Al Bayane : Le phénomène d'absentéisme porte atteinte à l'image de l'institution parlementaire. Quelle évaluation en faites-vous ? Abdelmalek Aferiat : C'est le cas de le dire, l'absentéisme porte atteinte à la crédibilité de l'action parlementaire. Mais il faut quand même savoir que l'absentéisme parlementaire est un mal mondial. Tous les parlements sont confrontés à l'absence des députés ou conseillers. Il me semble qu'il y a d'abord une vraie action de sensibilisation à mener. Il faut que chaque groupe parlementaire et chaque parti politique encadre et contrôle ses conseillers. Les inciter à assister aux travaux de la chambre à travers certaines mesures disciplinaires. Le citoyen aussi est concerné, l'absentéisme traduit un manque de respect évident pour le citoyen qui a voté pour ce même député aujourd'hui absent; Celui qu'il croyait veiller sur ses intérêts. Il faut que les citoyens comprennent qu'il ne faut plus voter pour la personne mais plutôt pour le programme du parti. Quant au député, il doit lui aussi comprendre qu'il est dans l'obligation de refléter et de traduire les préoccupations des citoyens et des organismes de sa circonscription. Ce pourquoi on a voté pour lui. Le moins qu'il puisse faire est d'être présent à tous les évènements pour qu'il comprenne mieux la dynamique et les besoins du terrain. Concrètement, quelles en sont les vraies raisons ? Certains élus tiennent à souligner que le sujet est compliqué et doit tenir compte de plusieurs facteurs notamment l'absence d'outils nécessaires permettant aux parlementaires d'accomplir leurs actions comme il se doit. Les Groupes parlementaires se plaignent du manque de cadres et d'expertises pour la préparation de textes législatifs. C'est bien de tenter de résoudre ce problème qui porte atteinte à la crédibilité de l'institution mais il est aussi temps de s'attaquer aux conditions de travail de ce parlementaire à qui il faut donner les moyens de s'acquitter de sa mission : Par manque de locaux, il arrive qu'un député, son conseiller et sa secrétaire se retrouvent tous dans le même bureau. De plus, le Parlement a un vrai problème de ressources humaines, l'institution législative manque en effet d'experts qui peuvent orienter les parlementaires lors de l'examen des projets de loi. Le bureau de la Chambre des conseillers recherche continuellement avec les présidents des groupes parlementaires les moyens idoines pour faire face au phénomène de l'absentéisme qui nuit énormément au paysage politique. Que pouvez-vous nous dire des mesures coercitives mises en place à l'encontre des parlementaires fantômes ? Nous avons dès cette rentrée commencé à appliquer l'article 183 du règlement intérieur de la chambre des conseillers qui stipule que si un conseiller souhaite s'excuser de ne pouvoir assister à une séance, il doit adresser une lettre dans ce sens au président de la Chambre en précisant le motif de l'absence. Au bout de la troisième absence non justifiée des séances publiques, le président de la Chambre est dans l'obligation d'adresser un avertissement écrit au conseiller et d'en informer le président du groupe dont il est issu. Le président peut lui adresser un avertissement écrit et ordonner la citation de son nom à l'ouverture de la séance plénière suivante. Le parlementaire concerné se voit aussi déduire de son indemnité mensuelle un montant correspondant au nombre de jours d'absence sans motif valable. En ce qui concerne les commissions, l'absence des membres doit être justifiée et publiée dans le Bulletin Officiel. Si un membre s'absente sans motif des travaux de la commission, celle-ci doit en informer le président. Après consultation du concerné, il est évincé de la commission. A côté du dispositif dissuasif, le bureau est en train de réfléchir à mettre en place des solutions concrètes pour inciter les élus des régions lointaines à être plus présents à l'institution législative. Il s'agit notamment des conventions relatives au transport et au logement. En subventionnant les séjours à Rabat des parlementaires originaires de circonscriptions lointaines, par exemple.