On les avait surnommés les «chevaliers du raï» mais, bien que natifs de Oujda, l'une des plus grandes capitales du raï avec Oran, bien sûr Paris, leur musique va au-delà du genre créé à Oran la voisine. C'est davantage une synthèse entre les divers (et riche) courants qui traversent le Maroc, plus le raï. Chez les frère Bouchnak, la chanson est avant tout une affaire familiale. A commencer par le père Benyounès dit «afandi», un musicien très célèbre dans le milieu de la musique arabo-andalouse, version gharnati (gharnata est le nom arabe de grenade), qui a débuté à l'âge de 9 ans via la sélect association «al andalousi» de Oujda. Benyounès a inculqué à ses enfants l'amour du gharnati et c'est tout naturellement qu'on en retrouve les traces dans leur répertoire. Quand à leur regrettée mère Zineb, elle était un fan des gnawas et de leur musique aux vertus thérapeutiques et elle les faisait venir régulièrement à la maison à l'occasion des fêtes religieuses ou familiales. Les frères Bouchnak ont en gardé le sens du tempo et l'art de l'entrée en transes. Ils commencent leur parcours par des animations lors des saisons de mariages et de circoncision et parviennent même à effectuer quelques circuits dans des petites salles. en 1983, toujours encouragés par leur père, Réda, Hamid, Omar et Mohamed enregistrent une première cassette. Le succès est rapide et une des chansons «janoura» leur permet de remporter le premier prix du concours «adoua el madina» ensuite ; s'enchaîne à l'image de leur style, harmonieusement. La touche Bouchnak, qui intègre côté paroles, du «malhoun», poésie raffinée, et des mots (et maux) de tous les jours, et, au niveau musical, autant la tradition berbère que la rénovation urbaine. devenus de stars, ils sont réclamés un peu partout dans le monde arabe et en Europe, particulièrement aux Pays-Bas où ils comptent de nombreux admirateurs. En 1992, besoin de se renouveler ou volonté de mettre chacun en avant sa propre sensibilité, le groupe divorce à l'amiable et leur chant du cygne, ils le présentent sous la forme d'un enregistrement dans lequel ils ont conjugué plus que d'habitude leurs talents. C'est «ana ghadi» (moi je m'en vais), sous-entendu «accomplir mon destin», le plus beau cadeau de rupture qu'ils aient pu offrir à leur public. Mais on est loin du clash final car les quatre frères continuent à se voir et à collaborer ensemble. l'une des réussites la plus évidente est celle de Hamid Bouchnak, né le 13 mai 1969, qui chantait avec ses frères à l'âge de 5 ans. Le doué benjamin, signataire, des plus importants titres de la formation (les textes sont souvent écrits par Reda) et voix leader de la bande, s'était déjà distingué par quelques escapades en solitaire. Toutefois, c'est par le biais d'album comme «rahet liyyam» (1995), «ya bent ennas» (1996) et surtout «laâfou ya moulana» qui avait nécessité plus de quatre mois de travail dans un studio à Lille, que Hamid Bouchnak a pu imposer son prénom. Au passage, il a même raflé le prix de la meilleure chanson francophone décernée par mcm pour l'interprétation d'un morceau «il ne nous reste plus d'espoir « transformé en mélodie populaire. en 1998, Hamid Bouchnak s'est illustré par un air appelé à faire le tour des stades puisqu'il a été composé en hommage à l'équipe nationale marocaine qui en est à son quatrième mondial. Après une absence de 3 ans, Hamid , (devenu, depuis citoyen franco-marocain) fait un retour fracassant avec «moussem», un album réussi et bien abouti, lancé à partir de Marrakech, en juin 2004. Avec cet album, il marque un tournant dans sa carrière : nouvel encadrement professionnel, nouveau look et nouvelles évolutions sur scène. janvier 2005. En 2010, Hamid Bouchnak sort « Hamid » son 10e album qui vient s'ajouter à la longue liste d'une carrière riche de musique dite ‘World' et de sonorités qui restent profondément marocaines tout en s'ouvrant à la musique du monde.