Nabil EL BOUSAADI Les israéliens n'ont plus confiance en leur Premier ministre Benyamin Netanyahou et le sort des otages détenus par le Hamas y est pour beaucoup puisqu'il est au cœur des dissensions qui divisent le gouvernement. C'est ce qu'a laissé entendre l'Autorité israélienne de radiodiffusion (officielle) avant d'ajouter que les familles des otages se disent prêtes à « mener leurs propres actions » car « tout retard dans les négociations met la vie (des otages) en danger ». Aussi, en voyant que « des dizaines de familles de détenus se sont rendues dans la ville de Césarée (nord) pour y organiser un sit-in devant la maison de Netanyahu, où elles ont passé la nuit », Tamir Pardo, l'ancien chef du Mossad, s'était emporté face aux médias en déclarant que « si Netanyahou a décidé de laisser tomber les otages, qu'il le dise publiquement... (car) si nous terminons la guerre avec 136 cercueils, Israël perdra pour la première fois. Il faut veiller à corriger l'abandon et la trahison des citoyens par l'Etat ». En lui emboîtant le pas, l'ancien chef d'Etat-major, Gadi Eisenkot, qui fait partie du « Cabinet de guerre » mis en place après le 7 Octobre, a appelé, jeudi dernier, à la tenue d'élections législatives, dans les meilleurs délais possibles, « afin de renouveler la confiance du public, parce qu'à l'heure actuelle, il n'y a aucune confiance ». L'ancien général qui, depuis son entrée au sein du cabinet de guerre, le 11 octobre dernier, a déjà laissé entendre qu'il voit en Benyamin Netanyahou un danger pour la sécurité nationale, et qu'il entendait agir lui-même comme un garde-fou, déplore l'incapacité du gouvernement de ce dernier de définir collégialement les objectifs de la guerre à court terme et estime qu'une « pression militaire immense » devrait être exercée sur le Hamas pour l'amener à libérer les otages qu'il détient ; ce qui est quasiment impossible car vu que l'enclave de Gaza est partiellement dépeuplée, entièrement détruite et coupée du monde, les opérations militaires qui ont lieu, à Khan Younès, au sud de la bande de Gaza, ne permettent ni la libération des otages retenus par le Hamas ni la capture des responsables du mouvement palestinien, Or, même s'il refuse de déclarer ouvertement qu'il n'a plus confiance en Netanyahou, l'ancien chef d'Etat-major espère, toutefois, que le chef du gouvernement ne cherche pas, par son comportement, à prolonger indéfiniment le conflit dans le seul but de retarder sa « condamnation » par la justice de son pays et de prolonger sa survie politique. Il y a lieu de signaler, par ailleurs, qu'après avoir rapporté, dans son édition de lundi, les propos d'un responsable égyptien selon lequel les médiateurs égyptiens auraient ressenti une certaine flexibilité de la part des dirigeants du Hamas, le journal qatari « Al Araby Al-Jadeed » a tenu à préciser que cette flexibilité reste, néanmoins, tributaire « du principe d'un cessez-le-feu global et irrévocable ». Mais en écartant, d'un simple revers de manche, toute idée de cessez-le-feu, Benyamin Netanyahou a déclaré, ce lundi, lors d'une rencontre avec les familles des otages, encore entre les mains du Hamas, que « contrairement à ce qu'ils disent, il n'y a pas de véritable proposition » de la part du mouvement palestinien mais qu' « en revanche, il y a une initiative » que compte proposer le gouvernement israélien mais qu'il ne va pas divulguer pour le moment. De quoi s'agit-il quand on sait que le ministre israélien de l'Innovation, des Sciences et de la Technologie, Ofir Akunis, a déclaré que « toute proposition incluant un arrêt des hostilités n'aura pas lieu » ? Attendons pour voir...