Lors de la séance plénière de la Chambre des représentants, tenue vendredi dernier et consacrée à l'examen et à l'adoption, en deuxième lecture, du Projet de Loi de Finances (PLF) 2025, le groupe parlementaire du Parti du Progrès et du Socialisme a décidé de voter contre ce texte. Cette position, loin d'être anodine, s'inscrit dans une critique fondée sur une analyse approfondie de l'approche adoptée par le gouvernement face aux défis majeurs qui se posent aujourd'hui au Maroc sur les plans économique, social et politique. Expliquant ce choix, Ahmed Abbadi, qui intervenait au nom du groupe parlementaire du PPS, a mis en lumière les réserves substantielles exprimées par les députés du parti à l'encontre du PLF 2025. Il a ainsi rappelé que ce rejet découle d'une évaluation minutieuse et d'une réflexion rigoureuse sur les insuffisances du projet, tant dans son ambition que dans ses objectifs. Dans son intervention, M. Abbadi a tenu, en premier lieu, à formuler deux observations principales. La première concerne l'insuffisance du temps réservé à la deuxième lecture du PLF, une étape pourtant cruciale. Il a souligné que cette phase, qui revêt une importance constitutionnelle et politique, exigeait un débat plus approfondi, au regard des enjeux complexes qu'elle soulève et des questions fondamentales qu'elle aurait dû permettre d'examiner avec davantage de sérénité et de profondeur. Pour ce qui est de la seconde remarque, le député a pointé du doigt une incohérence persistante dans la manière dont le gouvernement traite les amendements soumis au processus législatif. Il a ainsi relevé que, de manière récurrente, des propositions rejetées par l'exécutif au niveau de la Chambre des représentants se voient curieusement acceptées lors de leur examen par la Chambre des conseillers. Une telle approche, perçue comme arbitraire, suscite de légitimes interrogations quant à l'absence d'une logique de principe pour l'évaluation des amendements. Cette démarche semble plutôt répondre à un souci de « distribution politique », où les choix ne semblent pas obéir à une vision cohérente. Il a également souligné que le groupe parlementaire du PPS a contribué de manière positive au débat au sein de la commission en réagissant favorablement à certains amendements apportés au texte du PLF 2025, bien que leur portée demeure, selon lui, « très limitée ». Parmi ces initiatives, il a cité la mesure relative aux pensions de retraite de base. Une disposition qui, bien qu'elle soit appréciable, ne saurait occulter les défis structurels majeurs nécessitant une réforme globale du système de retraite, les souffrances des retraités et les difficultés d'accès aux services de santé de ces derniers, ainsi que les maigres montants de leurs pensions et la cherté de la vie qui pèse lourdement sur leur quotidien. Et de souligner l'urgence d'une réforme globale et ambitieuse du régime de retraite. « Le Parti du Progrès et du Socialisme a voté contre le PLF 2025, non pas parce que ce dernier est dénué d'éléments positifs. De tels éléments existent », a-t-il affirmé avant d'appeler à une réflexion profonde en tentant de répondre avec sincérité et franchise à cette question essentielle : « l'action du gouvernement et les mesures prévues dans ce projet de loi de finances sont-elles véritablement à la hauteur des immenses défis auxquels notre pays est aujourd'hui confronté ? » Cette interrogation, selon lui, appelle à une évaluation honnête et rigoureuse de la capacité de ce texte à répondre aux attentes pressantes des citoyens et aux enjeux critiques de l'heure. « Notre opposition au PLF 2025 repose sur une évaluation objective et approfondie de son contenu. Certes, le texte comporte quelques points positifs, mais ceux-ci demeurent marginaux et ne sont pas à la hauteur des orientations annoncées », a encore précisé le député du Parti du Progrès et du Socialisme avant de souligner avec fermeté que « ce projet n'apporte pas de réponses appropriées aux problèmes pressants de l'heure, ni aux attentes légitimes des citoyens, ni aux aspirations croissantes du tissu entrepreneurial marocain et ne semble pas être à la mesure des défis économiques actuels. » Le groupe parlementaire du Parti du Progrès et du Socialisme estime, comme l'a expliqué le député, que le PLF 2025 ne propose aucune réponse véritablement innovante face aux défis majeurs, tant sociaux qu'économiques, auxquels le pays est confronté. Il a particulièrement pointé l'absence de mesures audacieuses pour traiter des problématiques cruciales telles que la création d'emplois, la lutte contre l'inflation galopante, la hausse continue du coût de la vie, ainsi que du renforcement du tissu entrepreneurial national et de la souveraineté économique qui représente un enjeu pourtant stratégique pour l'avenir du pays. Par ailleurs, a-t-il poursuivi, le Projet de Loi de Finances 2025 fait cruellement défaut en matière de réformes structurelles indispensables. Il n'apporte aucune réponse concrète à des dossiers d'une importance capitale, telles que la refonte des régimes de retraite, la promotion de l'équité territoriale, l'instauration d'une véritable justice fiscale, la réforme du portefeuille public ou encore l'intégration du secteur informel dans l'économie formelle. Ces chantiers, pourtant essentiels, demeurent largement ignorés par le gouvernement. Il a par ailleurs expliqué que le vote du Parti du Progrès et du Socialisme contre le PLF 2025 s'explique par le fait que celui-ci repose sur des hypothèses qu'il juge irréalistes et excessivement optimistes, en décalage flagrant avec les réalités socio-économiques. M. Abbadi a ainsi regretté l'absence de mesures audacieuses et ambitieuses pour répondre à l'un des défis les plus pressants : la lutte contre un chômage qui a atteint des niveaux records, de l'avis même des institutions constitutionnelles nationales. Il a également mis en lumière une problématique structurelle préoccupante : le contraste frappant entre le volume des investissements publics et leur impact limité en termes de création d'emplois. Une inadéquation qui s'accompagne d'un manque de mesures destinées à promouvoir une égalité et une équité territoriales dans l'accès aux services publics de base, contribuant ainsi à creuser davantage les disparités existantes. L'intervenant a également souligné la quasi-absence, dans le Projet de Loi de Finances, d'un intérêt explicite pour les questions démocratiques et des droits de l'Homme. Des questions essentielles qui constituent des piliers fondamentaux pour instaurer et renforcer la confiance des citoyens et des investisseurs, préserver la paix sociale et garantir une gouvernance efficace et transparente. Pour rappel, la Chambre des représentants a adopté, à la majorité, le Projet de Loi de Finances 2025 en deuxième lecture lors de la séance plénière tenue dans la soirée de vendredi dernier. Sur les 235 députés présents, 178 ont voté en faveur du texte, tandis que 57 s'y sont opposés, sans qu'aucune abstention ne soit enregistrée.