Le premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, a annoncé lundi 29 avril sa décision de rester au pouvoir. «J'ai décidé de continuer» à la tête du gouvernement, a déclaré le dirigeant socialiste de 52 ans, au pouvoir depuis 2018, qui s'est exprimé lors d'une «allocution institutionnelle» depuis le palais de la Moncloa, résidence officielle du chef du gouvernement à Madrid. M. Sanchez a sidéré l'Espagne en mettant sa démission dans la balance mercredi, après l'annonce par un tribunal madrilène de l'ouverture d'une enquête préliminaire contre son épouse, Begoña Gomez, pour trafic d'influence et corruption en entreprise, à la suite d'une plainte déposée par l'association d'extrême droite Manos Limpias («mains propres»). Fait absolument inédit, M. Sanchez avait suspendu toutes ses activités publiques, alors qu'il devait notamment lancer, jeudi soir, la campagne des régionales du 12 mai en Catalogne, un scrutin à la portée nationale où son Parti socialiste espère chasser les indépendantistes du pouvoir. «Je suis conscient qu'ils portent plainte contre Begoña non pas parce qu'elle a fait quelque chose d'illégal – ils savent qu'il n'y a pas d'affaire –, mais parce qu'elle est mon épouse, avait réagi M. Sanchez sur X mercredi. La droite et l'ultradroite ont dépassé les limites du respect à la vie de famille d'un président du gouvernement» en essayant de «déshumaniser et [de] délégitimer l'adversaire politique par le biais de plaintes aussi scandaleuses que fausses». Experte en levée de fonds, Mme Gomez a poursuivi son activité professionnelle après l'arrivée de son époux au pouvoir, en 2018. Dans la plainte de Manos Limpias, qui reprend les informations publiées par le site El Confidencial, il lui est notamment reproché d'avoir signé une lettre de recommandation à un chef d'entreprise qui sollicitait des subventions publiques, ou encore d'avoir rencontré, à l'été 2020, le président du groupe Globalia, Javier Hidalgo, pour discuter de possibles partenariats, alors qu'elle dirigeait une fondation, IE Africa Center. Or le chef d'entreprise négociait alors un plan de sauvetage avec le gouvernement pour sa compagnie aérienne, Air Europa, mise à mal par la pandémie ; ces tractations se sont soldées par un prêt de 475 millions d'euros. Le parquet a demandé le classement de cette enquête jeudi, tandis que Manos Limpias a reconnu que sa plainte s'appuyait uniquement sur des articles de presse, mais le juge chargé du dossier n'a pas encore dévoilé ses intentions. (Avec agences)