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Espagne : l'anti-marocanisme de la droite
Publié dans Barlamane le 25 - 04 - 2024

Le président du gouvernement espagnol, Pedro Sánchez, pourrait démissionner après qu'un juge d'instruction a ouvert une enquête contre son épouse, Begoña Gómez, dénoncée pour des délits présumés de trafic d'influence et de corruption. C'est ce que Sánchez a indiqué dans une «lettre aux citoyens» qu'il a rendue publique le 24 avril, en précisant qu'il se donne quelques jours de réflexion et fera connaître sa décision le 29 avril. Si le départ de Pedro Sánchez se confirme, ce serait une perte pour le Maroc et pour les bonnes relations bilatérales.
Le Maroc a traditionnellement de meilleures relations avec le parti socialiste espagnol (PSOE) qu'avec la droite, en particulier le parti populaire (PP), alors qu'avec les partis français, les relations ont été excellentes avec la droite et exécrables avec la gauche, en particulier le parti socialiste.
Depuis le rétablissement de la démocratie en Espagne, l'entente et la coopération entre les deux pays voisins ont été une priorité pour les gouvernements socialistes de Felipe Gonzalez (1982-1996), José Luis Rodríguez Zapatero (2004-2011) et, depuis 2018, Pedro Sánchez.
En revanche, les relations ont connu des moments de tension lorsque la droite a gouverné, sous la conduite successive d'Adolfo Suárez (1977-1981), Leopoldo Calvo-Sotelo (1981-1982), José María Aznar (1996-2004) et Mariano Rajoy (2011-2018).
Parmi les dirigeants de la droite espagnole, Adolfo Suárez (UCD) et José María Aznar (PP) se sont particulièrement illustrés par leur hostilité au Maroc. Le premier a été le protagoniste d'un incident avec le défunt roi Hassan II. Le second, qu'un de ses anciens collaborateurs décrit comme le «petit bonhomme antipathique avec moustache» a été l'instigateur et «héros» pathétique de l'épisode de l'ile de Taoura (Perejil) en 2002.
L'actuel chef du parti, Alberto Núñez Feijóo, suivant les pas d'Aznar, a lancé depuis deux ans une offensive anti marocaine dont il a fait une arme contre le parti socialiste et plus précisément contre le chef du gouvernement Pedro Sánchez. Régulièrement, depuis la décision courageuse du gouvernement espagnol de considérer «l'initiative marocaine de l'autonomie, présentée en 2007, comme la base la plus sérieuse, crédible et réaliste pour le règlement de ce différend», il l'interroge sur sa politique avec le Maroc, jetant le doute sur l'efficacité de cette politique et mettant en cause les motivations du chef du gouvernement.
Núñez Feijóo plaide pour que l'Espagne «retrouve une politique étrangère d'Etat qui rende compatible une relation de voisinage profonde et solide avec le Maroc et l'Algérie», rappelant au passage que depuis la fin du franquisme, «les différents gouvernements ont su maintenir un équilibre raisonnable entre le Maroc et l'Algérie». Il a accusé Sánchez de contribuer «à financer indirectement» la guerre en Ukraine en faisant de l'Espagne « un des pays qui importe le plus de gaz de Russie », en raison de la crise déclenchée avec l'Algérie.
Le parti de droite prône «la sérénité et le respect, sans offenser personne, sans ouvrir de blessures inutiles ni détériorer nos relations internationales». Il entend «donner toute l'attention au Maroc» et fait de cet objectif une priorité, mais il ne veut pas «commettre les mêmes erreurs que le gouvernement Sánchez... avec le Sahara, avec le Maroc et avec l'Algérie». Le PP évite cependant prudemment de préciser quel sort il réserverait à la décision du gouvernement socialiste au sujet du Maroc et du Sahara marocain. Sur ce point, Feijóo a déclaré qu'il ne peut pas se prononcer tant qu'il n'a pas pris connaissance de ce qui a été convenu avec Rabat.
Jusqu'au choix par Pedro Sánchez du Maroc pour des vacances en famille n'a pas été du goût du PP. Un responsable du parti, Miguel Tellado, a qualifié le voyage du président de «provocation qui démontre l'arrogance du personnage». En écho, Vox a affirmé : «Il semble que Sánchez préfère le Maroc à l'Espagne».
Critiqué par les socialistes pour ses prises de position pro-algériennes, notamment par José Manuel Albares, ministre des Affaires étrangères, qui a accusé Feijóo d'être «anti-marocain» et d'opter pour une «action agressive inspirée par la politique étrangère d'Aznar», le PP semble vouloir désormais nuancer son discours acerbe au sujet du Maroc et ajuster son attitude vers une neutralité entre Rabat et Alger.
Le 10 avril dernier, à la demande du PP, Sánchez a comparu au Congrès où il devait s'expliquer sur le dernier sommet européen et sur sa visite officielle au Maroc en février 2024.Feijóo a accusé Sanchez d'«agir dans l'ombre» et de «ne rien expliquer» sur le Maroc. Il est allé plus loin en affirmant que le président est aux ordres du Maroc. S'adressant à Sánchez, il lui a dit, dans une allusion claire à l'affaire Pegasus, qu'il est «vraiment inquiétant de penser que vous auriez pu changer la politique avec le Maroc à cause de ce que vous avez sur vos téléphones portables.»
