Les principaux pays d'Europe et d'Asie se retrouvaient, depuis hier lundi à Bruxelles pour un sommet de deux jours qui s'annonce dominé par les contentieux sur le commerce ou la réforme du FMI, avec en toile de fond une crise diplomatique persistante entre Pékin et Tokyo. La question du taux de change de la monnaie chinoise, un sujet tabou pour Pékin, ne figure officiellement pas à l'ordre du jour de la réunion mais devrait occuper une partie des discussions entre les chefs d'Etat et de gouvernement, ou représentants des 46 pays rassemblés dans la capitale belge. Les Européens, à l'instar des Etats-Unis, entendent faire pression au moins en coulisse sur les pays asiatiques, notamment la Chine, pour qu'ils cessent de faire du dumping monétaire en vue de doper leurs exportations et pour qu'ils laissent les entreprises européennes investir chez eux. Le Premier ministre chinois, Wen Jiabao, invité vedette du sommet dans le cadre d'une tournée européenne qu'il effectue, a affirmé dans un entretien diffusé dimanche sur CNN que «la Chine ne cherche pas à tout prix à dégager un excédent commercial». Il a aussi contre-attaqué en Grèce en demandant à l'Europe de cesser tout «protectionnisme» via des mesures anti-dumping. La France qui va prendre en novembre la présidence du G20 veut convaincre les Chinois de participer à une meilleure coordination monétaire mondiale. Et le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn a appelé samedi les grandes économies mondiales à coopérer pour prévenir une «guerre de devises» qui risque d'empêcher la reprise économique mondiale. Alors que l'Europe craint d'être marginalisée par un axe sino-américain, M. Wen s'est voulu rassurant à son égard en Grèce. «Je suis convaincu qu'une Europe forte a un rôle irremplaçable», a-t-il dit, se disant prêt à contribuer à la stabilisation de l'euro. «Il n'y a pas de conflit d'intérêt entre l'UE et la Chine mais il y a une complémentarité entre les deux parties, la Chine va œuvrer pour poursuivre son ouverture» vers l'Europe, a-t-il ajouté. En retour, les pays asiatiques de l'Asem comptent exhorter les pays européens à leur faire davantage de place dans l'instance dirigeante du FMI, alors que l'institution réunit son assemblée annuelle du 8 au 10 octobre. L'UE s'est dit disposée vendredi à céder deux de ses sièges. Tous ces débats risquent toutefois d'être en partie relégués au second plan par le différend entre Pékin et Tokyo autour d'une zone maritime revendiquée par les deux puissances. Tokyo a évoqué la possibilité d'une rencontre en marge de la réunion entre son Premier ministre Naoto Kan et Wen Jiabao. La 8e réunion de l'Asem (Asia Europe Meeting), un forum de dialogue créé en 1996, doit s'achever mardi soir. Elle sera suivie de deux rencontres bilatérales mercredi entre les dirigeants de l'Union européenne et la Chine d'une part, la Corée du Sud d'autre part. L'Asem réunit 46 pays au total, tous ceux de l'Union européenne et les plus importants de la zone Asie-Pacifique, à commencer par la Chine, l'Inde et la Russie, dernier membre en date avec l'Australie et la Nouvelle-Zélande. Moscou a envoyé seulement son ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. Le Premier ministre indien Manmohan Singh figure également parmi les absents de la réunion. New Delhi sera représenté par son vice-président Mohammad Ansari. Côté européen, le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel ont prévu de participer au sommet, mais pas le Premier ministre italien Silvio Berlusconi.