Rebelote. Les greffiers de la justice montent encore au créneau. Un mouvement de débrayage national décrété par le Syndicat démocratique de la Justice (SDJ) affilié à la Fédération démocratique du travail (FDT) de 72 heures sera observé du 9 au 11 novembre ainsi que des sit in organisés le mardi 9 novembre. Ce bras de fer entre les greffiers et le personnel de la justice, d'un côté et le ministère de la justice, d'un autre côté, remonte au mois de septembre dernier et perturbe énormément le fonctionnement des tribunaux. La machine judiciaire se trouve complètement en panne suite à la série de mouvements de protestation entrepris par le personnel de la justice à travers le royaume. Ce qui a empêché le déroulement normal sinon le report des procès dans plusieurs tribunaux. Ce nouveau mouvement de débrayage s'inscrit donc dans la continuité des actions de protestation du personnel de la justice pour faire entendre leurs doléances, souligne Abdessadek Saaïdi, le secrétaire général du Syndicat démocratique de la justice (SDJ). «Nous avons largement attendu et fait preuve de bonne foi. Malheureusement, le département de tutelle a fini par épuiser notre patience», affirme-t-il. Dans le cahier revendicatif du syndicat de la justice, il y a d'abord la mise en vigueur du Statut spécifique des greffiers. « Lorsque le nouveau ministre de la justice, Me. Mohamed Naciri, a été nommé, nous lui avons laissé un répit de 8 mois, un délai assez suffisant pour mettre en place ce statut tout en sachant que ce texte est dans les tiroirs du Secrétariat général du gouvernement depuis l'époque de Abdelwahed Radi. Depuis septembre dernier, nous avons entamé des mouvements de protestation puisque nous avons constaté que le gouvernement ne manifeste aucune volonté réelle pour la réforme de la justice y compris la situation du personnel », explique-t-il. Abdessadek Saaïdi rappelle que la légitimité de cette revendication provient de deux discours royaux. Celui du 29 janvier 2003 prononcé à l'occasion de l'ouverture officielle de l'année judiciaire et dans lequel SM le Roi Mohammed VI a évoqué la nécessité de mettre en place un statut des greffiers ainsi que le discours de 2009 qui a parlé de la promulgation du statut des greffiers en liaison avec celui du statut du corps de la magistrature. «En effet, depuis 7ans, le personnel de la justice attend cette réforme qui constitue un chantier important qui reflétant réellement la volonté d'instaurer un Etat de droit », estime le syndicaliste. Figure également au menu des doléances du syndicat de la justice, l'amélioration des salaires de cette catégorie professionnelle et de leurs conditions de travail et la régularisation de la situation des diplômés. Sur ce registre, Abdessadek Saaïdi rappelle que la situation matérielle du personnel de la justice laisse beaucoup à désirer. Parmi 13 000 fonctionnaires de la justice, 47% touchent moins que le salaire minimum (soit moins de 1600 DH) et dont plusieurs dizaines sont en service de l'Etat plus que 20 ans avec les échelles qui ne dépassent pas celles 1 et 2. A souligner que le conseil gouvernemental tenu, il y a presque un mois, a conclu à la création d'une commission composée de cinq secteurs à savoir la primature, le secrétariat général du gouvernement, les Finances, la modernisation des secteurs et la justice. « Jusqu'à la date d'aujourd'hui, cette commission n'a tenu aucune réunion », affirme le secrétaire général du SDJ. Selon lui, cette attitude ne traduit pas le sérieux que requiert un tel chantier fondamental qui est celui de la réforme de la justice. Il pointe du doigt le gouvernement, seul responsable du statu quo qui perdure dans le secteur. « Le gouvernement est seul responsable du blocage du processus de la réforme de la justice qui vise à prévaloir une nouvelle notion de la justice conformément au discours royal », regrette-t-il. En attendant un dénouement de ce dossier qui tarde à venir, les intérêts des citoyens seront encore pris aux filets. Ce mouvement de 72 heures risque encore de plonger les tribunaux dans un congé forcé. Le syndicat démocratique de la justice compte aussi organiser un sit-in devant le tribunal de Marrakech suite à la mutation disciplinaire jugée abusive de deux fonctionnaires syndicalistes.