticipées.