Deux expositions inédites, une ode à la beauté et à la résilience DNES à Marrakech Mohamed Nait Youssef Qui aime la vie, contemple la nature et ses éléments porteurs de sens et de beauté. En effet, les deux magnifiques expositions «Les Fleurs d'Yves Saint Laurent» et «Cactus» illuminent le Musée Yves Saint Laurent Marrakech (mYSLm) en présentant une collection d'œuvres inédites, colorées et originales. Ouvertes au public depuis samedi 2 mars, les deux expositions invitent à rêver, à apprécier la beauté et à interroger le monde par le prisme de l'art et de la mode. À découvrir. Le Cactus, une forme qui fait rêver... Présentée sous le co-commissariat de Marc Jeanson, botaniste au Musée national d'Histoire naturelle à Paris, et Laurent le Bon, Président du Centre Pompidou à Paris, cette exposition ouverte au public du 2 mars au 7 juillet 2024 dans la galerie temporaire du musée, invite les visiteurs à une découverte impressionnante et fascinante des cactus ayant enrichi les univers esthétiques, picturaux et artistiques de nombreux créateurs reconnus mondialement, entre autres, Bernard Boutet de Monvel (1881-1949), Gyula Halász, alias Brassaï (1899-1984), Charles Plumier (1646-1704). Leurs œuvres sont exposées aux visiteurs du mYSLm. À vrai dire, le Cactus dont le sens nous renvoie à la résilience, à la résistance invite à repenser le monde, à le réapproprier davantage. «C'est très symbolique du moment où le monde va mal. Le Cactus est une forme qui nous fait rêver. C'est peut être un symbole de ce qui doit être c'est-à-dire garder la beauté en même temps avec ses épines ou se protéger au moment où du réchauffement climatique. Ce que le public va voir dans l'exposition, c'est en fait une plante qui a suscité depuis très longtemps l'intérêt et la curiosité.», nous explique Laurent le Bon, Président du Centre Pompidou à Paris, lors d'une visite guidée consacrée à la presse. Du jardin au musée, une promenade éblouissante... En franchissant la porte de la galerie temporaire du musée, le public rentre dans un espace qui n'est pas un jardin, mais que les commissaires ont conçu et imaginé comme un jardin. «Vous pouvez vous y promener librement parce que ce n'est pas une exposition chronologique, didactique ou scientifique, mais il y a de la science, de la pédagogie et de la poésie. Pour ce faire, il nous fallait une impératrice de la scénographie.», a-t-il révélé, ajoutons que cette exposition a été pensée comme une exposition pluridisciplinaire avec différentes époques, périodes et différents médiums. L'exposition comme métaphore, le jardin comme symbole avec des moments verticaux. L'esprit de l'exposition, révèle Laurent le Bon, était de concentrer toutes les énergies pour faire rêver le public dans un cabinet de curiosité contemporain parce qu'il y a de la photographie, du cinéma. «Je crois qu'avec cette exposition, à travers un sujet ''le Cactus'' en questionne nombres essentiels des débats du moment, notamment le rapport entre l'art et la science, le rapport entre la nature et la culture.», a-t-il fait savoir. Par ailleurs, le parcours de l'exposition nous montre également comment le cactus vivant au jardin rentre dans l'univers du musée et comment il est transformé dans le regard de l'artiste, des artistes qui y sont exposés. Le public pourrait découvrir le catalogue de l'exposition. «Faire une exposition, c'est faire aussi un catalogue. Le lisible et le visible c'est le cœur de notre ouverture.», affirme le Président du Centre Pompidou à Paris. Une force du geste, une exposition universelle... Cactus est une exposition universelle. «On a la chance d'avoir les prêts du Musée national d'Histoire naturelle à Paris avec ses herbiers. Faire un lien avec le jardin Majorelle on est dans une sorte de poursuite de la visite du jardin. Il y a aussi une question de sens. Il y a une force du geste dans les herbiers exposés, et qui montrent toute la diversité formelle du Cactus dans l'esprit de chacun entre nous : ce qu'on voit dans les Westerns ou dans les bandes dessinées.», a expliqué Marc Jeanson, botaniste au Musée national d'Histoire naturelle à Paris. L'exposition donne à voir des spécimens séchés avec des étiquettes qui les accompagnent permettant aux visiteurs d'avoir le lieu et la date de leur collecte. En gros, un vocabulaire cactusien riche est présenté dans les vitrines de la galerie temporaire du musée. Le parcours commence ainsi par un squelette de cactus marocain incarnant cette malédiction qui a frappé le Maroc avec les cochenilles qui se sont développées d'une façon incontrôlée, et qui montrent la mort de la quantité du cactus. «Il y a une partie d'illustrations qui défilent sur l'écran issue des fonds des bibliothèques du Muséum national d'histoire naturelle et aussi un ouvrage remarquable créé par un grand artiste botaniste Pierre-Joseph Redouté qui a travaillé avec un botaniste suisse qui s'appelle Augustin-Pyrame de Candolle pour créer cette référence absolue autour des plantes grasses et des cactus. Ce livre vient de la bibliothèque de Yves Saint Laurent. La deuxième partie propose la façon dont les artistes ont aperçu les cactus.», a précisé le botaniste au Muséum national d'Histoire naturelle à Paris. «Les Fleurs d'Yves Saint Laurent», une ode à la beauté et à la poésie Les fleurs fanent, mais leur beauté demeure. En célébrant le 20 septembre 2024, le septième anniversaire du musée Yves Saint Laurent Marrakech et du musée Yves Saint Laurent de Paris, la magnifique exposition «Les Fleurs d'Yves Saint Laurent» qui s'est ouverte au public, samedi 2 mars, est un projet commun d'exposition et de publication réalisé sous le commissariat de Gaël Mamine et d'Olivier Saillard. Lumineuse, mais surtout poétique, l'exposition, imaginée comme des livres ouverts accompagnés de poèmes d'Omar Khayyam, Rainer Maria Rilke ou encore Paul Eluard, dévoile les liens qu'entretenaient Yves Saint Laurent et Pierre Bergé avec la nature, la littérature et la poésie. «Ce sont de grands livres ouverts», commente ainsi Olivier Saillard, lors de la visite guidée. Des robes colorées, des vestes, des croquis, des parures enrichissent l'exposition qui se poursuit jusqu'au le 5 janvier 2025. «Pour la première fois, les musées Yves Saint Laurent de Marrakech et de Paris ont uni leurs forces pour présenter une exposition inédite, qui s'inscrit dans la continuité de l'exploration et de l'étude du vaste corpus créé par le défunt couturier français: «Les Fleurs d'Yves Saint Laurent», peut-on lire dans la préface de Madison Cox, président de la Fondation Jardin Majorelle. Et d'ajouter : «il faut dire que la nature jouait un rôle important dans la vie quotidienne du couturier. Les fleurs et les feuillages étaient omniprésents dans chacun de ses foyers, ainsi que dans sa maison de couture. Yves Saint Laurent et Pierre Bergé en étaient aussi passionnés que de leurs collections d'objets, de meubles et d'œuvres d'art. Pourtant, la riche documentation sur leurs maisons, qu'il s'agisse de photographies ou de films, ne rend guère compte de l'atmosphère enivrante et de l'ambiance de jardin d'hiver qui régnait dans chacun de ces lieux légendaires.» Puissance des fleurs, magie des lumières et couleurs... Les œuvres du grand artiste et couturier mettent en valeur la beauté, la fragilité et la magie des fleurs. Tel un joli poème jovial ! «Yves Saint Laurent, sans doute le plus grand artiste parmi les couturiers, n'a jamais cessé de nous raconter la puissance des fleurs dans ses créations: leur beauté, leur présence dans l'histoire de l'art, leur symbolique», révèlent Elsa Janssen, directrice du Musée Yves Saint Laurent Paris et Alexis Sornin, directeur du Musée Yves Saint Laurent Marrakech. Au quotidien, ont-ils dit, Yves Saint Laurent et Pierre Bergé s'entourent de mille fleurs: de nombreux bouquets habitent leurs intérieurs parisiens, leur appartement de la rue de Babylone comme la maison de couture de l'avenue Marceau. Quant à Marrakech, les jardins de la villa Oasis abondent de bougainvilliers et d'autres précieux végétaux. «Leurs collections d'œuvres d'art et de meubles reflètent aussi cette passion pour la nature: qu'il s'agisse du mobilier XVIIe tapissé de fleurs, de L'Adoration des mages d'Edward Burne- Jones (1904), des Lilas d'Edouard Vuillard ou encore des Coucous, tapis bleu et rose d'Henri Matisse», ont fait savoir. Le génie artistique a inspiré des générations d'artistes et de couturiers qui ont trouvé dans son travail une originalité et une créativité inclassables. Dans ses collections, rappellent Elsa Janssen et Alexis Sornin, Yves Saint Laurent rend souvent hommage aux artistes modernes, pour qui peindre les fleurs était l'occasion de s'exercer à la maîtrise de la lumière et de la couleur, tout en pratiquant la matière: Van Gogh bien entendu, mais aussi Gauguin, Bonnard et Matisse. Par le biais de ses créations ; ses robes «rose», ses vestes « blé» ou ses mariées «coquelicot», Yves Saint Laurent a transcendé le monde de la mode et de la création.