Cours du soja et du coton en forte progression. Cours de base des métaux tous en hausse. Les conséquences sur l'économie nationale. Début mai 2010, l'économie mondiale a pris une direction inquiétante. Les espoirs de reprise se sont envolés avec les craintes sur la viabilité des économies d'Europe du Sud et le ralentissement de la croissance. Les experts s'accordent désormais pour annoncer une croissance modeste, mais les marchés des produits de base semblent faire la sourde oreille, car les cours, qui devraient chuter, sont à la hausse. Que se passe-t-il? Les cours des produits de base s'arriment généralement au cycle économique. L'indice CRB au comptant, qui donne la moyenne pondérée de tous les cours des produits de base, a rebondi de 24% depuis son plus bas de juin. Selon le rapport que vient de rendre public le ministère de l'Economie et des Finances, «cela s'explique notamment par la forte remontée des cours des métaux et des produits agricoles». Or, cette année, l'économie mondiale s'est brusquement repliée au deuxième trimestre, et la croissance s'est encore affaiblie au troisième trimestre. Pourtant, tout à l'opposé de ce mouvement historique constant, les cours actuels demeurent élevés et pointent vers les sommets du début de 2008. S'agit-il d'une nouvelle réalité, comme certains observateurs le croient ? Pour le savoir, examinons les mouvements des principaux produits de base industriels. En effet, les cours de base des métaux sont tous en hausse : depuis le milieu de l'année, «le prix du cuivre a augmenté de 40%, ceux du plomb de 64 % et de l'étain de 24% depuis un mois, et de 70% depuis début juin, celui du zinc de 60 % et celui du nickel de 32 %», lit-on dans ce rapport. De son côté, l'or a marqué un record historique (1.373 dollars/once). «L'attrait du métal jaune comme valeur refuge est soutenu par le repli du Dollar, en ligne avec les anticipations d'un nouvel assouplissement quantitatif aux Etats-Unis, ainsi que par un abaissement inattendu des taux de la Banque du Japon», souligne le même document. Les cours du pétrole sont aussi relativement élevés. «Ils ont cru de 22 % depuis le début de l'été, s'aventurant récemment jusqu'à 82 USD le baril, soutenus par la baisse du Dollar et une demande ferme», précise le document. Par ailleurs, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) prévoit un ralentissement de la croissance de la demande mondiale en pétrole en 2011. Cela est dû à la modération attendue de la croissance économique mondiale, et à une amélioration de l'efficacité énergétique dans les pays de l'OCDE. «Ainsi, la demande mondiale de pétrole devrait augmenter de 1,2 mbj à 88,2 mbj en 2011, contre une hausse de 2,1 mbj cette année, tirée entièrement par les pays émergents d'Asie, du Moyen-Orient et d'Amérique Latine», précise la même source. Produits agricoles en hausse «Les cours des produits agricoles ont marqué un fort rebond en raison des craintes sur l'offre, accentués par des conditions météorologiques défavorables. Ils ont profité également de la baisse du Dollar et du regain d'intérêt des investisseurs pour les matières premières agricoles», souligne l'agence. Ainsi, les prix du blé et du maïs ont atteint des sommets de plus de deux ans, en hausse de 80% et 70% respectivement depuis début juillet. Les cours du sucre ont atteint un plus haut de trente ans en octobre, en hausse de plus du double depuis début mai. De leur côté, les cours du soja sont montés à leur plus haut, de plus d'un an, de 466 USD/t le 25 octobre. Ils sont en hausse de 7% en un mois et de 24% depuis début juillet. «Cela est dû à des craintes sur les récoltes aux Etats-Unis, du fait d'une vague de chaleur en août et des inondations qui ont touché en septembre d'importantes zones de production du centre», déclare la Direction des études et des prévisions financières. La forte demande chinoise a également contribué à cette hausse des cours. «La prochaine récolte mondiale de soja est attendue à 255 Mt, en baisse de 5 Mt par rapport à la campagne 2009/10», selon l'USDA. Les stocks mondiaux de soja de fin de saison 2010/11 devraient s'établir à 61 Mt, soit 1 Mt de plus que l'année précédente. En outre, les prix du phosphate brut sont restés stables pour le cinquième mois consécutif en septembre, à 125 dollars la tonne. «Les cours du DAP, du TSP et de l'urée ont rebondi respectivement de 5%, 12% et 17% en septembre, portant leurs gains annuels respectifs à 44%, 83% et 22%», lit-on dans le rapport du ministère de l'Economie et des Finances. Ils devraient poursuivre leur remontée, tirés par la demande des fertilisants, suite à la flambée des cours des céréales. Le Maroc n'est pas resté insensible à ces fluctuations. Ainsi, «à fin août 2010, la facture pétrolière a rebondi de 60% sur un an à 15,5 milliards de dirhams, tirée par une hausse de 44% du cours moyen de la tonne importée». D'autre part, «le repli des importations de blé (-27%) et de sucre (-18%) a compensé la hausse des achats de maïs (11%) et de produits laitiers (32%)», souligne la même source. Sur la même période, les exportations de phosphates et dérivés ont rebondi de 79% à 22,3 milliards de dirhams, représentant 24% des exportations totales.