Le Maroc célèbre aujourd'hui deux glorieux anniversaires, la Révolution du Roi et du peuple et la Fête de la jeunesse. Deux occasions pour le rappel de la signification des deux dates pour le peuple marocain. Le 20 août 1953 reste une date phare dans l'Histoire du Maroc. Elle témoigne du grand sacrifice consenti par feu SM Mohammed V, par amour à la Patrie, de choisir l'exil à la capitulation et à la soumission aux ordres du colonisateur. En symbiose totale avec les aspirations du peuple marocain et de ses forces vives de l'époque, le Père de la Nation a fait preuve d'une fidélité rarissime à son peuple et à sa patrie, soumettant la Famille royale aux affres de la déposition et de l'exil. Cette fidélité a constitué un véritable détonateur pour l'accentuation de la lutte armée, menée par le mouvement national, contre l'occupant colonial qui exigeait le retour du Souverain et de la Famille royale. Moins de trois années après le forfait colonial, la France devait se rendre à l'évidence de son échec et céder sur la souveraineté du Maroc. Le retour triomphal du grand roi patriote fut l'un des moments les plus épiques de l'Histoire du Maroc contemporain. La Monarchie, forte de ce grand soutien populaire, jettera les jalons du Maroc indépendant, en associant de près le mouvement nationaliste de l'époque. L'Etat souverain et ses institutions sont les premières priorités. Après le décès du Souverain libérateur du pays en 1960, feu SM Hassan II continuera l'œuvre d'édification du Maroc moderne, en associant parfois, malgré certains dérapages, des segments du mouvement national qui a contribué à la libération du pays. Aussi la principale leçon que le Maroc doit tirer de cette épopée est qu'un peuple uni ne sera jamais vaincu et que la symbiose entre le Trône et le peuple, par la voie de ses forces politiques, est le secret de la victoire sur les forces du mal. Aujourd'hui, alors que le pays célèbre la Fête de la jeunesse, c'est le même esprit qui anime les Marocains. Avec le nouveau règne, la visibilité est meilleure. De grands chantiers de développement sont régulièrement lancés. Le Maroc de la modernité avance à de grands pas et l'image négative longtemps véhiculée sur le Royaume commence à ternir pour laisser la place à des échos de plus en plus favorables. La nouvelle réalité du Maroc atteste des progrès réalisés depuis le début de ce millénaire. Rien que les domaines de la femme, de la santé et de la solidarité sociale ont connu de véritables développements qui tendent à réduire la pauvreté et à instaurer une solidarité nationale et une bonne gouvernance. Mais si les chantiers économiques et sociaux réussissent et font progresser le pays, il faudra souligner cependant le retard pris par la réforme de la justice et certaines hésitations en matière d'ancrage définitif des valeurs de démocratie, de liberté et d'égalité. Lors du discours de la Fête de la jeunesse de l'année dernière, SM le Roi a particulièrement insisté sur l'indispensable nécessité de faire changer l'image de la Justice marocaine. Le manque à gagner que le dysfonctionnement du système judiciaire n'est plus à relever. Le mal causé par cette institution est énorme au niveau de la société où sa perception est extrêmement négative. Inutile de rappeler aussi l'image qu'elle donne du pays. Mêmes les grands partenaires et amis du Maroc sont unanimes sur les méfaits de notre justice, sa lenteur et ses freins. Les Marocains dénoncent souvent la corruption qui la ronge, au point que d'aucuns ont perdu tout espoir de la sauver de la gangrène. L'autre chantier qui reste à gagner demeure celui de l'ancrage définitif du pays dans la voie de la démocratie et des droits de l'homme. Car, malgré les acquis énormes, les insuffisances et les dysfonctionnements auxquels nous assistons de temps à autre compromettent les aspects positifs et le prestige du Maroc souvent présenté comme un exemple du monde en voie de développement en matière de démocratie et de respect des droits de l'homme. Voilà deux défis que le Maroc d'aujourd'hui, grâce à l'esprit du 20 Août, doit relever et vaincre rapidement. Il est aujourd'hui suffisamment outillé pour gagner ce pari, comme ce fut le cas lors de la réconciliation nationale après les années de plomb.