C'est parti. La Chambre criminelle de premier degré de la Cour d'appel de Casablanca reprendra demain jeudi l'examen du volumineux dossier du marché de gros de Casablanca. Outre le président de l'arrondissement de Sbata, Rédouan El Massaoudi, des employés du Souk, des mandataires et des commerçants sont poursuivis dans le cadre de cette affaire. Les chefs d'accusation, selon des sources proches du dossier, s'articulent autour des fausses déclarations des marchandises à l'entrée du Marché, falsification des états de base, faux et usage de faux, abus de confiance, trafic d'influence, exploitation des locaux sans frais de location, corruption et complicité. Les audiences s'annoncent marathoniennes et promettent d'être retentissantes eu égard à la complexité de l'affaire, la nature des présumés inculpés et celle des témoins que la Cour pourrait convoquer. Lors de l'instruction, les mêmes sources proches du dossier indiquent que les enquêteurs auraient mis la main sur des documents comptables compromettants sur la gestion du Marché. Le sujet anime les discussions dans toute la ville depuis la convocation du premier élu présumé-accusé dans cette affaire. Au moment où celle-ci n'est pas encore close, des enquêtes sont ouvertes et se poursuivent en parallèle dans deux autres affaires en relation avec le même marché. L'une est au stade de l'instruction chez le juge Noureddine Dahine à la troisième Chambre de la Cour et l'autre est entre les mains de brigade nationale de la police judiciaire (BNPJ) de Casablanca. Dans ces deux dernières affaires, des responsables élus de Casablanca sont cités dans les déclarations du commerçant ayant été à l'origine de l'éclatement de toutes ces affaires. Me Tarik Soubaî de l'Instance nationale de la protection des deniers publics et assurant la défense du commerçant/plaignant affirme avoir déposé des requêtes pour la convocation du président du Conseil de la ville de Casablanca, deux vice-présidents, des présidents d'arrondissements et trois membres de la Commune urbaine, en plus des responsables de l'autorité locale ayant des liens avec cette affaire qui tient en haleine l'opinion publique casablancaise et nationale depuis l'année 2003. Il faut dire qu'au fur et mesure que les enquêtes avancent, ces affaires connaitront de nouveaux rebondissements. Au fur et mesure qu'on épluche l'oignon, les larmes coulent aux yeux, dit un vieil adage populaire. Il est à souligner que la gestion de ces marchés de Gros de fruits et des légumes est non seulement défaillante mais également opaque et soulève plusieurs interrogations non pas uniquement à Casablanca ou Mohammedia, mais également dans toutes les autres régions du Royaume. Une mafia manœuvre sur toute la chaîne et gruge au bout du compte producteurs et consommateurs. B.A Point de mire Polémiques autour de la mairie Le maire de la ville de Casablanca, Mohamed Sajid est dans une mauvaise posture. C'est un constat. Ses vice-présidents le prennent à partie lors des réunions du bureau et de nombreux membres de la majorité hétéroclite l'ayant porté aux commandes de la mairie de Casablanca critiquent vivement sa gestion quotidienne des affaires locales de la ville. Pis encore, dernièrement, certains d'entre eux ont véhiculé fortement des rumeurs faisant état de son départ. Et l'absence totale de communication du côté de la mairie alimente encore plus ces rumeurs. Ce qui ouvre grandement la porte devant les supputations des uns et des autres. Et au bout du compte, c'est toute la ville qui en pâtit. Les projets en souffrance sont innombrables. Les secteurs gérés dans le cadre de la gestion déléguée sont ponctués de moult dysfonctionnements. Les cahiers des charges liant les délégataires à la mairie, autorité délégante, sont violés sur toute la ligne. Les bidonvillois alternent sit-in et mouvements de protestation dénonçant ce qu'ils qualifient d'irrégularités ayant entaché l'opération de leur recasement. De Sidi Moumen à Aîn Sbaâ et de l'ancienne médina au quartier Errahma, le son de cloche est le même. La question de propreté et de collecte des ordures ménagères est plus que jamais soulevée avec acuité. Des arrondissements composant le Conseil de la ville menacent de rompre les contrats avec les entreprises délégataires. L'abattage clandestin continue de battre le plein même si la ville dispose des abattoirs modernes, gérés également par le privé dans le cadre des formules de gestion déléguée ayant montré ses limites. Tout cela noircit la ville blanche. Et les Casablancais et les habitants de la ville voient et suivent avec angoisse cette dégradation de leur ville. B.Amenzou Pignon sur rue M'dina Bus Le délégataire de la gestion du transport urbain en commun continue de violer le cahier des charges qui le lie avec la ville. Le plan de départ initié par l'entreprise suscite la colère des employés. Du côté du Conseil de la ville, autorité délégante, c'est le black out total. Cette attitude n'est étrange. Lors des différents bras de fer ayant opposé les employés et les décideurs de l'entreprise et qui ont été à l'origine des débrayages, c'étaient les autorités locales qui intervenaient pour trouver un terrain d'entente entre les deux parties. C'est dire que ce Conseil de la ville a démissionné sur toute la ligne. Circulation En raison des travaux du tramway, les principaux boulevards connaissent à longueur de la journée une forte densité de circulation. Et ce, à cause du manque d'un plan de circulation qui devrait être lancé en parallèle du lancement des travaux. Au