83% des salariés estiment pouvoir dire non à leur hiérarchie. En particulier les femmes lorsque leur patron se montre trop... entreprenant ! Le temps du « béni-oui-oui », du salarié courbant l'échine devant son patron tout puissant, serait-il révolu ? Oui, à en croire l'étude Opinion Way pour le compte des Editions Tissot (Peut-on dire non à son patron) * qui montre que 83% des salariés seraient prêts à s'opposer à leur hiérarchie et que 63% sont même déjà passés à l'acte, mais pas forcément pour les mêmes raisons... Dans l'absolu, pas question d'enfreindre la loi Les salariés interrogés résisteraient à leur hiérarchie dans plusieurs cas : si leur patron leur demandait de transgresser la loi (75%), s'il leur faisait des « avances » (74%), s'il leur proposait une mutation ou un changement de poste qui ne leur conviendrait pas (64%). Dans ces trois cas, les femmes se montreraient particulièrement fermes. Notamment et sans surprise si leur patron allait jusqu'à les séduire sans leur consentement (84% des sondées). Par ailleurs, d'autres motifs de résistance s'ajoutent à cette short list : des objectifs jugés impossibles à atteindre, des vacances annulés pour cause de surcharge imprévue, ou encore une méthode de travail trop loin des normes habituelles. Des patrons compréhensifs ? Face à ces refus, les salariés estiment que leur patron ferait preuve de compréhension (37%), certains vont même jusqu'à croire qu'il leur « ferait un compliment sur leur aplomb et leur intégrité ». Les plus pessimistes - ou les plus réalistes ? - pensent plutôt que leur patron les empêcherait d'évoluer (34%), leur rendrait « la vie impossible », ou pire, chercherait à les licencier. En réalité, pas question de toucher au contrat de travail Sur le terrain, les raisons de contrer la hiérarchie sont bien différentes. Les salariés qui ont osé dire non à leur patron sont à 67% des hommes - 60% des femmes -, se comptent dans toutes les tranches d'âge, travaillent plutôt dans une entreprise publique et sont en majorité des cadres. Face à quelles situations ont-ils jugés bon de résister ? Dans l'ordre : pour s'opposer à une modification de leur contrat de travail (16%), à une rupture à l'amiable (15%), à des objectifs irréalisables ou à une surcharge de travail (15%). La volonté de refuser une tâche jugée dangereuse pour soi-même (3% des réponses) ou illégale pour l'entreprise (1%) arrivent en dernière position. Seul point commun entre les salariés qui résisteraient et ceux qui sont passé à l'acte : le « non » face au harcèlement moral ou aux avances. 12% des sondé(e)s disent s'y être opposés. 84% des femmes le feraient si cela leur arrivait. Courage ou inconscience ? Pour le sociologue Ronan Chastellier, interrogé sur les résultats de cette étude, « dire non est un courage actif (…) une conscience qui s'exprime de manière solitaire et isolée (….), « il y a aussi le courage d'être soi, celui de déplaire, de dire la vérité » (…) un non conformisme qui pourrait être plutôt salutaire ». Tout dépend de quel côté on se place... Il est d'ailleurs dommage que l'enquête ne soit pas allée plus loin en révélant quelle fut la réaction des patrons face à ses courageux salariés.