Le film « Pégase » du cinéaste marocain Mohamed Mouftakir sera en compétition au festival international du film francophone de Namur prévu, du 1 au 8 octobre 2010, dans la section «Premières œuvres». Pegase sera également en lice à la compétition officielle du 11e festival du Cinéma Méditerranéen de Bruxelles qui aura lieu du 5 au 13 novembre. Le film avait déjà conquis le public et les critiques marocains à plusieurs occasions. Là où il est projeté, Pegase ne passe pas inaperçu. Il a raflé la mise à la 11ème Festival National du film de Tanger. Mouftakir a récolté la mention spéciale du jury accordée aux enfants qui ont interprété les rôles de Rihana et de Zayed, le prix de la musique originale, de l'image, du son et de la critique. Le prix du 1er rôle féminin a été attribué ex aequo à Saadia Laadib et Majdouline Drissi pour le même long métrage. De même, le grand prix a été aussi attribué à son réalisateur. Le film a également remporté le grand prix et le prix du deuxième rôle féminin pour Majdouline Idrissi de la 13-éme édition du Festival du cinéma africain de Khouribga. La raison de ce succès ? Le long métrage, qui aborde l'histoire d'une enfance violée dans un entourage peuplé de stéréotypes, a su déployer avec beaucoup de justesse et subtilité la fascination de la mythologie grecque et l'héritage ancestral du sud du Maroc. Il augure aussi d'une nouvelle vision cinématographique d'une nouvelle génération de cinéastes, laquelle conçoit la fiction d'abord dans sa qualité esthétique. D'ailleurs, Mouftakir l'a toujours affirmé. Il veut juste faire du cinéma pour résumer son approche. Au niveau du récit, le long métrage représente une rupture avec la filmographie traditionnelle dans sa structure narrative. Le contenant devance dans la hiérarchie filmique le contenu. Dans le sens, le contenant oriente et donne au sujet la dimension qui lui est prescrite dans le scénario. Le sujet ne devient, de ce fait, que le prétexte d'un film et non son noyau. C'est comme une toile peinture, l'on ne cherche pas à déceler le fil conducteur, sinon la juxtaposition des couleurs et des traits. Et c'est là où réside la valeur artistique d'une œuvre indépendamment de son genre (Cinéma, peinture, littérature, etc.) La structure traditionnelle de la narration, composée de nœud, d'une histoire ordonnée et nécessairement d'une fin fermée, n'y est plus dans « Pegase » de Mouftakir. A regarder ce film, le cinéphile se trouve projeter dans une autre logique où le récipient se situe comme la valeur essentielle du film. Le cinéma n'est-elle pas, d'abord, un art ? Khalid Damoun président de l'association marocaine des critiques de cinéma, l'avait déjà souligné : « le cinéaste Mouftakir, dans son nouveau long métrage et dans ses courts métrages, a dressé une lignée d'idée, d'outils et d'objectifs qui sont bien clairs dans sa filmographique. D'ailleurs, Mouftakir le dit: il ne conçoit pas du tout le cinéma comme une narration habituelle avec des mécanismes, ses sujets et ses dénouements. Il structure son film à partir de séquences bien réfléchies et bien montrées qui dépassent la dernière séquence pour s'ouvrir sur la prochaine. » Cette nouvelle approche annonce une nouvelle ère du cinéma du Maroc qui la conduira peut être à la porte des festivals du cinéma de renommée comme Cannes, Mosta de Venise ou encore les Oscars. Pourquoi pas ? Le chemin de la gloire commence par un premier pas. Il suffit de rêver.