Des milliers de sympathisants du Parti socialiste espagnol ont imploré samedi le Premier ministre Pedro Sánchez, qui dit réfléchir à une démission après l'ouverture d'une enquête contre son épouse, de ne pas quitter son poste. Au pouvoir depuis 2018, le chef du gouvernement, âgé de 52 ans, a pris l'Espagne de court mercredi en mettant sa démission dans la balance après l'annonce par un tribunal madrilène de l'ouverture de cette enquête pour trafic d'influence et corruption, à la suite de la plainte d'une association proche de l'extrême droite. Le parquet a demandé le classement de l'enquête mais le juge chargé du dossier n'a pas encore dévoilé ses intentions. En attendant, quelque 12.500 personnes, selon la préfecture de Madrid, se sont rassemblées à la mi-journée, pour exprimer leur soutien, devant le siège du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) où était réunie la direction de la formation. « Pedro, président », « Pedro, n'abandonne pas », « L'Espagne a besoin de toi », ont-ils notamment écrit sur des pancartes. Pedro Sánchez assure que l'enquête ouverte contre son épouse est la dernière illustration d'une campagne de déstabilisation orchestrée par « une coalition d'intérêts de droite et d'extrême droite » qui « n'acceptent pas le verdict des urnes ». Arrivé deuxième des législatives du 23 juillet derrière son rival conservateur Alberto Núñez Feijóo (Parti Populaire, PP), le socialiste est parvenu à être reconduit en novembre pour un nouveau mandat de quatre ans. Réunis à l'intérieur du siège du parti, les dirigeants de la formation sont venus saluer la foule et ont eux aussi appelé le Premier ministre à ne pas démissionner. Les ministres les plus proches de Pedro Sánchez assurent que ce dernier ne les a pas consultés avant de mettre sa démission dans la balance. « Président, reste. Pedro, reste, nous sommes avec toi, nous devons avancer, nous devons continuer à faire avancer ce pays, l'Espagne ne peut pas reculer », a déclaré la numéro deux du gouvernement, la ministre du Budget, María Jesús Montero. L'enquête contre l'épouse de Pedro Sánchez, Begoña Gómez, porte en particulier, selon le média en ligne El Confidencial, sur les liens qu'elle a noués avec le groupe Globalia, parrain de la fondation dans laquelle elle travaillait, au moment où Air Europa, compagnie aérienne appartenant à Globalia, négociait avec le gouvernement Sánchez l'obtention d'aides publiques. Personne en Espagne ne se hasarde à prédire la décision que pourrait prendre le Premier ministre. S'il décide de rester à son poste, il pourrait choisir de se soumettre à une question de confiance afin de montrer à l'opposition qu'il bénéficie du soutien d'une majorité des députés. S'il démissionne, des élections législatives anticipées pourraient être convoquées cet été, avec ou sans lui à la tête du PSOE.