La représentation politique des femmes occupe de nouveau l'actualité. La ministre du Développement social, Nouzha Skalli, en a fait un thème pour la rentrée politique de cette année. Dans une rencontre préliminaire, à laquelle ont été conviés des représentants des partis politiques, du Ministère de l'intérieur, de la société civile, des élus, et journalistes, Nouzha Skalli a plaidé pour l'institutionnalisation du quota et l'application d'un système électoral paritaire. La représentation politique va faire l'objet de deux études qui seront lancées prochainement et aussi d'une nouvelle campagne nationale de sensibilisation. Le débat ainsi n'a fait que commencer, d'autres rounds sont attendus dans les prochains mois. Intervenant à deux reprises lors de cette rencontre, la ministre du développement social, de la famille et de la solidarité, a considéré que la démocratie marocaine a besoin d'un nouveau souffle pour élargir la participation électorale et améliorer l'image des instances élues. Et aussi pour lutter contre le nomadisme des élus et réhabiliter les critères de compétence et de l'engagement. Si de son point de vue, l'adoption d'une liste nationale des femmes lors des deux dernières législatives a constitué «un acquis» et «une avancée», Nouzha Skalli, a toutefois regretté que la représentation politique des femmes a accusé un «recul absolu et relatif» en 2007, ce qui s'est impacté négativement sur le classement international et régional du pays qui a reculé à la 96ème place à l'échelle du globe et à la 7ème place au niveau arabe. En outre, elle a souligné que parmi les objectifs de réforme du système électoral, il s'agit de permettre aux élections de favoriser l'émergence d'élites ayant une légitimité nationale et régionale à côté de la légitimité locale, et surtout permettre au pays d'améliorer sensiblement la représentation des femmes au parlement vers la parité, conformément à ses engagements nationaux et internationaux. La ministre qui a choisi de ne pas se prononcer ouvertement sur les différentes propositions relatives au choix du mode de scrutin, a plutôt plaidé pour que le mode de scrutin fasse l'objet de consensus, appelant à cette occasion, à réfléchir aux moyens de garantir la transparence dans les choix des candidatures féminines. D'après elle, des mécanismes doivent être mis en place pour permettre à la liste nationale des femmes de garder sa «vocation» et que le choix des candidats soit fondé sur une «démarche démocratique et non sur la base du clientélisme». A ce propos, la ministre a plaidé pour maintenir les mesures incitatives discriminatoires à la faveur des femmes, sans lesquelles on ne peut préserver et améliorer la représentation politique des femmes. «On ne peut compter sur la bonne volonté des partis politiques. Il y a nécessité d'institutionnaliser le quota et dépasser l'approche purement juridique » a insisté Nouzha Skalli exprimant sa sympathie et son soutien à la parité. «Quel que soit le seuil retenu pour les élections législatives, la liste nationale ne devra être soumise à aucun seuil, car elle doit encourager les femmes à participer à la vie politique dans le parti de leur choix», a-t-elle avancé. Si cette rencontre a constitué un début de réflexion et de débat entre toutes les parties concernées sur la question de représentation politique des femmes, la ministre a, de son côté, promis d'initier d'autres rencontres dans les prochains mois. A ce propos, deux études seront lancées dont l'une porte sur le bilan de la participation des femmes à l'action législative lors de la dernière législature (2002-2007), tandis que la deuxième concerne l'histoire des femmes qui ont été élues dans les conseils communaux. De même, une campagne de sensibilisation à la participation politique des femmes sera menée en partenariat les pouvoirs publics et la société civile.