Quand s'est clôt dimanche 24 octobre dernier le treizième Sommet de l'«Organisation Internationale de la Francophonie», qui s'est tenu à Montreux (Suisse), l'impression générale, chez les délégués comme chez les journalistes et autres observateurs, était que l'on avait assisté finalement à une rencontre ordinaire, dans le sens le plus simple du terme. Cela veut dire que rien de palpitant ni de prenant ni même d'un peu enthousiasmant ne s'est passé au cours de ce conclave qui a vu un peu plus de quarante chefs d'Etats et de gouvernements répondre à l'appel du secrétaire général de l'OIF, monsieur Abdou Diouf, l'ancien Président du Sénégal, qui a paru avant, pendant et à l'issue de la réunion de Montreux nageant dans l'optimisme et le bonheur. Cela au-delà de sa reconduction - qui semblait n'être qu'une petite formalité gagnée sans problème et d'avance à un troisième mandat de quatre nouvelles années. Pour le reste, il y eut, comme de tradition depuis quarante ans, la kyrielle de résolutions tissées de bonnes et affriolantes promesses. Qu'on en juge ! Au premier chef, à tout seigneur tout honneur, la langue commune qui est bien sûr le français, appelé à être sérieusement amélioré dans l'enseignement par le renforcement des compétences des professeurs de cette discipline (formateurs, enseignants et experts nationaux). Il y aura d'ici à 2013, 250 sessions de formation et de séminaires pour près de 30.000 individus. Dans la diplomatie, l'OIF devra s'efforcer de privilégier, autant se faire que peut, l'usage du français sur la scène – et particulièrement dans les instances internationales – dans le monde. Le vade-mecum pour l'usage de la langue française partout dans les organisations internationales est le document adopté en 2006, engageant les pays de la francophonie «au plein respect du statut officiel du français comme langue de travail dans toutes les organisations dont ils sont membres » Une injonction claire les appelle à s'exprimer toujours en ??????? français, «quand l'usage de leur langue nationale n'est pas possible». Est exigé également dans le même sens que la documentation et les publications, y compris électroniques, soient en permanence disponibles en cette langue. L'ambition est de voir formés dans ce cadre d'ici toujours à 2013, 40.000 diplomates et fonctionnaires, dont 65% de femmes. Le «Pacte linguistique», dont nous avons fait état dans une partie de ce reportage, se veut un instrument contractuel puissant entre l'OIT, et les pays membres et associés dont le Français ne serait pas langue officielle. Il devrait intervenir, à la demande des Etats sur la base de leur volonté de renforcer chez eux, volontairement la promotion de la langue française (de Molière et de Voltaire), de manière à sceller un partenariat qui définirait «les apports des deux parties». L'O.I.F, avec ses opérateurs spécialisés, proposeront des mesures d'accompagnement aux divers engagements pris par les Etats. En complément logique de ce programme, la présence du français sur la toile et sur Internet devra cavaler pour faire monter cette langue dans l'univers numérique elle est, rappelons-le, classée 3e langue sur Internet (5% des pages), derrière l'anglais (45%) et l'allemand (7%). L'O.I.T n'oublie pas de demander à ce que soit pris en considération la promotion des talents d'expression française dans la création littéraire (prix des cinq continents de la Francophonie, aides aux éditeurs, libraires, associations d'auteurs, organisateurs de manifestations et salons littéraires. Bref, pour résumer, les politiques de développement chercheront à «professionnaliser les filières culturelles» avec l'instauration des Fonds de garantie pour les entreprises culturelles, et le renforcement de ceux existant. Dans la lecture publique, accroître l'accès des populations à la lecture et à la culture est un objectif destiné à l'implantation accélérée des centres de lecture et d'animation culturelle, il en est ainsi également dans le domaine des arts vivants et visuels où il est promis de diffuser très largement les œuvres et les spectacles à travers le monde, qui s'appuieraient sur le Fonds d'aide, pour cette fois-ci, pousser à la circulation des artistes et créateurs, ainsi que le soutien à «la création d'œuvres de qualité dans la production audiovisuelle. Tout ce début de catalogue, alléchant et séducteur, se trouve inséré dans l'écrin, généreux mais un tantinet tarte à la crème du dialogue des cultures, avec le souci constant, surtout chez monsieur Abdou Diouf, le secrétaire général de la Francophonie, «de valoriser le multiguisme (par exemple, prix Ibn Khaldoun / Senghor pour la traduction français / arabe, à doter de moyens financiers et humains plus importants). Il n'est certainement pas anodin ni sans intérêt que le XIIIe sommet de Montreux ait tenu à mettre en exergue à ce propos la référence à la fameuse «déclaration de Kairouan (Tunisie)», qui en 2009, avait insisté, de concert avec l'Organisation Islamique pour l'Education, les Sciences et la Culture (ISESCO), sur la poursuite de l'engagement à promouvoir la diversité culturelle et le dialogue des civilisations. La prochaine livraison de ce reportage, nous verra poursuivre la liste de ces résolutions du sommet organisé en Suisse, sans aucune faute notable dans l'organisation de ces assises qui avaient été prévues initialement à Madagascar, mais qui finalement furent sauvées par la Confédération helvétique, pays multilingue / l'Allemand, le Françis, le Romanche et l'Italien) et confortablement installée dans la diversité culturelle… Ils s'en sont plus que correctement tirés, en bons et parfaits samaritains. (A suivre)