Nabil El Bousaadi Considérant que les Etats-Unis sont partie prenante au conflit qui l'oppose à l'Ukraine, la Russie les avait fermement menacés de représailles après l'attaque menée, par les forces ukrainiennes, contre la Crimée, le 23 Juin, à l'aide de missiles «américains» de longue portée nécessitant, indéniablement aux yeux de Moscou, la présence de spécialistes et l'utilisation des technologies et des données des renseignements américains et ce, au moment-même où la Russie entamait des exercices militaires impliquant des armes nucléaires tactiques (bombes et missile de courte portée) dans la péninsule qu'elle occupe depuis 2014. Mais si, pour le Pentagone, l'Ukraine « prend ses propres décisions » alors qu'elle subit, quotidiennement, des frappes russes qui, en ravageant son infrastructure énergétique, l'ont forcée à procéder à des coupures de courant pour faire face aux pénuries d'électricité, le porte-parole du département d'Etat américain, Matthew Miller, regrettant «toute perte de vie civile dans cette guerre » mais reconnaissant, néanmoins, que son pays fournit «des armes à l'Ukraine pour qu'elle puisse défendre son territoire souverain contre des agressions armées, y compris en Crimée qui fait partie de l'Ukraine», Kiev considère, pour sa part, que l'attaque de cibles militaires russes en Crimée est légitime et ce, d'autant plus que, d'après Mikhaïlo Podolvak, un conseiller à la présidence ukrainienne, après avoir été annexée, en 2014, par la Russie, cette péninsule qui «appartenait» à l'Ukraine, serait devenue «un entrepôt militaire russe avec des centaines de cibles militaires directes» et servirait, désormais, de base arrière à l'armée russe. Il n'en fallait pas plus pour pousser la Russie à convoquer l'ambassadrice américaine à Moscou, Lynne Tracy, afin de lui signifier que «des mesures de rétorsion suivront (car) de telles actions de Washington (...) autorisant des frappes à l'intérieur du territoire russe, ne resteraient pas impunies». Mais si, à en croire l'armée russe, sur les cinq missiles ATACMS qui avaient été tirés par les forces ukrainiennes, quatre avaient été détruits, en vol, près de Sébastopol, ville portuaire abritant la flotte russe de la mer Noire, il y a lieu de signaler, également, que les débris des projectiles interceptés seraient tombés « sur des zones côtières » si bien qu'aux dires des autorités locales, au moins quatre personnes – dont deux enfants – auraient perdus la vie et plus de 150 auraient été blessées. Aussi, en considérant qu'après avoir « entrainé la mort de citoyens russes (...) la participation directe des Etats-Unis aux combats (...) doit avoir des conséquences », le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a appelé les journalistes européens et américains, dont les pays ont autorisé Kiev à utiliser des armements occidentaux pour lancer des frappes en territoire russe à interroger «leurs gouvernements » sur les raisons pour lesquelles, ils «tuent des enfants russes». La réponse se faisant toujours attendre, le président russe Vladimir Poutine, qui avait déjà menacé, début-Juin, de livrer des armes aux ennemis des Occidentaux pour les encourager à s'opposer aux intérêts de ces derniers, dans d'autres parties du monde, dès lors qu'ils agissent contre la Russie, a ordonné, ce jeudi, à ses troupes de frapper Groza, un petit village de l'est de l'Ukraine. Mais si, d'après Stéphane Dujjaric, le porte-parole du Secrétaire général de l'ONU, cette frappe qui a fait 51 victimes, dont un enfant, a été «fermement condamnée» par Antonio Guterres, car «les attaques contre les civils et les infrastructures civiles (qui) sont interdites par le droit international humanitaire... doivent cesser immédiatement», le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme Volker Türk a déclaré sur «X» (ex-Twitter) être «choqué et attristé». Rien n'interdisant pour l'heure, de croire que le conflit russo-ukrainien pourrait fort bien faire tache d'huile et s'inviter dans d'autres endroits de la planète, attendons pour voir...