Les cours des principaux produits agricoles ont marqué récemment une forte hausse, suite à la détérioration des perspectives de récoltes à cause de conditions météorologiques défavorables. Les prix ont également profité de la baisse du dollar et du regain d'intérêt des investisseurs pour les matières premières agricoles, indique la toute récente note de la Direction des études et des prévisions financières -DEPF-. Les cours du blé ont atteint un plus haut de deux ans à 313 $/t à la mi-septembre, en hausse de 78% depuis début juillet, avant de reculer à près de 290 $/t en octobre. Cette flambée découle notamment de la sécheresse sévère qui a endommagé les cultures dans la région de la Mer Noire, en particulier la Russie dont la récolte de céréales devrait baisser d'un tiers cette année. L'annonce des restrictions sur les exportations de blé de la Russie (suspension) et plus récemment de l'Ukraine (quotas) a amplifié les inquiétudes des investisseurs. Aussi, le Conseil international des céréales (CIC) a révisé à la baisse la production mondiale de blé de 20 Mt à 644 Mt en 2010/11. Les stocks mondiaux du blé de la fin de saison 2010/11 sont également révisés à la baisse de 14 Mt à 183 Mt mais restent relativement élevés, représentant 28% de la consommation mondiale contre 22% en moyenne sur la période 2005-2009. Aussi, malgré leur hausse récente, les cours de blé devraient rester bien en deçà des sommets atteints au début de 2008 (environ 500 $/t). Le maïs à son sommet Dans le même sillage, les prix du maïs ont atteint un sommet de deux ans de 247 $/t le 20 octobre, en hausse de 20% en un mois et de 70% depuis début juillet. Ce fort rebond découle des craintes liées à une forte révision à la baisse de la prochaine récolte aux Etats- Unis (-13 Mt ou -4%), suite à des rendements de cultures moindres que prévu, alors que les stocks américains devraient tomber à leur plus bas en quatorze ans, selon un rapport du Département américain d'agriculture (USDA) publié le 8 octobre. Les cours sont également soutenus par un grand intérêt acheteur pour la nouvelle récolte de la part des importateurs, notamment la Chine. Toutefois, l'USDA table sur une hausse de 9 Mt de la prochaine récolte mondiale de maïs, après une production record de 810 Mt en 2009/10, en raison des plus importantes récoltes attendues en Chine, au Mexique et en Argentine. Néanmoins, les stocks mondiaux de fin de saison devraient diminuer de 17 Mt à 132 Mt, représentant 16% de l'utilisation contre 18% en 2009/2010. Le soja au plus haut De leur côté, les cours du soja sont montés à leur plus haut de plus d'un an de 466 $/t le 25 octobre, en hausse de 7% en un mois et de 24% depuis début juillet, suite à des craintes sur les récoltes aux Etats-Unis, du fait d'une vague de chaleur en août et des inondations qui ont touché en septembre d'importantes zones de production du centre (Iowa, Minnesota). La forte demande chinoise a également contribué à cette hausse des cours. La prochaine récolte mondiale de soja est attendue à 255 Mt, en baisse de 5 Mt par rapport à la compagne 2009/10, selon l'USDA. Les stocks mondiaux de soja de fin de saison 2010/11 devraient s'établir à 61 Mt, soit 1 Mt de plus que l'année précédente. Les cours du sucre ont doublé Les cours du sucre ont poursuivi leur hausse entamée en mai, soutenus par les craintes d'un rétrécissement des perspectives de l'offre mondiale en raison d'une série de facteurs météorologiques défavorables dans plusieurs pays producteurs (Brésil, Inde, Pakistan, Russie, Chine, Australie). En outre, la congestion persistante des ports brésiliens accentue les difficultés d'approvisionnement à court terme pour répondre à une forte demande mondiale. Ainsi, les prix spot du sucre brut à New York ont atteint un sommet de trente ans de 36,9 cents/livre (soit 813 $/t) le 20 octobre, en hausse de 15% depuis un mois et de 104% depuis leur creux de début mai. Sur le Liffe de Londres, la tonne de sucre blanc pour livraison en décembre a atteint 718 livres le 19 octobre, son plus haut depuis février. Néanmoins, la courbe des contrats à terme présente une forme baissière (backwardation), laissant présager une baisse graduelle des cours du sucre sur l'année prochaine. En raison de révisions à la baisse de la production de plusieurs pays, le surplus de l'offre initialement prévu pour 2010/2011 est loin d'être aussi assuré qu'il y a quelques mois. En août, l'Organisation internationale du sucre (ISO) s'attendait à un surplus de l'offre mondiale de 3 millions de tonnes en 2010/11 après deux années de déficit (environ 5 Mt pour l'année 2009/10 qui s'est achevée en septembre). Elle tablait sur une augmentation de la consommation mondiale de sucre d'environ 2% à 167 Mt, contre une hausse de la production de plus de 7% à 170 Mt en raison notamment d'une forte progression de l'offre du Brésil (39,6 Mt) et de l'Inde (25,5 Mt), les deux premiers producteurs mondiaux. Malgré l'excédent mondial annoncé pour 2010/11, les stocks mondiaux de sucre devraient rester faibles avec un ratio stocks/consommation de 33,6%, soit son niveau le plus faible depuis 20 ans. Le café en hausse de 52% Les prix du café arabica ont atteint un plus haut de 13 ans, soutenus par de fortes tensions de court terme sur l'offre, accentuées par des achats des fonds d'investissement. Ainsi, sur le marché au comptant à New York, les cours moyens de l'arabica ont atteint 222 cents/livre en septembre, marquant une hausse mensuelle de 4% et annuelle de 52%. Sur le marché à terme de l'ICE, la livre de l'arabica pour livraison en décembre a franchi les 200 cents le 21 octobre, en hausse de moitié depuis début juin. Selon l'Organisation internationale de café (ICO), le déficit mondial de café pour la compagne 2009/10 est estimé à 8 millions de sacs (de 60 kg), suite à une baisse de l'offre mondiale de 6% à 120 millions de sacs en raison notamment d'une faible saison du cycle de production biennal au Brésil. Pour la nouvelle saison 2010/11, la production mondiale de café devrait rebondir à 133-135 millions de sacs, selon l'ICO.