centre ville, la fermeture du tronçon, en face de l'hôtel Lincoln, et les dizaines d'autobus, qui empruntent le boulevard Mohammed V, sont à l'origine de l'encombrement que connaît toute la zone. Les automobilistes se trouvent dans l'obligation de s'arrêter deux ou trois fois à hauteur du même feu de signalisation. Il est à signaler que depuis l'effondrement des planchers de certaines chambres de cet hôtel, la situation s'est dégradée sur les lieux. Karyan Kadi Bendriss Impossible de circuler en voiture ou même à pied dans les parages du bidonville El Kadi Bendriss (Boujrad) au quartier Moulay Abdellah dans la préfecture de l'arrondissement de Aîn Chock. La zone située entre les boulevards Sefrou, Al Khalil, Taza et Al Qods, notamment les rues N° 300, 207, 264, 269, 270, se transforme en un véritable boucan d'enfer surtout durant les après-midi. Les charrettes tirées par des bêtes ornent le paysage. La forte affluence est mise à profit par les pickpockets et les trafiquants de drogue. Gares informelles Sur la route de Médiouna, boulevard Mohammed VI, plusieurs autocars ont transformé les lieux en une gare informelle. Il y a les courtiers, les marchands ambulants, les chauffeurs et les voyageurs, sans parler des malfrats et des enfants de la rue. On dirait qu'on est dans une gare routière dans un petit village et non pas au centre de la plus grande ville du royaume. Cet état de choses ternit l'image de la ville, provoque de sérieux dérangements pour la circulation et occasionne des pertes importantes pour la société gérante de la gare routière Ouled Ziane. Enfants de la rue Le spectacle est désolant. On les rencontre et on les voit agglutinés aux vitres des voitures quand celles-ci s'arrêtent aux feux tricolores, tendant la main pour quelques pièces de monnaie. Ils : ce sont des enfants de la rue. Des enfants, fragiles, vulnérables et exposés à toutes les dérives. Des scènes spectaculaires se créent aux principaux ronds-points de la métropole. A Mers Sultan ou encore au niveau de l'intersection du boulevard Mohammed V et l'Avenue Hassan II, ils font partie du décor quotidien de la zone et personne ne fait plus attention à leurs cas. C'est une bombe sociale, au sens large du terme. Gestion déléguée Collecte des ordures ménagères Dysfonctionnements en cascade kissariat Al Hafari Les ordures sont en train de noircir la ville blanche. Voilà le constat que font plusieurs habitants de la capitale économique du pays pour le secteur de la collecte des ordures ménagères, le nettoiement des voiries et des espaces publics dans les différentes préfectures de Casablanca. Effectivement, le secteur est en dégradation continuelle. Alors qu'il est géré, depuis le mois de mars 2004, par trois sociétés privées dans le cadre de la gestion déléguée. Lors de la signature des conventions entre la Commune urbaine et les trois sociétés, les responsables du Conseil de la ville de Casablanca avaient annoncé que la gestion du secteur consiste en la mise en place et l'exécution d'un plan de propreté intégré. Ils avaient également indiqué que le matériel de collecte et de nettoiement utilisé par les arrondissements a été mis à la disposition de ces sociétés délégataires qui sont appelées à investir dans l'acquisition de nouveaux matériels. De même, le personnel des communes a été mis à la disposition des sociétés et devrait bénéficier d'un programme de formation qui lui permettrait d'offrir aux citoyens des services de qualité. Presque six années plus tard, force est de constater que les investissements nécessaires n'ont pas été effectués, le personnel n'a pas suivi de formation et le secteur plonge encore dans l'anarchie. Et d'ailleurs, tous les Casablancais et les visiteurs de la ville blanche l'auraient constaté ces derniers temps. Leur nez est mis à rude épreuve à chaque passage d'un engin de collecte des ordures ménagères. Des odeurs nauséabondes, fétides se propagent insidieusement le long du boulevard ou de la ruelle empruntée par ces camions-bennes, dans un état ferrailleux, qui lâchent des «jus» en passant. Des effluves qui, souvent, font froncer le nez aux piétons ou remonter en toute vitesse les vitres aux automobilistes au niveau des feux de signalisation. En somme, le spectacle est désolant. Un bien triste tableau, mais, surtout, une véritable calamité pour l'environnement. Au niveau du Conseil de la ville, il n'y a pas de suivi et de contrôle. La question a été vivement soulevée lors des dernières sessions des arrondissements. Alors que selon les conventions liant les deux parties, le contrôle de ces gestions déléguées devrait être effectué par le biais d'un service de contrôle et de régulation au sein de la Commune urbaine de Casablanca. Ce contrôle devrait être appuyé sur des antennes installées au niveau de chaque arrondissement. Il faut dire que la qualité du service promise, après la signature des conventions entre les trois sociétés privées gérant le secteur et le Conseil de la ville, n'est qu'un vain vocabulaire. Les éboueurs travaillent encore dans des conditions qui laissent à désirer sans aucun moyen de protection. Plusieurs engins sont complètement déglingués. La gestion déléguée de ce secteur est pour une durée de dix ans. A ce rythme, on imagine comment la situation deviendrait-elle. Rappelons que la quantité de déchets au niveau de la ville de Casablanca est estimée actuellement à un million de tonnes par an. Et la décharge de Médiouna accueille trois mille tonnes de détritus chaque jour. Mohamed Younes Place Bouchentouf