Nabil EL BOUSAADI S'il est normal qu'un évènement de l'importance de la chute de Bachar al-Assad ait été au centre des discussions dans toutes les chancelleries que compte la planète qui se sont toutes interrogées sur la destination prise par ce dernier pour éviter d'être arrêté par la coalition menée par les rebelles islamistes qui a mis fin à cinq décennies du règne du parti Baas et du clan al-Assad en Syrie, une source du Kremlin a fini par mettre fin à ce suspens en annonçant que le dirigeant syrien et sa famille se trouvent, désormais, à Moscou, sous la protection de la Russie qui « sur la base de considérations humanitaires, leur a accordé l'asile ». Mais si tout le monde croyait que Moscou et Téhéran allaient voler au secours de Bachar al-Assad, leur allié de toujours, ce ne fut pas le cas car la Russie et l'Iran n'ont rien entrepris pour contrecarrer la progression, vers la capitale syrienne, de la coalition menée par les islamistes de Hayat Tahrir Al-Cham (HTC) dirigée par Abou Mohammed Al-Joulani, l'ancien leader du groupe extrémiste Al-Nosra, que Washington avait classé comme « terroriste » mais qu'elle a fini par « embaucher » pour « raisons de service » quand le besoin s'est fait sentir. Ainsi, dès qu'il a foulé le sol de la capitale syrienne, le leader du groupe islamique armé HTC qui a mis un terme au règne de Bachar al-Assad, s'y est rapidement prosterné avant de prendre la direction de la grande mosquée des Omeyyades, haut-lieu de l'islam sunnite et joyau du patrimoine syrien, d'où, dans une ambiance de liesse, il a célébré « une victoire pour la nation islamique, pour les prisonniers, les torturés et tous ceux qui ont souffert de l'injustice ». La défaillance de Moscou semblant avoir pour raison d'être cette guerre d'Ukraine qui ne permet pas, cette fois-ci, à l'aviation russe, de renverser la situation, comme elle l'avait fait en 2015, mais aussi sa crainte de « perdre » ses principales bases stratégiques en Syrie, celle de l'Iran trouverait sa justification dans la situation économique et sociale très délicate dans laquelle se trouve le régime des mollahs, à la fois du fait de la forte contestation interne où les femmes sont en première ligne mais, également, car ses protégés, le Hamas Palestinien et le Hezbollah libanais, qui ont eu beaucoup de mal à tenir tête à l'armée israélienne, aussi bien à Gaza qu'au Liban, ont été partiellement défaits et qu'il leur faudra beaucoup de temps et de fonds pour pouvoir se refaire une santé. Mais, alors que l'Iran qui soutenait, de façon inconditionnelle, le pouvoir syrien, a qualifié l'offensive rebelle en Syrie de « terroriste » et estimé, qu'elle constitue « une menace pour tous les pays voisins et l'ensemble de la région », la Russie, pour laquelle la chute de Bachar al-Assad constitue, pourtant, un sérieux camouflet, n'a fait aucune déclaration de condamnation si bien que, du fait, de sa « neutralité », les nouveaux maîtres du pays lui ont promis de « garantir la sécurité » de ses principales bases militaires en Syrie ; notamment la base navale de Tartous sur la Méditerranée et la base aérienne de Hmeimim proche de Lattaquié. Sachant, enfin, que, dès l'annonce de la chute de Bachar al-Assad, l'armée israélienne s'est emparée d'une zone tampon du plateau du Golan, en violation des termes de l'accord de désengagement de 1974, tout indique que la Syrie ne va pas être mieux lotie que ne le furent l'Irak et la Libye après l'élimination de Saddam et Kadhafi car les sionistes qui rêvent du Grand Israël ne sont pas loin et qu'ils ont, désormais, les coudées franches pour commencer à concrétiser leur obsession en faisant du plateau du Golan, une nouvelle colonie de peuplement, mais attendons pour voir...