Revenant à la charge lors de son droit de réplique, le président du PP a mis le président au défi de répondre au sujet du limogeage de l'ancienne ministre des Affaires étrangères, María Aránzazu González Laya, Sebta et Melilla, la gestion de l'espace aérien du Sahara marocain ainsi que sur de supposées «activités d'espionnage» du Maroc en Espagne, sans oublier «la crise diplomatique avec l'Algérie.»
Face à l'avalanche, le président Sánchez, imperturbable comme à son habitude, a répondu calmement en se concentrant sur l'essentiel, la nécessité d'avoir de bonnes relations avec le Maroc et de renforcer la coopération «policière, financière et commerciale» avec le voisin du sud. Il a souligné que depuis six ans que les socialistes gouvernent, «les exportations espagnoles vers le Maroc n'ont cessé de croître jusqu'à atteindre douze milliards d'euros en 2023, soit 40% de plus qu'en 2018». L'Espagne, a indiqué Pedro Sánchez, est le premier fournisseur commercial du Maroc. Ce pays, a poursuivi le chef du gouvernement, «est, pour nos entreprises espagnoles, un excellent espace de croissance dans lequel se développent de grands projets dans les domaines des énergies renouvelables, de la gestion de l'eau, des infrastructures de transport.»
«La prospérité du Maroc bénéficiera évidemment à notre prospérité», a martelé Sánchez.
La coopération avec les autorités marocaines est excellente dans d'autres domaines, comme «la lutte contre le terrorisme, en matière d'immigration et dans la lutte contre les mafias qui se livrent au trafic d'êtres humains, une coopération qui s'étend également au niveau culturel comme l'illustre la croissance de l'Institut Cervantes ou la célébration commune que nous allons organiser en 2030 avec le Portugal et le Maroc à la coupe du monde de football.»
Le président du gouvernement a apostrophé le chef du PP: «Vous parlez des relations avec le Maroc non pas pour construire des ponts mais pour semer l'insidiosité et les tensions diplomatiques avec ce pays».
Quant aux autres partis de l'opposition, le chef du parti d'extrême-droite Vox, Santiago Abascal, s'est, encore une fois, illustré par un langage outrancier, lançant, lui aussi, des accusations perfides et excessives. La politique étrangère de l'Espagne serait, selon lui, «dictée» par le Maroc et M. Sánchez, en raison de sa «soumission au Maroc», «ne peut défendre aucune position internationale sans l'approbation du Maroc.»
Abascal a saisi l'occasion, au passage, pour donner un coup de griffe aux alliés et «complices» du PSOE au gouvernement, qu'il appelle «les séparatistes et les communistes», auxquels il a fait remarquer qu'ils «n'ont même pas osé discuter sérieusement du changement de position sur le Sahara».
Du côté de la gauche et de l'extrême-gauche, l'alliance de partis Sumar n'a pas mentionné le Maroc dans son intervention, tandis qu'Oskar Matute García de Jalón, membre de Euskal Herria Bildu, s'est borné à dire «nous aurions aimé aussi écouter quelque chose de plus sur le Maroc».
Au nom du parti national basque PNV, qui a conclu avec le PSOE un «accord d'investiture», Aitor Esteban Bravo a réitéré la demande de son groupe pour un « engagement de l'Etat espagnol » dans la question du Sahara, affirmant que «même si le Maroc est un pays stratégique pour l'Espagne», il y a aussi «des responsabilités morales qui sont très fortes».
Néstor Rego Candamil pour le Bloc nationaliste galicien, également signataire d'un «accord d'investiture», a demandé au gouvernement d'expliquer son «changement de position sur le Sahara» et d'indiquer dans quelle mesure ce changement répond à une action du Maroc. Il a «exigé» du gouvernement qu'il «assume sa responsabilité historique».
Enfin, Cristina Valido García, représentant la Coalition canarienne qui soutient le gouvernement, a souhaité que les députés canariens participent «à toutes les négociations avec le Maroc», tout en signalant non sans emphase l'organisation de «manœuvres militaires à 125 km» des Canaries par «un pays étranger» ou le projet d'une centrale nucléaire ainsi que les forages ou l'exploration de ressources naturelles par ce même «pays étranger» à 100 km des côtes canariennes.
«Regardez où nous sommes, s'est exclamé la députée canarienne, regardez ce qui se passe autour, regardez qui sont nos voisins».
En contraste avec ces propos, Pedro Sánchez a déclaré qu'entre le Maroc et l'Espagne existent «des liens humain et sociaux qui doivent être gérés avec une normalité absolue.»
«Nous allons continuer à générer plus de stabilité et plus de prospérité en Afrique du Nord, une région stratégique pour l'Espagne mais aussi pour l'Europe» a affirmé le président du gouvernement espagnol.


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