Lotfi Bouchnak est né le 18 janvier 1952 à Tunis, d'une famille d'origine vraisemblablement bosniaque, est un chanteur, oudiste et compositeur tunisien élève de La Rachidia. Il est également ambassadeur de la paix auprès de l'ONU depuis le 12 juillet 2004 et ambassadeur honorifique du Festival de la chanson orientale à Sarajevo depuis mars 2004. Dans les quartiers de la médina de Tunis, notamment de celui d'Halfaouine qui a produit nombre d'artistes et où se mêlait charmeurs de serpents, conteurs, musiciens de rue, et cafés chantants, Lotfi Bouchnak grandit dans un environnement qui associe l'enracinement aux principes de la famille arabo-musulmane, le rythme effervescent de son quartier et l'amour pour la musique traditionnelle tunisienne et orientale. Cette association a forgé sa forte personnalité, un sens de la perfection, une grande sensibilité et déterminé ultérieurement son parcours artistique. Dès son jeune âge, il s'intéresse à la musique et reprend les chansons de la diva Oum Kalthoum et des maîtres de la chanson égyptienne. Il intègre ensuite la Jeunesse musicale tunisienne puis La Rachidia comme premier soliste. Il peut y pratiquer le chant, dont il améliore la technique avec le maître de la musique orientale et virtuose de l'oud, Ali Sriti. Cet apprentissage lui permet d'accéder très tôt à une maîtrise de la musique classique égyptienne et surtout d'élargir sa maîtrise des techniques vocales et instrumentales syro-andalouses et turques : muwashshahs, qasids, dawrs et maqâms irakien, chant mystique et même opéra. Ceci lui permet d'exceller dans l'interprétation du malouf et de développer un style d'interprétation particulier, avec une nette propension à l'improvisation (irtijel) - un genre de chant délaissé car difficile- sur des strophes classiques ou des poèmes en arabe dialectal ; ces derniers mettent en valeur ses qualités vocales. Chanteur hors pair, ses possibilités vocales et sa technique lui permettent de toucher à la perfection avec ses envolées, ses variations, ses ornementations et ses pics inégalables selon Slaheddine Grichi ; il fait preuve selon lui d'intelligence et d'une extrême rigueur, ne craignant pas de bousculer l'ordre établi, d'innover et de varier son produit autant sur le fond que sur la forme. Il a travaillé par ailleurs avec des artistes connus comme l'Egyptien Sayed Mekawi, l'Irakien Fathallah Ahmed et l'autre talent de la musique tunisienne, Anouar Brahem. En plus de ses talents d'interprète et d'oudiste, Lotfi Bouchnak commence vers le milieu des années 1980 une carrière de compositeur. Il écrit une chanson pour Cheb Khaled et des titres pour le groupe de rap marseillais IAM. Afin de veiller à la bonne exécution de ses arrangements musicaux, il a même mis en place son propre studio d'enregistrement : Midophone. Par sa richesse et sa variété, Bouchnak a créé un répertoire unique en son genre dans la musique arabe, ce qui lui permet d'affirmer « qu'il ne cherche plus à trouver une place dans le monde artistique mais à laisser une empreinte dans l'histoire ». En effet, dans une complicité avec ses deux compagnons de route de longue date, le parolier de la majorité de ses chansons (Adem Fethi) et son arrangeur et ingénieur de son (Mohsen Matri), Bouchnak a interprété et composé tous les genres musicaux — malouf tunisien, andalou, égyptien, khaliji dont Leïla composée par le cheïkh Mohammad ben Rached Al-Maktoum symphonique, etc. - et une grande variété de thèmes.