Les commentateurs politiques démocrates sont furieux… Pour eux l'accord fiscal conclu entre la maison blanche et l'opposition républicaine marque le début de la fin de l'administration de Barack Obama ! L'accord prévoit la reconduction pour deux ans des baisses d'impôts temporaires mises en place par George W. Bush. C'est une concession majeure de la part du président américain, qui avait promis le contraire durant sa campagne électorale en 2008. Ces réductions fiscales concernent tous les ménages américains, y compris les plus riches ! Et si les Démocrates et le camp progressiste sont mécontents, c'est parce qu'ils voulaient laisser expirer cette loi, qui devait arriver à échéance dans quelques jours. En contrepartie, le camp présidentiel crie haut et fort que le président a obtenu des républicains qu'ils adhèrent à une reconduction pour treize mois de l'indemnité de chômage versée aux chercheurs d'emploi. Mais le plus important pour eux est que l'accord permettra d'avancer sur d'autres dossiers législatifs auxquels tient Barack Obama. Et comme les républicains s'apprêtent à prendre le contrôle de la chambre des représentants juste après les fêtes de fin d'année, beaucoup pensent qu'un compromis fiscal était inévitable. Parmi ces dossiers, il y a la ratification du nouvel accord conclu avec la Russie sur la réduction de l'arsenal nucléaire : le fameux traité START. Il y a également la loi qui devrait mettre un terme à la discrimination sexuelle au sein de l'armée. Enfin, il y a le Dream Act : le texte sur la naturalisation des enfants d'immigrés arrivés de façon illégale aux Etats Unis. Trois promesses électorales majeures qui avaient permis à Barak Obama de gagner à sa cause des millions de voix pendant sa course à la présidence. Pour les matérialiser, il a besoin qu'elles soient ratifiées par la chambre des représentants, passée sous la coupe des républicains depuis les élections à mi-mandat de novembre dernier. Le président justifie le compromis fiscal par le fait que les républicains s'apprêtaient « à prendre en otage les ménages américains». Dans une déclaration aux medias, il a comparé le désir républicain de reconduire les réductions fiscales – y compris pour les plus nantis – à celui d'un fervent croyant s'accrochant au Saint Graal! Cependant, l'aile la plus à gauche du camp démocrate ne cesse d'exprimer sa frustration. Ces représentants les plus en vue pensent que le président Obama est en train de perdre sa base électorale et que sa communication est mauvaise. Pour eux, il aurait pu refuser « le chantage des républicains » et aller à une confrontation directe, qui aurait permis de dévoiler leur vrai visage: celui d'un «parti défendant d'abord les intérêts de la classe la plus riche, en temps de crise». Mais le président balaie ces arguments d'un revers de la main. Il rappelle que le compromis fiscal bénéficie également à la classe la plus nombreuse, à savoir la classe moyenne, et que, ce faisant, il honore une autre de ses promesses électorales. Reste «la question qui tue» : quel sera le prix politique de cet accord pour une administration dont le viseur reste réglé sur l'échéance présidentielle de 2012 ?